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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 06:12

transformers-2007--2-.jpg

Transformers représente la quintessence du travail de Michael Bay en tant que cinéaste : de jolies filles jeunes et parfaites, de beaux gosses tombeurs malgré eux, des courses poursuites hallucinantes, une musique de fond riche en cuivre et parfois un peu lourde voire souvent patriotique, des sujets improbables, un manichéisme primaire, des scènes d’action parfois gratuites mais toujours hallucinantes, le tout sur fond de pouvoir US systématiquement dépassé par les évènements et sans cesse sauvé par une équipe de geeks improbable mais résolument confiante en elle, avec un QI surdéveloppé mais réagissant comme des ados (ce qu’il sont souvent de surcroît). Pour preuve, il suffit maintenant d’appliquer tout cela à des films comme ID4 , The Island, Armageddon ou bien encore au pif The Rock. Etonnant non ? Au-delà de ces considérations, on en peut que rester pantois devant l’alchimie en résultant.


Une fois encore, le cocktail fonctionne du feu de dieu pour cette adaptation que certains qualifiaient de casse gueule. Transformers est une claque monumentale où l’action non stop se conjugue à l’attachement du spectateur pour cet ado américain ordinaire, peu sûr de lui qui va se découvrir via le traditionnel (?) chemin initiatique qui l’attend au tournant sur fond de guerre inter espèce pour la domination du monde. De fait, avant de la transformer en héros sauveur de l’humanité, on n’échappera pas à l’humiliation en classe, la démonstration d’une situation précaire pour s’acheter une voiture et la manque de confiance en soi en ce qui concerne la gent féminine.

Le film de Bay est à ce propos remarquable car s’implantant résolument dans le monde transformers 2007d’aujourd’hui (pas trop le choix vu le sujet) avec une jeune acteur étonnant (pourtant échappé d’une série à deux balles pour ados) qui n’hésite pas à faire fuser les références clin d’œil à des films comme 40 ans toujours puceau, E.T. et consort. Les films de Bay eux-mêmes ont droit à leurs propres caméos tel Armageddon (je n’en dirais pas plus car ces quelques lignes de scénario non fondamentales en soi participent au confort de l’éventuel spectatuer qui vient générallement voir ce genre de film en étant adepte du genre pop corn movie à grande échelle et donc assistant à tout ça en tout connaissance de cause).
Seul point négatif dans cette ode au film bourrin mais bien foutu qu’est Transformers, les raccourcis monumentaux du scénario dès que se pose une situation à problème. Dans le feu de l’action, on nous accompagne gentiment mais sûrement. Sans trop en dévoiler, comment un mastodonte comme Mégatron a-t-il pu être transporter il y a plus de 80 ans du Pôle avec les moyens techniques de l’époque ? Comment ont-ils pu le sortir de sa gangue de glace en un morceau et le transporter malgré son poids ? Comme la Bumblebee a-t-il pu rejoindre le cube cosmique (clin d’œil aux marvelophiles) à travers le dédale du couloir du barrage ? Comment Mégatron a-t-il pu atterir là en restant congelé sans être réveillé ? Comment les lunettes sont elles restées dans la famille de Shia LaBeouf alors que leur propriétaire est mort sous le coup de sa rencontre avec Megatron et que le gouvernement de Hoover avait certainement ratissé tout la zone ? Où Megatron a-t-il pu scanner la reproduction d’un avion de chasse au début du 20ème siècle ? Et on pourrait continuer comme ça longtemps. C’est le genre de question existentielles qui s’imposent malgré elles comme pour Retour vers le Futur III. Bah oui ! Pourquoi McFly et Doc Brown se prennent le chou à essayer de trouver un substitut à leur réservoir d’essence percé alors qu’il serait si simple de récupérer celui de la Delorean enterrée dans la mine (celle qui a été zappée par la foudre et qui a permis à Doc de se retrouver en plein Far West) et de laisser un mot aux futurs McFly et Brown des années 1950… ? La masturbation temporelle est si sympathique ! Mais revenons à nos robots.

transformers 2007 (4)L’action est monumentale et d’une fluidité rare pour de la synthèse, l’intrigue se construit rapidement sous nos yeux et se termine dans une bataille rangée générale en plein cœur d’une mégalopole sans compter des punchlines à fortiori déjà cultes, qu’elles soient données par les Autobots / Decepticons ou par les acteurs eux-mêmes (« J’adore qu’on me tripote la mécanique / tu peux me donner un coup de jus / C’est toi, le pseudo Ebay tombeur217 ? »....)
Le pouvoir en place et ses secteurs secrets ne sont pas épargnés, sont montrés comme complètement dépassés (à l’image du président de la plus grande puissance du monde qui n’a qu’une réplique , avec plan sur ses chaussettes rouges et non sur son visage : « tu me fais péter un roulé au chocolat chérie ? »), voir tournés en riducule à l’image d’une scène savoureuse avec le chef de la section 7.
Cette position a toujours été l’une des composantes centrales des films de Bay. Pour mémoire, le staff présidentiel complètement dépassé d’Id4 et d’Armageddon ou bien encore la perte de contrôle du projet de clonage de The Island, parfaitement connu mais accepté des autorités.
Les pérégrinations du père de famille moyenne sont également à l’honneur pour cet OFNI que l’on peut comparer à une BD cinématographique et parfaitement décortiquées dans leurs travers par les Autobots eux-mêmes (« Ah, les parents ! / Je peux les détruire ? …. »)
Enfin, coup de génie de la prod, l’adaptation en mode filandreux et quasi organique des robots eux-mêmes , remarquables d’anthropomorphisme (voir les dents de fauve de Mégatron et la douceur bleutée dans les yeux des Autobots) et en plus, bourrés d’humour. Chaque Autobot possède son caractère en propre et semblent tous être des ados sous la coupe de Prime. Dixit Bumblebee vexé de n’être qu’une image d’épave roulante ou les tentatives désespérées de ce dernier pour se faire comprendre (merci, Michael pour ce double hommage aux trekkers !). De plus, une suite est déjà sur les rails, grâce à la fin ouverte de cet opus.
Pour finir, je ne décortiquerais pas les scènes d’actions et de poursuite car je désire en laisser la transformers 2007 (3)primeur à tous les nouveaux possesseurs de cette rondelle. Je ne peux que conseiller vivement ces 135 mn de film durant lesquelles on ne s’ennuie pas une seconde. Cela faisait longtemps que le pop corn movie n’avait pas proposé quelque chose d’aussi bon (et qu’on en me parle de Pirates des Caraïbes 3ème opus) et on peut se laisser surprendre à espérer d’aussi brillantes adaptations de série cultes des années 80’s comme Mask (imaginez les affrontements avec Venom en live !) ou Cobra (mais là, il faudra quelqu’un de particulièrement remarquable pour mener le projet à bien).

Autobots ! Transformation ! (parrallèle interessant avec des cris de ralliement classique d’équipes héroïques qui ont besoin de se donner courage avant l’affrontement. Vengeurs ! En Avant ! ou bien encore Pikachu ! Attaque éclair ! (mais je m’égare là…))

 

 

 

Transformers

 

2007 – Paramount Pictures

Réalisateur : Michael Bay

Acteurs : Shia LaBeouf, Megan Fox, Tyrese Gibson ....
Genre : Fantastique

Disponible en dvd  bluray et divers coffrets

 

 

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 16:00

aawil-5.jpg

Les films de loup-garous et ceux de monstres en général depuis les version Universal Classics jusqu’aux Underworld d’aujourd’hui m’ont toujours beaucoup attiré. Le côté fantastique et popcorn mélangé sûrement. Il faut reconnaître que le plus souvent le tout est bien fait et que l’on ne s’ennuie vraiment jamais. C’était le cas pour les classiques précités et leurs suites plus ou moins fantaisistes, ça l’était déjà moins malheureusement pour les films récents.

 

Les vampires, il y a toujours eu de quoi faire (Dracula et consort), les monstres en tout genre aussi, le cinéma bis en ayant offert son comptant mais le loup garou, c’est une autre histoire. Le mythe est revisité périodiquement, d’accord, mais avec des intervalles d’une quinzaine d’années minimum pour les plus marquants. Il faurda ensuite attendre au moins Wolf pour renouvelé une fois encore le genre.

 

Les années 80 ont été une période faste ! En quelques mois ont débarqué deux films qui sortent du lot et qui sont considérés comme les parangons du genre, même aujourd’hui. Joe Dante (Gremlins, Small Soldiers….) avait mis scène son Hurlements (The Howling)  avec entre autre au casting Patrick McNee et John Landis (Blues Brothers et un certain clip musical mémorable de Jackson…)  An american werewolf in London.

 

Le premier était assez novateur pour l’époque côté histoire et effets spéciaux. Je l’ai vu assez jeune et je n’en garde malheureusement pas un bon souvenir…. Tout comme pour le Loup garou de Londres. Je me souviens m’être terriblement ennuyé en fait, devant des vhs à l’image douteuse et au son presque strident tant elles étaient usées, de surcroît. Mais avec l’âge, on apprend à apprécier les bonnes choses ^^ , expérience encore éprouvée devant un visionnage récent de Bad Santa (je sais, genre complètement opposé mais qu’est qu’il était bon ce film mené par un Thornton des grands jours). Ayant profité il y a deux ans d’une promo sur amazon.fr (qui est de nouveau en cours d’ailleurs et qui vous permettra d’avoir les deux Blurays pour à peine 8 euros ^^), je me suis dit qu’il était peut être temps de lui donner une seconde chance. L’heure s’y prêtait, tout comme l’envie de ne pas me prendre la tête.

 

Bien m’en a pris !

 

Le film a été entièrement tourné en Angleterre et cela se ressent dès les scènes d’ouverture sur la lande. Landis avait pu bénéficier d’un régime fiscal particulier à l’époque en procédant de cette manière, mais il faut bien avouer que cela donne un plus indéniable au film, rappelant parfois les bonnes heures de la Hammer surtout au début avec la nuit, le brouillard et la lande mais aussi avec le pub à l’enseigne plus qu’évocatrice. On sent également le côté geek avant gardiste de l’auteur (qui est aussi Landis) via tout un tas de référence aux anciens films de loup garou. Son film est à la fois hommage et référence. Le côté positif des attaques de loup, c’est que l’on ne voit vraiment jamais couler des filets de sang ou autre. Le déchiquetage (à part pour l’ami du héros) est heureusement plutôt suggéré. L’ambiance participe au reste de l’action.

 

aawil 4Le reste de l’action se passe à Londres même, dont la fameuse scène sur Piccadilly Circus. David Naughton détonne d’ailleurs franchement dans cette populace anglaise de par son accent et son comportement. Le casting est réellement excellent s’y l’on ajoute Dunne, Woodvine ou Agutter. C’est d’ailleurs leur impression d’immersion qui donne de la crédibilité à l’ensemble. Le final est saisissant et vous ceuille d’un seul coup, le film basculant du thriller horrifique parfaitement maîtrisé au drame le plus total, émouvant avec le « I love you » de l’héroïne à son petit ami avant qu’il ne soit …

 

Le choix de certaines musiques pourrait paraître complètement fou à l’image du Blue Moon de  Sam Cooke (usité avec deux autres versions d’ailleurs dans le métrage) …. Et pourtant, lors de la fameuse et fabuleuse scène de métamorphose, elle joue le parfait contrepied au point de renforcer encore le côté dramatique de l’action. Car , en plus d’être un excellent film horrifique, ce Loup garou de Londres peut s’enorgueillir de deux autres points, et pas des moindres. Le premier, c’est l’extraordinaire maîtrise des effets spéciaux dits traditionnels opérés par Rick baker (présent tout au long des bonus dvd des Editions Classiques des Monstres Universal pour ceux qui voudraient le resituer, entre autre) et qui permettent de vraiment s’immerger dans le film. Un film de monstres sans bons sfx, et il est certain que vous pourrez zapper (sauf si c’est assumé comme dans Alien Apocalypse, mais là c’est l’exception).

 

On notera que Backer avait donné son accord pour être le maître es effets spéciaux sur Hurlements mais qu’il a finalement envoyé un de ses protégés pour répondre au souhait de Landis avec qui il avait longuement discuté de plusieurs bonnes idées, notamment sur l’expression de la souffrance lors de la transformation.

 

Sans pc, sans fond bleu, il va redoubler d’ingéniosité pour nous faire croire à son monstre. Landis a en plus eu la bonne idée de ne pas vouloir d’un lycanthrope à l’aspect humain, mais plus à l’aspect de bête. Excellente notion de l’angoisse humaine s’il en est et renforçant les moments de terreurs vécus par son cast, notamment par l’acteur tué dans le métro. Mais ce parti pris va entraîner beaucoup de complications techniques. Plus la peine d’espérer qu’un acteur enfile une simple tenue pleine de poils et court dans tous les sens en essayant de boulotter du british !  Et comme si cela n’était pas suffisant, Landis veut tourner la métamorphose en pleine lumière ! Plus question de se protéger des mauvais raccords en abusant d’ombres et de clairs obscurs. Ce qui fait que logiquement, Hurlements a très mal vieilli alors que le film de Landis reste particulièrement frais et supporte sans mal une énième (ou première^^) vision pour un spectateur pourtant abreuvé d’effets à la Avatar pour citer l’actuel maître étalon du genre. 

 

Cette scène  phénoménale utilise des procédés expérimentaux couplés à ceux du théâtre de boulevard (scène aawil 1surélevée entre autre) et sans pour autant entrer dans les détails (le très bon making of du Blu ray satisfera votre curiosité à ce sujet) , permet de jouer avec Naughton dans un espace réduit (le salon d’un appartement, exigu en plus, mais à raison pour cacher certains membres de l’équipe de tournage), en angles multiples s’il vous plaît et en  ayant un acteur totalement nu. Lorsqu’il tournait quelques temps plus tôt ses pubs pour le Dr Pepper, je doute sincèrement que ce dernier s’attendait à tourner cela.

Tout y passe alors : la souffrance morale du débit cède la place à une panique presque primaire, bestiale au fur et à mesure que le changement s’opère, Backer ayant même penser de manière asymétrique, simulant ainsi une bataille pour un corps unique qui sera obligatoirement gagnée par le loup et non plus l’homme.  

Le son n’est pas oublié, les os craquent, le visage se tord, les poils poussent. Tout est parfaitement et visuellement détaillé et comble de joie, passe sans peine le cap de la HD !

 

Un plan de quelques secondes qui frise encore de nos jours le génie, qui aura demandé un travail de préparation titanesque ne serait ce que pour le nombre de têtes intermédiaires qui ont été sculptées pour que cela se passe de manière aussi fluide (et enterrant allègrement le travail quasi amateur à mon sens du monster squad nazi officiant dans les cauchemars du héros) et aura permis à Backer de remporter le premier oscar de l’histoire catégorie meilleurs maquillages !

 

Et encore, si vous pensez avoir tout vu, que dire du travail d’orfèvre exécuté sur Griffin ? Ok, le plan nocturne les tripes à l’air est assez classique mais son retour en tant que zombie qui se décompose un peu plus à chacune de ses apparitions est bluffant de crédibilité (non, je n’ai pas été dans une morgue pour comparer). La première scène, à l’hôpital londonien est splendide, chaque détail a été pensé (et révélé en HD) et le hasard a pour une fois accentué les effets, à l’instar de ce petit bout de chair flasque qui pendouille en cadence avec le texte de l’acteur. Malheureusement, au montage initial, Backer avait poussé le vice plus loin, car on pouvait voir Griffin avaler son petit bout de toast et constater son passage dans la gorge et la trachée !

 

Les censeurs sont passés, le plan a sauté (mais ils n’ont rien dit quant à l’utilisation dans la moitié du film d’un acteur masculin se promenant à poil de face comme de profil…. Allez comprendre, surtout pour l’époque !)

Griffin permet d’ailleurs d’attaquer l’autre point fort du film qui était déjà réussi en tous points mais qui va en faire un classique : l’humour ! Le scénario de Landis est une pure merveille d’humour noir et assumé. On s’amuse autant que l’on profite du spectacle tant les saillies sont nombreuses et parfaitement équilibrées avec les points horrifiques. On citera le passage du vol de ballon dans le zoo, l’attente du bus et aussi le début dans la lande, mais il y en tant d’autres !

 

aawil 3Marrant de noter d’ailleurs le sacré parallélisme entre la traversée de Londres drolatique de Naughton nu, qui bascule dans le désespoir après avoir pris le taxi quand il comprend que tout est vrai et qu’il cherche à se faire arrêter et enfin le carnage sous forme de loup à  travers Piccadilly de nuit. Car c’est là que réside l’ultime tour de force de Landis. Non content d’avoir pondu à 19 ans à peine une histoire en béton armé, il a réussi à donner vie à des personnages principaux (les deux amis, le docteur et l’infirmière) extrêmement travaillés et auxquels on s’attache quasi immédiatement, chose qui semble couler de source mais que tant de tâcherons et de yes man d’aujourd’hui ont oublié , même lorsqu’ils reprennent des franchises à succès (Rattner avec Xmen de Singer et Singer avec Superman de Donner ! la boucle est bouclée).

 

Que dire de plus, si ce n’est : jetez vous dessus , à 4€ actuellement, ce serait criminel de passer à côté, sans compter un Bluray réussi malgré un grain parfois important et décrié (mais que je trouve parfaitement adapté pour ma part) et des bonus nombreux et une fois n’est pas coutume, très intéressant.      

 

Stay on te road ….

 

 

 


Le loup garou de Londres (An American werewolf in London)  

 

1981 – Polygram Pictures / Universal Pictures)  

Réalisateur : John landis

Acteurs : David Naughton, Griffin Dunne….
Genre : Fantastique / Horreur / Comédie (si,si !)

Disponible en dvd simple en Bluray

 

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Et puis tiens, quitte à se refaire des classiques, dans quelques temps, un petit Ciné Micro sera consacré au Werewolf originel ^^... Pour ne rien louper, pensez à vous inscrire à la Newsletter !

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 11:15

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Cette série est un coup de foudre. J’ai profité d’une offre spéciale de la Warner sur ses séries phares pour acquérir le premier coffret. J’ai acheté les 4 autres en moins de 3 semaines et ai compulsé le tout en moins d’un mois et demi. C’est dire la qualité et le côté prenant du programme (bien que je ne me pose pas en indicateur de bon show)(et puis si après tout). Bien sûr, une intrigue reposant sur un scénario d’anticipation est chose courante. Citons évidemment le dinosaure qu’est Star trek et ses nombreux dérivés en la matière, dont le segment Deep Space Nine était diffusé en même temps que Babylon 5. Mais Babylon 5 revêt un caractère unique, son histoire a été écrite pour durer cinq ans et été déjà rédigée avant le premier coup de manivelle. Intégralement, dans ses moindres détails, ce qui donne une cohésion unique à l’ensemble que ne possède malheureusement pas son aînée. La nouvelle génération , Voyager, Classic et Deep Space Nine  possède leurs lots d’épisodes fascinants et bien foutus mais qui ne se suivent malheureusement pas dans leur continuité. Bien sûr, Roddenberry a conçu un univers cohérent que ses successeurs ont eu a cœur d’étoffer et de faire grandir, un peu comme le monde des comics Marvel où il n’est pas impossible que Wolwerine croise Daredevil (Strange n°188).

b6 6Mais il n’y a pas véritablement d’enjeu dramatique. En gros Kirk et Picard visite la galaxie en rencontrant des gentils et des méchants, les guerres trouvant une échappatoire dans des zones neutres et des différends diplomatiques. On peut penser à la guerre civile klingonne qui s’étale sur plusieurs saisons (où Denise Crosby réinvente la manière de jouer plusieurs rôles avec le même visage. On la retrouvera plus tard dans la série Lois et Clark en tant qu’infirmière de Luthor ou dans une adaptation de Stephen King, Simetierre il me semble) ou le combat fratricide en Data et Lore. Néanmoins, toutes ces intrigues ne touchent que deux ou trois épisodes et pas toujours à la suite. Rares sont aussi les évènements apportant des éléments tellement solides qu’il faille plusieurs scénarii consécutifs pour les traiter (à part les cliffhanger de fin de saison et un double épisode peu mémorable avec Spock ou encore un autre vraiment prenant cette fois ci avec David Warner en cardassien torturant Picard). Les tatillons objecteront que certains enjeux nécessitent sept saisons pour être résolus, vis-à-vis du procès de l’humanité mis en place par Q qui débute et termine à la fois cette saga télévisuelle. Star trek (que j’adore) permet de s’attacher aux personnages dans un sens positif (Data et sa quête d’humanité, la relation Picard-Crusher ou Riker-Troy, le besoin de Worf de s’intégrer dans un monde qui lui est propre, tâche difficile pour le transfuge involontaire qu’il représente, on citera aussi les fantasques guest stars que sont Lwaxanna (interprétée par Mme Roddenberry), Q (qui habitué à être Dieu se retrouve en fondateur dans Charmed sous le nom d’Odin, quitte à cumuler, autant le faire bien !) et les deux empereurs Klingons) ou négatif (rejoignez le comité anti Wesley Crusher , l’adresse est la même que celle des anti Jar Jar) et présente des scènes spatiales soignées à grand renfort de maquettes auxquelles on s’habitue.

Babylon 5 reprend tout ça , et en beaucoup mieux. Les SFX peuvent paraître désuets de nos jours face à des Star Warsb3 sans âmes (et qu’on en me parle pas du troisième opus ! Anakin est joué par un débile, Dark Vador est un playmobil non articulé, le grand Moff est un affreux copié collé faisant passer Cushing pour un mort vivant à peine sorti de son bidon de formol, les enjeux sont ridicules et l’hécatombe des Jedis est très ou trop convenue. Idem pour l’affreuse transformation en Morgan le Brulé de l’empereur, la mort insultante de Christopher Lee qui réussi l’exploit d’être encore plus bête que sur son scooter des sables dans le second opus, l’accouchement de Padmé est con à en pleurer, dénué de toute magie, de toute poésie et Vador se mettant en colère et bousillant les installations médicales me fait encore taper sur la cuisse tellement c’est mal fait. On passera sur la présence absurde malgré une idée de départ originale, d’un général droïd maniant les sabres lasers comme des pâles d’hélicoptère… j’arrête là car je dois m’en tenir à Babylon 5 mais tout le monde comprendra que je déteste cette nouvelle trilogie et je me fiche complètement que cela déplaise!) mais on s’y fait remarquablement vite, vu la densité de l’histoire et des combats.

L’aspect le plus fort de ce chef d’œuvre tient aussi dans ses personnages. Chacun passant au départ pour ce qu’il n’est pas et se transformant tout au long des 30 rondelles atteignant des sommets dramatiques et inattendus. Le coffret 1 pose les bases sous le titre de Symboles et présages (le titre lui-même de chaque coffret , présenté comme une intro pour la saison 1, le développement pour les saisons 2,3 et 4 et enfin la conclusion pour l’ultime coffret n°5 démontre si besoin est l’intégrité et la construction ordonnée d’une saga dont il ne faut manquer aucun épisodes) et accroche le spectateur lambda en moins d’une dizaines d’épisodes.

C’est alors parti pour assimiler un monde nouveau constitué de minbarris, de narns, de centauri, d’humains, de pacmaras et de tant d’autres !
Les héros comme Sinclair sont soumis à rude épreuve pour assumer leur destin (retournement de situation incroyable pour lui qui ne nous sera dévoilé que deux saisons plus tard, c’est dire la consistance de la chose !), les adjuvants comme Garibaldi, Delenn, Lennier, Cotto, Franklin, Na’Toth prenent prennent peu à peu toute leur ampleur pour les saisons à venir.
b5 5La haine viscérale entre Londo et G’kar va représenter à elle seule l’un des fils directeurs majeurs en parallèle avec la présence d’un ennemi séculaire Les ombres. Enfin citons Bester qui apporte avec lui un autre morceau du puzzle avec le mystérieux corps Psy, véritable caste humaine honnie par les humains par peur de la différence et de la violation de leur vie via télépathie (on est loin de la tolérance de xavier dans les X Men)

Ces 22 épisodes parfois un peu lent, force est de l’admettre, sont indispensables pour comprendre la suite des évènements, surtout que certains points à peine abordés trouveront leur finalité dans la saison 5 et pas avant.

On notera au passage la présence d’une bonne partie du cast de Star Trek toutes séries confondues dans cette série : Koening en tête, acteur particulièrement doué pour doner le change dans le sadisme et la vilenie démontrant que Chekov n’est pas tout dans sa vie, mais aussi Majel Barret-Roddenberry qui interprète une pierre de plus dans le parcours chaotique de Lando, Dwight Shultz , mémorable Brocoli de La Nouvelle Génération ou encore le doubleur français de Riker qui se retrouve à prendre la parole d’un des persos majeurs de la saison 3et 4, Marcus . On peut aussi signaler dans un épisode le valet de la Famille Addams qui dans STTNG et DS9 jouait les larbins (décidemment) de Lwaxanna Troi.
De toutes façons, tous les interprètes sont justes et donnent corps au récit, qu’ils soient inconnus ou presque (la majeure partie du cast) ou qu’ils soient Guest Stars comme Michael York en Arthur, David Warner en quête du Graal (et qui jouera aussi un gradé terrien dans Star Trek 5), Robert Englund et bien d’autres !

b5 2Les 3 saisons suivantes (La venue des Ombres, Point de Non retour et Ni reddition, ni retraite) sont un modèle de ce que devrait être une série TV de son début à sa fin (une bonne partie de la saison 4 a du être remaniée pour intégrer en catastrophe les éléments clefs de la saison 5 pour cause de faillite de diffuseur), loin d’être le massacre malheureux d’X-files ou même de Buffy (qui ne valait le coup d’œil que pour ses trois premières saisons, l’initiative et Adam étant assez pénibles tout comme le coup de la sœur clonée et du ton parodique des 44 derniers épisodes) et restent captivantes nous montrant en vrac les véritables raisons de l’ingérence des Ombres et du mystère des Vorlons (les plus sadiques ne sont pas ceux que l’on croit) , la naissance et la fin d’une guerre entre Narns et Centauris (Peter Jurasik et Andreas Katsulas aurait du recevoir chacun suffisamment d’emmy awards pour construire une maison avec, tant leur jeu est dense et représentatif des races dont ils sont issus ! G’Kar qui a dix fois plus de maquillage sur la gueule et le corps que Darth Maul est mille fois plus expressif que n’importe quel bellâtre US d’aujourd’hui !) et le déroulement d’une guerre civile pour la Terre. Le tout remarquablement agencée et s’enchaînant sans fausse note, avec une fluidité vertigineuse quand on y repense.
Le corps psy prend de plus en plus d’importance mettant déjà en place la saison 5 et les personnages se révèlent tels qu’ils doivent être, (ah, Valen !)
A saison 5, la spirale infernale, se voit dotée d’un nouveau capitaine, jouée par une Cat échappée de Lois et Clark saison 1 (cette série est géniale, je vous le dis, elle est citée de la bouche même de Valen en plus !) et démontrant qu’elle peut faire autre chose que les belles plantes. Tristesse devant ces 6 dernières galettes puisqu’on sait que chaque épisode nous rapproche inéluctablement de la fin d’un conte grandiose sur la foi, l’héroïsme l’ambition et les rêves.

Oubliez les quiproquos familiaux de Star wars, laissez tomber les sempiternelles dissensions romulano-klingons de Star trek et le côté dépassé de Cosmos 1999 et jetez vous sans attendre sur la plus grande saga tv de science fiction de tous les temps (oui, m’dame, rien que ça !). En plus, le plaisir se retrouve prolongé par des tvfilms estampilés Babylon 5 qui seront eux aussi les derniers puisque Richard Biggs est mort en 2004 et Andreas Katsulas en 2006.

 

b5 1

 

 

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 11:45

 

tl 1

 

J’avais gardé un souvenir assez fort de Tron des années 8O. Une image peu banale, des sfx avant gardistes et une histoire à la fois simple et complexe mais suffisamment bien menée pour être intéressante. Le charisme et la fraîcheur des deux acteurs principaux y était sûrement pour beaucoup, Bruce Boxleitner (bien connu des fans de Babylon 5 entre autre) et Jeff Briges qu’on ne présente plus (allez, pour ces dernières années, en vrac, True Grit, Crazy Heart, Iron Man ….) étant assez convaincant, ce qui n’était pas une mince affaire vu les costumes et l’environnement dans lequel ils jouaient. David Warner en bad guy était comme à son habitude impeccable.

 

Le souci, c’est que l’histoire, justement, si elle était assez riche de potentiel, pouvait se suffire à elle-même. Quel besoin de porter une suite à l’écran ?  Fallait il reprendre les mêmes acteurs et surtout que raconter, car si la tentation d’en mettre plein les mirettes avec les moyens actuels était forte, il fallait quand même intéresser deux familles de spectateurs : celle des fans de la première version évidemment, mais aussi toute une nouvelle tripotée de jeunes geeks élevés depuis à la sauce Matrix et Star Wars prélogie !

 

J’avais sincèrement eu peur qu’ils optent un moment pour un simple remake, ce qui aurait été désastreux, car le charme de la première version réside en partie dans l’utilisation surannée de moyens du bord des eighties.

 

Finalement, le ressort classique du fils abandonné par son père et malgré ce dernier qui part à sa recherche sans trop d’espoir de le retrouver a été choisi.

 

Pourquoi pas. Au final, cela donne un film au fil rouge simple et comportant un impressionnant lot de scènes d’action toutes à la fois inédites et hommage au premier Tron !

Je ne révèlerais pas les deux ou trois twists archi prévisibles du film (suffit de lire le casting pour comprendre de quoi je parle ^^) mais on peut considérer le contrat du pop corn movie technologique parfaitement rempli. C’est un  plaisir de retrouver Tron, même pour quelques minutes, de savourer la perfidie manichéenne de Clu et l’acteur jouant Flynn Junior, même s’il n’est pas prêt de remporter l’oscar de la meilleure interprétation ne s’en sort pas trop mal, compte tenu du fait qu’il doit jouer un fils crédible pour Bridges.

 

Si on s’arrête là, on a déjà un bon produit, un peu formaté, certes mais efficace.

 

tl 2C’est la deuxième lecture possible qui est passionnante à mon sens. Il y a en effet toute une portée religieuse qui densifie de manière exponentielle le double rôle de Clu/Flynn pour Bridges.

Le film apparaît sous un jour soudainement plus emprunt de christianité. Je m’explique. Les concepteurs sont considérés comme des dieux pour les programmes. A ce jour, cette notion dans le monde de Tron est connue au pluriel mais seul un concepteur semble s’être aventuré sur ces contrées : Flynn. On passe directement à une version monothéiste du concept de concepteur.

Plus intéressant encore, Flynn dans le personnage de Tron se crée un disciple protecteur, le gardien du temple , qui se battra encore et toujours pour les concepteurs, au péril d’une élimination pure et simple. Poussons encore le bouchon, L’accès entre les deux mondes est possible grâce à un tunnel de lumière. Si nous partons du principe que la Terre, la nôtre est le paradis, le monde des programmes est au pire l’enfer, au mieuxc un monde intermédiaire et quand cet accès à été coupé alors que Flynn était encore sur les terres de Tron, on peut facilement effectuer une analogie avec la chute de Lucifer, chassé du paradis par Dieu lui-même. On se retrouve donc avec Dieu, descendu parmi ses créations. Dont une en particulier, Clu , qu’il a faite à son image et qui s’est rebeller, pour incarner ses côtes les plus obscurs, les plus jusqu’au boutistes dans une quête insensée de perfection le poussant à sacrifier le jardin d’Eden au nom du contrôle absolu.

 

La scène est posée, avec d’un côté Lucifer/Clu qui va régenter la terre des progra       mmes (le côté obscur, habillé en noir orangé) et de l’autre Flynn/le concepteur qui va s’isoler jusqu’à devenir une véritable légende (côté clair, habit blancs et lumière).

L’opposition s’accentue même dans leur apparence, l’un étant jeune, et l’autre vieillissant. Leurs facultés elles-mêmes peuvent trouver un expédiant facile, l’un étant capable de détourner la création première de l’autre pour servir ses intérêts.

 

La suite reste logique, le statu quo étant installé et la terre des programmes ayant besoin de retrouver ses origines via une grande purge, via un élément perturbateur (le déluge ? vu le final, ce n’est pas aussi insensé de le croire), le fils du créateur est appelé par un moyen détourné à venir rejoindre son père.

 

Ai-je vraiment besoin de pousser le raisonnement plus loin ?

 

Ce qui est intéressant par contre, dans la vision des scénaristes, c’est l’évolution de la considération de Flynn (père et fils d’ailleurs) envers eux-mêmes. Cette aventure va boucler la quête initiatique de Jr entamée lors d’un des nombreux comptes qu’il entendait enfant et lui permettre de s’accepter lui comme l’héritage de son père de manière adulte, mature et responsable.

Et elle va permettre à Flynn Sr d’entrevoir la vacuité de sa mission de départ.

Le final, se toujours à proximité de la fameuse source de lumière, va voir le sacrifice ultime de l’un au bénéfice de l’autre, jusqu’à en remanier complètement le monde électronique pour lui redonner sa pureté de départ.

 

Je n’en dis guère plus pour ne pas dévoiler la fin , si ce n’est que si l’incursion d’un être humain a pu conduire à de telles dérives, que va-t-il en être maintenant que la situation est inversée ?

 

tl 3D’après les bonus du Bluray, il semble qu’une série animée soit en préparation et pouvant directement faire suite au film. Et un personnage charnière de ce qui va devenir une trilogie scénaristique sera bien présent et pourrait changer complètement la donne ! Espérons que le résultat sera aussi intéressant que l’a été cette suite, injustement mésestimée lors de sa sortie.

 

Je finirais en ajoutant que le bluray à l’instar d’un Dark Knight regorge de scènes tournées en Imax, que la définition et la gestion des contrastes sont excellentes, tout comme la définition et la colorimétrie d’une chaleur réconfortante malgré de nombreuses tonalités assez froides. Et la piste sonore est une vraie tuerie qui devrait vous fâcher encore un peu plus avec le voisinage en supposant qu’ils n’aient pas tous déménagé vers des contrées plus calmes depuis le temps que vous écoutez de bonnes grosses pistes sonores ! Le travail des Daft Punk ne gâche rien à l'affaire et apporte même un supplément d'identité à ce titre.

 

Un must have.

 

Je ne peux que vous conseiller de l’essayer, que vous connaissiez ou non le Tron premier du nom, vous ne devriez pas être déçus.    

 

 

 

 

Tron Legacy

 

2010 – Disney / Buena Vista

Réalisateur : Joseph Kosinski

Acteurs : Jeff Bridges, Bruce Boxleitner, Garrett Hedlund,
Genre : Fantastique

Disponible en dvd simple et en dvd coffret Bilogie

Disponible en blu ray deux disques, coffret bluray bilogie  et bluray 3D 

 

 

 

 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 11:45

sttos-II-0.jpgStar Trek le film est donc sorti sur les écrans... et les réactions ont été sommes toutes assez mitigées , bien que le métrage en lui même ait réussi à rentabiliser sa mise de fond.

            Car bien que très réussi quand on le considère avec un certain recul, force est de constater que ce film se démarque très nettement ; voire peut être trop du matériel original.
            Changement trop radical de ton dans les rapports entre les personnages , dans le rythme et l'action, Star Trek le film est un bon cru , si on le considère comme un simple film de science fiction à l'égal d'un 2001 ou d'un Guerre des Mondes . En effet, on retrouve le message philosophique à portée universelle, le dépassement de soi et l'acceptation voire la compréhension d’une entité qui le dépasse . Néanmoins, considéré dans l'ensemble de l'univers Star Trek, il ne peut être que mis de côté et considéré comme une dérive uchronique , comme s'il s'agissait d'une aventure vécue par les résidents du fameux univers miroir , non par les habituels Nemesis mais par une troisième voie possible , habitée par des Utopistes.
            Pourtant, bien que cette mission ne soit rapportée nulle part dans les séries à venir, au contraire des évènements se déroulant dès le second film et ce, jusqu'à Star Trek Nemesis, bien que le nom de V'Ger n'apparaisse qu'ici , alors qu'il aurait pu être mentionné dans le programme Voyager dans Enterprise ne serait ce qu'en clin d'œil anachronique à destination des fans, on relèvera un apport non négligeable mais peut être moins visible au premier plan. Ce Star Trek , sorte de  métaphore de l'adolescence tant les personnages semblent se chercher , tant la figure paternelle quasi divine reste présente, nonobstant un côté assez rebelle de la progéniture qu'est V'Ger , va pourtant redéfinir partiellement le futur du Show, futur qui s'accomplira totalement avec la Colère de Kahn. Je ne reviendrais que rapidement dessus puisque le détail est disponible dans ma première partie de ce dossier.
            L'ensemble de l'univers Klingon , du monde Vulcain, des infrastructures de la Fédération et des innovations technologiques de l'Enterprise vont être développées puis maintenues de manière exponentielle pour les 20 ans à venir.
            Voici alors que Wise un peu amer quand au traitement du premier film vu le peu de différences quand on regarde la director's cut, on se dit que ce n'était pas la peine d'hurler partout que ses idées avaient été trahies , mais bon; on aura au moins gagné une version française encore plus horrible que celle de Superman ou de Il est Revenu (ce qui était une gageure!). Wise cède ici la place à Nicholas Meyer , auteur du très bon mais très méconnu C'était Demain (ou comment réinterpréter la légende de Jack L'éventreur avec une verve certaine et des moyens réduits) et qui est un néophyte de son propre aveu dans le monde des Trekkies.

            Pourtant , Meyer va s'emparer de ce monde étrange , reléguer Roddenberry à la production exécutive et à un rôle de consultant pour ne pas dire officiellement nettoyeur de banc de touche, et transformer l'essai en menant Kirk et sa bande vers leur maturité , vers l'âge adulte qui manquait tant jusqu'alors, allant jusqu'à en faire l'un des arcs scénaristiques majeurs de ce nouvel opus.
            Et comme pour les Batman, Robocop et autre Superman d'aujourd'hui, Star Trek va connaître une refonte et une renaissance complète , conservant les bons éléments (et quelques plans notables des premiers films) et apportant son lot de nouveautés , des costumes au traitement des personnages qui resteront gravés dans le marbre, le tout en réussissant le pari à priori impossible de faire oublier presque complètement  le film précédent tout en effectuant un pont titanesque avec la série originale, en osant reprendre un des personnages les plus charismatiques mais aussi, à fortiori, l'un des plus complets , complexes et intouchables (le seul autre de cet acabit étant un ancêtre éloigné du Q Continuum) de la science fiction de ces 40 dernières années , un égal oserais je même du charismatique Vador  : Kahn.
            Déjà phénoménal dans son interprétation et pourtant amoindri par son rôle dans l'Ile Fantastique, Montalban va nous offrir une prestation totalement hallucinée qui va transformer ce Star Trek d'un épisode de luxe marquant en un affrontement culte qui donnera en plus ses lettres de noblesse à Kirk et qui magnifiera Spock au delà de toute espérance.
            Installez vous confortablement, savourez votre racktagino dans votre mug Starfleet et partons ensemble vers la plus grande réussite de Star Trek TOS : la Colère de Kahn (qui aurait du s'intituler le Retour de Kahn mais un Jedi égoïste ne vis pas ça d'un bon œil à l'époque).
            Engage !
 
-> Générique

 

 sttos-II-4.jpg  Le film commence sur une partition musicale reprenant à la fois des thèmes de la série mais aussi de l'opus précédent tout en offrant une représentativité sonore particulière, à la fois nostalgique et pourtant nouvelle, redéfinie, permettant à la franchise de s'affranchir d'un passé assez proche pour voguer vers un nouvel avenir.

            Le thème oublie quelque peu les cuivres pompeux et les envolées militaires à consonance allemande et s'installe dans une partition agréable parfois douce mais nous promettant dans l'ensemble de vivre une véritable aventure, L'emphase a laissé place avec joie à l'émotion latente de quelque chose de bien supérieur à la quête d'une nouvelle identité. Horner succède donc à Goldsmith avec un bonheur certain (même si les deux hommes travailleront souvent sur la franchise).
            On sent nettement s'installer une atmosphère différente de celle instaurée d'entrée par la menace V'Ger.
            La présentation du casting retrouve quant à elle une organisation logique mais attendue. De fait , apparaissent sur fond étoilé les noms du trio fondateur voire quasi miraculeux de TOS : Shatner, Nimoy et Kelley, suivi par l'équipage présenté en tant que co-starring (Takei, Nichols, Doohan et Koening)  laissant intrinsèquement augurer d'une participation d'autant plus importante et valorisante qu'elle était figurative dans the Motion Picture. 
            S'en suit le reste du casting sous la mention « also starring » (Besh, Butrick, Winfield) et enfin le « introducing » présentant une première apparition à l'écran, celle de Kirstie Alley (qui ne reviendra pas dans le 3ème opus pour des raisons bassement matérielles).  La présentation des acteurs qui devrait alors être achevée se termine finalement par l'apparition en lettres aussi grosses que celle de Shatner sous la mention « and Starring » avec Ricardo Montalban . La messe est dite.
            Je choisis de m'attarder pour la première et dernière fois sur la présentation du générique et du casting car bien qu'en apparence bénigne, cette introduction durant laquelle on finit de s'installer ou du moins pour laquelle le spectateur lambda à autant d'attention qu'une mouche regardant passer un avion dans un continent voisin , reste révélatrice de moults détails importants et sûrement plus intéressants que des rumeurs de cachets.
            Elle donne des informations de premier ordre sur l'importance (supposée) des rôles et représente en soi un art à part entière. Graphiquement , outre son thème d'ouverture, un film peut aussi se révéler marquant par son générique en propre, Celui des James Bond est entré dans la légende du 7ème art , mais on pourrait aussi mentionner pour l'exemple l'annonce du titre des Goonies (gros plan sur une orbite puis sur un crâne puis enfin sur le titre) qui donne très clairement la tonalité du film, mais aussi celui de Ice Age ou des films de Superman... Je laisse soin aux plus acharnés d'entre vous de proposer leurs exemples dans la partie post.
            Le film commence alors avec un simple « Nous sommes au 23ème siècle » , phrase efficace qui indique un futur pas si éloigné que cela et qui a le mérite d'implanter de manière définitive l'unité de temps.
 
-> Le test du Kobayashi Maru
 
 sttos-II-6.jpgCette courte séquence de cinq minutes ouvre le film et instaure un véritable climax. Nous savons grâce aux graphiques que nous sommes sur l'Enterprise , avec de surcroît la quasi totalité de l'équipage original ... sous les ordres d'un nouveau capitaine, vulcain et femme de surcroît, son apparence juvénile n'est pas une gêne en soi , ces derniers étant réputés pour leur longévité. L'Enterprise se trouve à proximité d'une zone neutre , terme qui n'avait plus été utilisé depuis TOS  et qui sera remis au goût du jour ensuite avec TNG et les romuliens.
            Un vaisseau ami signale qu'il connaît des difficultés en pleine zone neutre comme de bien entendu.
            Le nouveau capitaine réagit logiquement à la situation et contre toute attente (de son équipage) , elle pénètre la dite zone avant de tomber dans un  piège klingon. On admirera au passage les trois croiseurs dans un plan réchappé de The Motion Picture pour des raisons de budget (celui-ci ayant coûté une véritable fortune menant la franchise à la doctrine suivante : un max de rentabilité pour un minimum d'investissements. Cette maxime a d'ailleurs connu son paroxysme avec l'épisode IV qui contient le plus grand nombre de plans sur un vaisseau pour la bonne raison qu'il est invisible!).
            On assiste ensuite à la mort de Sulu, Uhura, McCoy  en quelques secondes , ce qui provoque un véritable choc en retour émotionnel pour tout fan qui se respecte et qui ne connaît pas à l'époque l'essor que va connaître Star Trek. La situation de crise s'arrête alors brutalement avec l'entrée en scène de Kirk dans un halo de lumière . Plus messianique, ce n'est guère possible.
            Cet exercice n'est pas anodin. Il se déroule à Starfleet Academy et permet pour la première fois de constater la formation des cadets à une époque où les holosuites n'existaient pas. Ce point de détail n'avait jamais été montré voir même abordé , le spectateur devant toujours faire face à des officiers aguerris, Autre détail d'importance, Spock est passé capitaine. Enfin, outre la pression psychologique de ce test réputé impossible (mais réussi uniquement par Kirk) on constatera que dans ce corps militaire, les officiers les plus gradés ou du moins les plus reconnus peuvent donner de leur temps pour enseigner les ficelles du métier à de simples novices, leur enlevant de fait leur auréole de surhommes intouchables.
            Spock, défendant ici sa protégée (tout comme dans Terre Inconnue du même réalisateur, mais avec une finalité bien différente) semble plus stable , plus complet et plus sûr de lui moralement que dans le premier opus.  McCoy paraît être resté actif tandis que les autres auraient pris du galon. On remarquera aussi des décors à dimension humaine , moins froids et beaucoup plus chaleureux  , avec un étalage bienvenu de consoles et d'espaces aux couleurs primaires et non plus seulement blanchâtres et sans vie.
            Les uniformes sont aussi beaucoup plus agréables visuellement , plus fonctionnels aussi et beaucoup plus lisibles pour ce qui est des grades.. Les lignes de forces de ces derniers parviennent en plus à allonger la silhouette. Ce test reviendra à plusieurs reprises dans les séries, en particulier dans TNG avec Deanna Troi et l'enseigne Crusher.

         

            On assiste là à un des éléments fondateurs de la formation des officiers de Star Trek, rien de moins. On constate aussi avec plaisir qu'une femme, même si elle reste appelée « Monsieur » peut occuper un poste à responsabilité et de haut rang, ce qui dans le contexte machiste des années 80 est un exploit peu édité au cinéma. Le dernier bon exemple existant pour une franchise aux codes préétablis reste Diana Rigg dans Au service secret de sa majesté qui était une véritable égale de Bond avant que 007 n'affronte une Jill St John plus anecdotique qu'une tapisserie rongée par les mites.
            Star Trek confirme ici un côté autant humain qu'égalitaire et avant gardiste. N'oublions pas non plus que dans l'épisode pilote « The Cage », le rôle du 1er officier étant aussi détenu par une femme , Majel Roddenberry, inénarrable Dr Chapel et inoubliable Lwaxanna Troi par la suite (et accessoirement la voix des computers de StarFleet dans toutes les licences à l'exception d'Enterprise).
            L'arrivée de Kirk expliquant le but de ce test sans issue à Saavik ,le capitaine intérimaire (c'est un test de caractère en fait) permet aussi quelques échanges avec Spock (notons que Saavik et Spock partagent la même première et dernière lettre, bien que cela soit sûrement  anecdotique, quoique...) et McCoy qui démontrent de suite un continuité directe avec TOS dans les rapports les liant et faisant fi du nouveau rapport qui s'était instauré au début de The  Motion Picture. On notera enfin que le fameux trio est d'ores et déjà réuni alors qu'il avait auparavant fallu plus d'une heure pour parvenir à ce résultat. 
            Avant de passer au chapitre suivant, on relèvera le dialogue suivant de Kirk à Saavik : « Faire face à la mort est aussi important que de faire face à la vie, non? » Cette simple punchline résume à elle seule toutes les inquiétudes morales et le coup d'éclat final de Star Trek II , à savoir les considérations liées à l'âge mais aussi une sévère introspection sur la vie elle même qui sera stigmatisée par Genesis également source de mort.
            Cet arc scénaristique majeur plus important encore qu'une quelconque fil rouge commence déjà à se construire remarquablement. En moins de dix minutes, on sent que ce Star Trek va être différent , moins fou, plus posé , plus en adéquation avec nos attentes. Et c'est une bonne chose.
            Tout ce sentiment est d'ailleurs renforcé par l'allusion de McCoy sur le fait que l'Enterprise va être dirigé par un équipage en grande partie novice, ce à quoi Kirk répond que galoper dans le cosmos est une activité de jeunes. Le personnage, en totale opposition au film de Wise où il s'était battu pour obtenir de nouveau l'Enterprise, a acquis une maturité que l'on pouvait alors jusqu'ici lui croire inaccessible.
            Cette impression est renforcée par l'entretien qui suivra avec McCoy et la triste célébration de l'anniversaire de Kirk (qui au vu de ses quartiers se complait véritablement dans le passé, à grand renfort de maquettes de trois mâts et de vielles pétoires accrochées sur les murs) qui le renvoie sans aucune pitié à son âge et à son inactivité forcée (puisque Spock lui a pris bien malgré lui son commandement).
 
-> Le Reliant
 
 sttos II 2Enfin! Un autre vaisseau de Starfleet à l'écran! Terminé le monopole quasi exclusif de l'Enterprise. Depuis TOS, à part un épisode avec deux navires du même modèle, jamais nous n'avions pu voir autre chose que la célèbre soucoupe avec ses deux nacelles de distorsion. Starfleet signifie «flotte stellaire ». Il était temps de démontrer que celle ci existait. Le Reliant est donc un autre navire d'exploration rattaché à la station Regula One qui visuellement parlant reste tout simplement un modèle d'Enterprise ... monté à l'envers! Ce qui en fait un véritable négatif de l'original et vu qu'il sera récupéré par le plus grand ennemi personnel de Kirk, on ne peut qu'apprécier le parallélisme.
            La mission du Reliant va permettre d'aborder la torpille « Genesis ». Arme fameuse qui va nous occuper sur plus de deux films et demi, elle est en fait une source de vie qui a la capacité de faire d'une planète morte et sans vie un oasis interstellaire à l'image de la Terre . Le problème, c'est que mal utilisée, elle détruira toute la vie d'une planète pour en recréer une autre . L'allusion à la Génèse est facile d'un point de vue biblique mais Génèse ne recèle t il pas en soi la fin de quelque chose pour établir un renouveau ?
            Artefact parfait pour une épopée de science fiction, elle permet aussi dans un contexte géopolitique particulier de se muer en pamphlet sur le détournement militaire de la recherche scientifique , via l'arrivée  des armes bactériologiques , qui seront aussi , si je puis dire, à l'honneur de l'Espion qui m'aimait , dont le badguy souhaite détruire le monde pour le bénéfice d'espèces marines. On citera aussi Moonraker , dont la finalité demeure cependant un soupçon moins noble . Pour revenir à Star Trek, notons que l'équipe scientifique à la tête du projet est menée par une ex de Kirk (dont on a jamais entendu parler, mais bon, vu la réputation de celui ci dans TOS, on ne peut pas en douter) et par son fils.
            Trouvaille scénaristique merveilleuse, le fait que Kirk possède un fils le déchoit de son icône de héros pour le ramener à un niveau humain et donc faillible. Kirk est devenu père, ce qui contribue à le vieillir et va devoir affronter un fils haineux et rebelle quoiqu'il en soit et détestant l'univers militaire. La confrontation s'annonce mémorable.
            La mission Genesis permet aussi de démontrer que la Fédération, à ne pas confondre finalement avec Starfleet, puisque la première est un  conglomérat de diverses puissances, la seconde n'étant que la force  militaire terrestre, est réellement une puissance recherchant à s'accomplir dans l'exploration , d'autant plus que cette dernière peut encore s'accomplir dans un laboratoire.
            Le Reliant, dans sa quête de planète vierge, va finir par dégoter un planétoïde dénommé Ceti Alpha 6 (CA6) . Désertique, avec des conditions climatiques déplorables, elle semble sans vie si ce n'est une courbe énergétique intrigante qui va conduire le pauvre Chekov à rencontrer Kahn de nouveau.
            On comprend alors l'absence de Chekov jusqu'ici car pour des raisons de crédibilité, il fallait garder un élément connu de TOS pour effectuer un bref rappel historique pour les néophytes potentiels.  Chekov reconnaît Kahn et inversement bien sûr. L'aura de ce dernier apparaît à travers le nom de son vaisseau échoué qui tétanise Chekov : le Botany Bay ; ce qui démontre l'influence et la peur qui se dégage de Kahn. Ce dernier apparaît ensuite dans un nuage de sable entièrement drapé de frusques pour se protéger. Théâtral, charismatique, le regard marqué par la folie, une carrure physique impressionnante et une emphase verbale unique, voilà ce qui caractérise les premières secondes à l'écran de ce parangon de perversité qui ne demandait pourtant au départ qu'une planète isolée pour y vivre avec les siens. Kirk avait donné suite à sa requête, mais des aléas cosmiques ont décidé de s'en mêler , transformant l'ancien prince de la Terre  en fauve blessé, acculé , affabulant et nourrissant depuis lors une haine sans nom à l'égard de Kirk.
            Ces présentations basculent ensuite sur un terrain horrifique pourtant peu pratiqué par Star Trek jusqu'alors. Généralement, jusqu'à présent, pour figurer l'horreur d'une torture, les réalisateurs optaient plutôt pour la suggestion. Ici, pour introduire le parasite qui va tranquillement s'occuper du cerveau des deux officiers comme un gosse gâté d'un Kinder surprise ; on ne nous épargne rien. De la capture de la bestiole répugnante à son intégration forcée via un casque dans l'oreille de Chekov , tout est montré à l'écran constituant à créer une tension palpable tout en renforçant la démesure de Kahn, qui n'a foi que dans les siens. Et tout basculera quand celui ci découvrira l'existence de Genesis, parfait moyen de détruire Kirk tout en créant le monde qu'il a tant désiré durant ces quinze dernières années.
            Kahn possède maintenant un leitmotiv, doublé d'un vaisseau de la Fédération. Tout est en place pour prendre sa revanche dans un véritable duel sidéral faisant évoluer la notion de Western au delà des étoiles.
 
-> L'Enterprise
 
 sttos II 3Laissons Kahn quelques instants et poursuivons nos pérégrinations sur le film du point de vue de la Fédération . L'un des défauts majeurs du premier film (qui reste pourtant un bon cru du cinéma fantastique) résidait dans la présentation interminable du vaisseau phare de Star Trek sur près de quinze minutes et qui conduisait inévitablement à une mémorable cassure de rythme. Myers ne s'en formalise pas . Il récupère des séquences entières de ce dernier et les réimplantent pour une nouvelle présentation où Kirk à peine attentif est plongé, lunettes sur le nez, dans son livre anniversaire offert par Spock (« C’était la meilleure des époques. C'était la pire des époques »). Une fois de plus, qu'il s'agisse de la très courte visite d'inspection, de l'arrimage de la navette amirale ou du départ de l'Enterprise , le fil rouge reste les introspections sur l'âge et la mort. Les répliques partent dans ce sens avec « Nous avons connu la mort ensemble », « Ces jeunes ne connaissent rien ...».
            Il reste amusant de signaler aussi que dans ce métrage, de nombreux personnages principaux ont leur propre sidekick de 30 ans leur cadet. Scotty et son plus jeune neveu, Spock et Saavik, Kirk et son fils, Kahn et Joachim... Tout concourt à établir une comparaison permanente entre la fougue et l’expérience, la jeunesse et la vieillesse, l'ancienne et la nouvelle génération qui a de plus une fâcheuse propension à mourir dans des circonstances tragiques (seule Saavik survit à la fin de la série des films classiques...).
            L'Enterprise prend donc  son envol, en route vers la station orbitale Regula One pour sauver ou du moins comprendre les nouvelles directives sur le projet Genesis.
            Pour ce faire, nous assistons à une scène à la chaleur humaine incomparable (ayant de plus à l'origine le personnage qui refoule le plus son humanité alors qu'un individu comme Kahn qui se veut la perfection même de la nature humaine ne parviendra jamais à ce stade de  compréhension de l'autre qui demande tant d'abnégation) , témoins d'une amitié qui a résisté à bien des épreuves dans la passation de pouvoir que Spock exécute en faveur de Kirk, évitant ainsi les luttes intestines de pouvoir , réminiscences de The Motion Picture, et démontrant la logique sans faille du Vulcain, qui bien que soulignant son côté alien reste le seul personnage des franchises TOS à avoir aussi bien cerné les vicissitudes des émotions et des travers humains . Kirk récupère son commandement, il est de nouveau une entité entière, à la barre de son vaisseau. L'aventure commence (enfin, diront certains).
 
-> Genesis
 
            Pour tout ceux qui n'ont pas vu le film 20 fois, contrairement à votre serviteur, le métrage va enfin prendre le temps de s'attarder sur Genesis en propre, projet qui résume à lui seul les enjeux du film avec cette phrase du Dr Marcus : « Genesis, c'est la vie naissant de la mort ». Toutes les possibilités vont être exposées à travers un film d'animation qui bien que pouvant paraître extrêmement novateur pour l'époque a su conserver le remarquable mérite d'avoir très bien vieilli . Normal quand on sait qu'il s'agit ici d'une des premières animations des studios Pixar pour le grand écran.  
            Et par delà la portée militaire symbolisée par Kirk ou scientifique symbolisée par Spock , c'est toute la déviance morale qui va être soulignée par McCoy reformant ainsi le triptyque initial(pour plus de détails , un clic sur The Motion Picture finira de vous éclairer sur ce point).
            L'homme a quitté la planète Terre puis l'Espace l'entourant. Il désire maintenant s'approcher aussi près que possible de Dieu et va tenter de maîtriser le processus de création. A force de vouloir s'élever constamment , ce dernier ne va t il pas dépasser certaines limites?  Comment ne pas souligner alors l'échec de la précédente tentative ayant conduit à la création de Kahn mais aussi aux guerres eugéniques de la fin du 20ème siècle que Chekov a mentionné plus tôt avec tant de clairvoyance ? Sans l'intervention de McCoy qui, via une citation détournée de la Bible  ,précise que l'homme peut créer la Terre en 6mn là où il avait fallu 6 jours à Dieu , aurait on vraiment réfléchi à cet aspect de Genesis? J'en doute fortement, après 45mn de film où le problème d'éthique n'est même pas esquissé. Le procédé de Terraformage,déjà peu respectueux de la planète où il est effectué disparaît alors au profit d'un nouveau moyen d'annexion pour une humanité qui bien que se croyant évoluée , n'hésite pourtant pas à remodeler des mondes selon ses besoins et à son image . Starfleet viole donc du même coup sa fameuse directive première en s'ingérant dans le développement naturel d'une planète   et en provoquant une pollution technologique d'envergure la modification à jamais. L'homme respecte le développement des peuples mais pas celui de la Nature. L'infaillibilité morale de la Fédération n'est plus. C'est une structure conquérante, assimilable aux Klingons et même aux Borgs.
 
-> Duel(s)
 
 sttos II 5La première  confrontation entre Kirk et Kahn (qui partagent eux aussi la même initiale d'ailleurs , tous deux pour un nom de quatre lettres ce qui démontre une antinomie sévère , accidentelle à priori, mais réelle) va aussi être épique qu'intensive , l'intellect supérieur de l'un se heurtant à l'expérience de l'autre . Kirk va essuyer le premier tir au prix d'une erreur de débutant , soulignée avant le premier assaut par un officier encore novice, La confiance en soi et en l'autre va conduire l'Enterprise a subir le premier assaut sérieux de son histoire (si l'on excepte les destructions successives encaissées dans la série éponyme par les Xindis , dixit les quelques lignes à paraître prochainement sur la saison 3), n'hésitant pas  à exhiber de belles balafres sur sa coque extérieure. L'Enterprise n'est plus alors le vaisseau invincible que l'on a connu et au même titre que son capitaine qui sort d'on ne sait où ses lunettes en pleines négociations, il montre lui aussi des signes de faiblesse et de fragilité.
            On poursuivra sur la réaction de l'équipage. Malgré les explosions, les plus anciens restent à leur poste tandis que les plus jeunes se carapatent dans tous les sens, salle des machines en tête.          

            Mais ce qui est le plus probant, c'est l'apparition jubilatoire de Kahn à Kirk et le fait que celui ci , dépassé par son orgueil démesuré et le désir de vengeance qui l'habite , passe d'une victoire évidente à une défaite inattendue du à un ennemi blessé et acculé. Et qu'y a t il de pire qu'une bête blessée et poussée dans ses retranchements? Néanmoins, la victoire passagère a un coût énorme. Kirk n'accepte pas le fait qu'il ait remporté la victoire là où il n'y avait même pas du y avoir de combat souligné par un accès de rage où il se maudit de ne pas avoir respecté le règlement. De plus, le nouvel Enterprise comptabilise ses premières pertes au cinéma , Ilia et Decker dans the Motion Picture étant partis de leur propre initiative... ou presque ; mais vivant toujours sous une forme ou une autre.
            Ici, l'infirmerie est remplie de blessés graves et de cadavres, y compris celui du neveu de Scotty qui professionnel jusqu'au bout voudra savoir si son sacrifice n'aura pas été vain pour le salut du plus grand nombre, notion qui revient pour la seconde fois après une première allusion entre Kirk et Spock précédemment.
            L'avantage est donc à Kirk pour le moment. Mais cela va être de courte durée en attendant un second duel qui va conduire nos deux vaisseaux sur Regula One où l'équipage va trouver une équipe scientifique massacrée par un émule de Predator. En passant, on notera que c'est la première fois qu'un proche d'un des membres principaux d'équipage est touché depuis les débuts de TOS.

            Kirk se rend donc sur Regula One ou après avoir détaché les différents corps sans vie de l’équipe scientifique, il découvre ce qui pourrait être les données et la torpille Genesis. Avant de se téléporter sur place, il retrouve aussi les deux officiers complètement groggy.

            Tout ce petit monde regagne donc l’intérieur de la planète et Kahn qui a gardé une emprise sur Chekov et Ferrel parvient encore une fois à tirer avantage de la situation en laissant Kirk livré à lui même enterré vivant tout en s’emparant de Genesis (Scène onirique superbe d’un plan sur une planète morte dominée par les cris de désespoir de Kirk).

sttos II 1Cette scène, qui s’intègre parfaitement à la volonté d’action du film (alors que Kirk et Kahn ne sont jamais physiquement ensemble à l’écran) permet de voir un aperçu de la puissance et du potentiel du projet du Dr Marcus , via la courte séquence de repos devant l’Oasis Genesis. Elle permet aussi de savourer l’expérience d’officier de Kirk, qualité qui manque à Kahn bien qu’il soit supérieurement intelligent, et de profiter de la manipulation dont ce dernier est la victime.  La situation commence à changer. Les rapports de force s’inverse progressivement et c’est avec toutes les cartes en main que Kirk va conduire Kahn à sa perte ; ce même Kahn qui aurait pu au mieux partir à la conquête de l’espace avec une puissance quasi divine à portée de main (piste de nouveau explorée avec Christopher lloyd en Klingon dans l’opus suivant) , au pire de créer sa propre planète et y régner en maître.

            Au lieu de cela, son orgueil le pousse à vouloir une victoire totale, quitte à contrevenir à l’accord tacite passé avec l’amiral en charge de l’Enterprise. Il veut la coque du vaisseau comme trophée de chasse.       Ce qui va nous conduire à un véritable festival de la part de Meyer . Fort d’avoir deux vaisseaux de disponible en plus du superbe décor que représente la nébuleuse Mutara , le spectateur va se retrouver devant un jeu de piste stellaire avec multiplication de plan séquences assez jouissifs (il faudra attendre Nemesis pour connaître de nouveau l’excitation d’un combat spatial d’une telle intensité) . Tout va être essayé : superposition des navires, affrontements latéraux, faciaux, esquives de dernière minute…. Pour terminer sur l’annihilation du Reliant, remarquablement et minutieusement mise en image (pensez donc, un vaisseau de Starfleet qu’on moralement démantibuler sans arrière pensée, l’occasion était trop belle !) tandis que Kahn reste seul aux commandes, mutilé et enfin conscient de la chance qui lui était offert, chance qu’il a gâché, toujours au nom de la vengeance. Il n’hésite d’ailleurs pas à en tenir Kirk responsable, « vomissant sur lui son dernier souffle ».

            Les deux vaisseaux étant immobilisés, il décide alors de chercher Genesis, afin d’emporter Kirk avec lui dans la tombe. De là à dire qu’avec ce personnage, Star Trek lorgne du côté de Shakespeare …   

            On sait alors qu’une planète va être crée, on sait que l’Enterprise va réussir à se sauver in extremis et on attend l’Happy End de rigueur…. Sauf que pour une fois, le film prend tout le monde à contre-pied et sacrifie son personnage le plus emblématique dans une ultime scène (vu l’âge du film, d’aucun sauront me pardonner ce spolier) extraordinaire du justesse et d’émotion. Spock se suicide pour sauver l’équipage sous le prétexte logique qu’un seul doit pouvoir s’effacer au profit de la collectivité. Et pendant que la vie trouve son chemin, celle de Spock s’éteint sous les yeux impuissants de Kirk avec une petite idée judicieuse dans l’emploi de parois transparentes séparant les deux protagonistes. Le parallèle établi par Spock avec le test du Kobayashi Maru est évident, souligné par ce dernier, avant qu’il ne s’éteigne sur un ultime « ayez une vie longue et prospère ». le plan s’arrête sur les deux acteurs dos à dos effondré (Spock ayant été digne jusqu’au bout et ne rendant son dernier souffle que face au spectateur silencieux).

 

            Je n’en dirais pas plus pour laisser au néophyte le plaisir de savourer ce moment culotté et unique dans l’histoire des franchises et je vous donne rendez vous pour le troisième opus sobrement intitulé « The search for Spock » .

 

 

 

 

 

Star Trek II La colère de Kahn (Star Trek II The Wrath of Kahn)


1982 – Paramount Pictures

Réalisateur : Nicholas Meyer
Acteurs : William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan......

 

Disponible en dvd simple et collector (avec version director's cut)  et en blu ray (le blu ray US est free zone avec VFF et vostfr) 

 

 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 15:33

TS 1

 

Incroyable !!!!

 

Il y a plus d’une dizaine d’années déboulait sur nos écrans une véritable révolution technologique qui allait se révéler fatale pour l’industrie du cinéma d’animation, obligée depuis de se renouveler constamment! Cette bombe en puissance qui allait permettre à Pixar de devenir les quasi maîtres du monde imaginaire de milliers d’enfants, permettant à un cow boy et un astronaute de prendre place dans nos cœurs pour des années et des années et au-delà , ce phénomène, c’était Toy Story !

 

Lasseter et sa bande joyeux drilles qui s’étaient fait une place dans le monde de l’animation en trois dimensions avec le fameux passage de Genesis sur Star Trek II La colère de Kahn avaient été capables avec une animation qui a très bien passé le cap des années de nous proposer une bande de personnages extraordinairement fouillés , et bien plus réussis que les rôles humains les encadrant, riches d’émotions et d’aventures, pouvant retranscrire les frustrations enfantines à travers un niveau de lecture multiple. Mieux encore, ils avaient l’outrecuidance d’apporter une réponse à une question que l’on ne se posait pas forcément de manière consciente : que peuvent donc bien fabriquer jouets et peluches lorsque nous avons le dos tourné ? Que peuvent ils bien penser dans leur petites têtes de vinyle quand nous les faisant passer pour de terribles bandits ou pour des sauveurs de la galaxie. La réponse a été au-delà de toutes nos espérances, tout en apportant un message de tolérance quasi inespéré. 

 

A l’époque, lorsque le clap de fin retentit, que toutes les pistes semblent avoir été explorées, on se dit avec un mélange d’espoir et de crainte qu’un coup de génie pareil (Disney n’en avait pas eu depuis le Roi Lion, du moins pas de cette envergure alors que les Kuzco commençaient à germer) n’est pas près de se reproduire. Tout a été abordé, les séquences émotion sans se taper l’horrible musique pleine de guimauve, la virtuosité des scènes d’action (le buzz volant sur la fusée et le Woody accroché à la formule 1…. Que de putains de bons moments !) et même le côté sombre d’Andy avec un voisin aussi monstrueux que malheureusement réaliste (remplacez les jouets abîmées par de petits animaux... oui,hein....  vous partagez ma grimace de dégoût subitement, non ?). On terminait sur un message apaisant et plein d’espoir comme seul Pixar en avait le secret….

 

S’en sont suivis 1001 pattes et autres Monster Inc avant de voir débouler Toy Story II. Qu’en penser ? Les jouets vont se retrouvés livrés à eux-mêmes par une pirouette scénaristique ? Ok. On s’y attendait et ensuite ? Et bien, on est reparti pour un tour de grand huit, mais sur un manège de la taille du Texas ! Les passés sont (re)fouillés, les personnages humains sont encore plus immondes et un grand père à la voix de JR (Splendide et sous exploité Dominique Paturel !) déboulent dans la vie du cow boy sur une sombre histoire de collectionnite aigue. Mieux encore, Jessie arrive en effet miroir de ce que pourrait être la vie de Woody tandis que pour équilibrer le tout, une foultitude de personnages font leur apparition de manière aussi ludique que complémentaire. Le bonheur est il atteint? 

 

Oui, assurément !

 

TS 2Et pourtant, et pourtant, marque de fabrique Lasseter oblige, on dépasse l’excellence et on approche la perfection car Toy Story, fait unique jusqu’à maintenant encore dans l’histoire de Pixar, se permet le luxe de devenir une franchise, s’attribuant toutes les qualités de ce merveilleux mais ô risqué principe en laissant à des lieux derrière lui le moindre petit défaut. D’ailleurs, soyons francs, la moindre erreur, le plus infinitésimal anachronisme n’a même pas le droit de se croire préexister ici. La perfection je vous dis, qui touche en plein dans le mille le cœur de cible des jeunes qui découvrent un univers étendu à l’infini (et au-delà, ça va Buzz, on a compris !) sur un coup de génie le tout en y raccrochant en plus un quatrième, cinquième voire sixième niveau de lecture qui ne s’adresse cette fois qu’au Geek que nous sommes tous devenus , lointains gamins approchant la trentaine (votre serviteur) ou plus encore (oui, oui, toi dont les yeux se plissent devant le pc à la lecture de ma prose enflammée de  gratitude tu t’es forcément reconnu !) dont l’âme est restée contrairement à celle de la génération précédente , collée dans une  bulle de rêve n’appartenant qu’à nous et dans laquelle nous nous réfugions à la moindre occasion !

Bon, d’accord, pour certains, elle est pleine de tortures asiatiques sur fond de prisons nazis où les bonnes femmes se baladent comme c’est pratique la poitrine à l’air, le tout en zieutant sur un bras à moitié dévoré par un loup garou ayant eu les yeux plus gros que le ventre et qui pioncent au fond de la pièce assis sur une tripotée d'adolescents en rut hurlant inutilement à l'aide.

Ce repli de l’esprit salvateur est basé sur des valeurs n’existant plus aujourd’hui mais qui reviennent parfois grâce à l’action de réalisateurs encore inspirés et qui nous permettent d’en aspirer de grosses bouffées. Ce sont nos madeleines de Proust à nous. Et force est de regretter les années 80 et leurs Zemeckis, Dante et Spielberg déchaînés qui côtoyant les Donner nous ont offert tant de bons moments et ont fait de nous en grande partie les cinéphages que nous sommes aujourd’hui !

 

Le Zorg issue du monde Lucassien nous apportait donc en plus un lot de scènes d’anthologies pour un méchant inattendu mais tellement incroyable. Et pour clore le tout , on assiste à une véritable démonstration de maestria scénaristique et technologique dans un terminal d’aéroport monstrueusement pharaonique dans lequel vont se clore tous les arcs du premier (pour ceux qui étaient restés en suspens) et du second épisode.   

 

La vision de Toy Story II où de surcroît les méchants morflent de manière aussi tordue que non traumatisante pour les gosses qui regardent nous laisse pantelant de bonheur et ivre d’un peps d’optimisme que l’on croyait disparu, tandis que nos zygomatiques se marrent sur un vrai faux bêtisier. Magique !  

 

Et ce soir, je suis  fébrile,  oui, car beaucoup de temps a passé et avec les merveilles qu’étaient Wall E , Cars et autre Là Haut , on ne pouvait que se demander comment ils allaient pouvoir rebondir sur l’inespéré cadeau du tome précédent sans dénaturer l’ensemble.  Sans compter qu’on allait se taper forcément un Andy quasi adulte et donc à nouveau la piste de l’abandon et de la crainte de la poubelle.

 

Gros coup de chapeau (woody appréciera) , ces deux arcs sont expédiés en 5 mn pour rebondir sur un nouveau chapitre carrément inattendu et inédit. Autant la grande évasion de Chicken Run m’avait marqué , autant la réadaptation de ce classique à la sauce Pixar regorge de trouvailles inédites que je me garderais bien de dévoiler ici. Le film prend son temps , s’assument en tant que suite en se re-centralisant sur une dizaine de personnages principaux et en sacrifiant en une tirade de woody les autres jouets devenus inutiles pour le coup (la bergère, le siffly et autre écran magique, exit pour notre plus grand bonheur), on en garde plus que les marquants, les plus drôles et surtout les plus divers possibles. On colle à tout ça une organisation quasi mafieuse du jouet dominé par un ours qui sent la fraise (une ola pour cette délicieuse idée non sensique qui fait se gondoler nos neurones abrutis de produits tous identiques les uns aux autres et qu’ingurgitent la marmaille d’aujourd’hui au lieu de se faire plaisir en regardant un Myasaki.

 

Le métrage suit son fil rouge un peu tiré par les cheveux et part parfois dans tous les sens (le Buzz Espagnol  est TS 3hilarant) nonobstant certaines scènes gratuites qui connaissent leur apogée avec les essais de Ken…. Vous comprendrez après visionnage.

 

On se dit que jusque là l’aventure est sympa mais qu’elle possède un goût d’épisode peut être inutile. D’autant qu’on se retape le syndrome Jessie version côté obscur total avec le dit nounours (qui fera un carton dans les magasins de jouet, c’est garanti), certains gags éculés avec la famille Patate et consort.

 

Et Barbie pète alors les plombs et malgré nous, le grand huit made in Texas va s’emballer, et les wagons vont partir façon space mountain sur une rampe équivalent à la taille de l’équateur. Il reste alors 35 mn de film par lesquelles vous aller vous voir offrir tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une séance de cinéma d’aujourd’hui, sans avoir à se taper des lunettes débiles et du Mars congelé qui permet habituellement de dissimuler l’âcreté du navet….

 

C’est un festival intégral qui boucle trois opus de manière quasi définitive sans que l’on s’en rende compte sur le coup. L’action et le rythme sont inespérés, les rappels précédents trouvent tous leur sens, les psychologies de simples jouets au départ pourtant atteignent des sommets et la scène de la décharge vous laisse sur le derrière. Vous comprenez alors que vous êtes déjà sur le cul depuis près d’un bon quart d’heure quand les larmes vous prennent à la gorge au moment où tous nos héros se donnent la main. Une mort certaine les attend en bas, mais pas seulement la leur, la vôtre aussi, celle du gosse qui dort parfois sous les ordres d’un chef stupide ou de clients lobotomisés.

Ce petit morveux se réveille, complètement ankylosé et libère en vous des vagues d’émotions que vous ne pouvez plus contenir. Là où votre gosse blasé sait que les héros ne meurt jamais, chose qu’il connaît par cœur car c’est en partie de votre faute s’il en est arrivé à ce stade à lui montrer des Superman qui ressuscitent des Lois Lane en remontant le temps, des Marty McFly qui risquent leur propre existence pour sauver un ami ou des Flash qui dépassent leurs limites dans des cliffhanger intenables pour venir à bout d’un Brainiac possédé par Luthor ….

Vous l’adulte qui sait pertinemment que Woody va trouver une solution sur une contrepèterie de Buzz le tout soldé par une grande tape dans son dos de plastique qui ne manquera pas de déclencher deux petites ailes clignotantes….

Et bien, vous êtes pris à votre propre piège ! Et c’est sur la boule énorme qui grossit dans votre gorge tandis que vos lunettes s’embrument que vous vous dites que l’océan de métal en fusion va dévorer vos vieux amis, plus fidèles d’ailleurs que certains que vous côtoyez encore aujourd’hui, que vous scrutez désespérément votre full hd en admirant malgré vous le travail de titans qui a été fourni pour donner à cette scène une tonalité aussi désespérée (waouh sur les détails et les lumières mais aussi sur les expressions faciales) , que vous vous voyez donner votre main à woody et jessie et Rex pour voir partir une partie de votre enfance avec eux (ou de votre adolescence heureuse malgré la pression incompréhensible des profs et des parents pour que vous ayez 20/20 à votre contrôle de trigonométrie et de courbes en maths ….  20 que vous n’avez pas eu de toutes manières malgré le caractère quasi existentiel de ces données fondamentales de votre univers , vous qui vous y reprenez maintenant à deux fois pour vérifier si la boulangère vous a bien rendu le compte juste sur votre monnaie d’un euro pour une bout de farine précuit et au gout industriel qui vous a coûté 0.96€….) et c'est là , alors que vous pensez être passés en 10’ sur la quasi-totalité des sentiments qu’il est humainement possible de vivre durant une séquence animée qu’une immense bouffé de joie vous envahit à nouveau , décuplée par rapport au final de Toy Story II.

 

Bravo Pixar, tu m’as encore eu.

 

Mais ce n’est toujours pas fini. Le début doit rejoindre la fin et le relais doit être transmis. Il reste alors un quart d’heure de pure narration totalement bluffante de simplicité et qui résume ce que je m’escrime à vous décrire depuis près de 2000 mots. Andy va offrir ses jouets. Consciemment, volontairement et s’offrir avec eux une dernière virée, renouant avec le gosse qu'il était, acceptant l'adulte qu'il va devenir et réalisant sans le savoir le rêve de ses anciens copains de toujours.

 

La vie continue mais rêves et souvenirs restent vôtres si vous vous en donnez la peine. Le dernier geste d’Andy envers Woody et la réponse de celui-ci , le regard d’Andy à ce moment là…. Cela ne dure qu’une seconde et quelques et pourtant est résumé là toute l’essence de Toy Story et en filigrane celle des studios Pixar.

 

Je vous laisse lui donner le sens que voudrez.

 

TS 4Incroyable ce qu’ils ont réussi à accomplir là sur une trilogie maîtrisée de bout en bout malgré deux opus pourtant prévus à la base en direct to vidéo. Et le générique final devient plus qu’un best of,  un véritable happy end laissant notre imagination voguer à nouveau le temps de quelques heures vers l’infini ......... et au-delààààààààààààà ! Merci Buzz et Woody pour ce moment magique !

 

Et puis c’est repos aujourd’hui, coup de bol, le nuage de liesse extatique ne vas pas se dissoudre de suite !

Je n’ai volontairement pas parlé du côté technique irréprochable. La simple séquence de prégénérique qui surpasse celle pourtant fantastique de Toy II est à elle seule une démo technique et inventive qui devrait être une référence pour tous les autres studios d’animation en perte d’idée (qui a hurlé dreamworks au fond de la salle ?)

 

Vive Lasseter, vive Pixar et Vive Toy Story !!!!!!!!

 

 

Toy Story III

2010 – Disney / Pixar

Réalisateur : Lee Unkrich

Genre : Animation

Disponible en dvd simple et en dvd coffret Trilogie

Disponible en blu ray deux disques, coffret bluray trilogie et bientôt en bluray 3D 

 

 

 

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 23:37

affiche-lta.jpgMade of honor (Le Témoin Amoureux en français) appartient à la catégorie des films dit de comédie romantique. Dieu sait que chaque année depuis des lustres immémoriaux nous apporte son lot de plus ou moins grande réussite dans ce domaine.  Certains atteignent le graal et deviennent des films cultes, comme Pretty Woman (l’étalon référence du genre) ou bien Dirty Dancing. D’autres restent sympathiques à défaut d’être inoubliables comme Le mariage de mon meilleur ami (avec un superbe générique par contre !), le reste sombre dans l’inconscient collectif et s’oublie progressivement (je ne vous ferais pas la gageure d’en citer un pour le coup, par respect pour les spectateurs qui aiment ce type de métrages) (Ou lors très vite : La Rupture, 40 jours 4à nuits ou encore, au hasard… Le code a changé pour taper un peu côté frenchy).

 

Made of Honor relève à mon sens de la seconde catégorie. Le film interprété par Patrick Dempsey , Michelle Monaghan ou encore un inattendu Sydney Pollack raconte l’histoire d’un célibataire collectionnant les aventures et vivant selon un certains nombre de règles de vie qu’il a lui-même inventé… tout comme le collier à café qui lui permet de mener une vie assez oisive. Il partage ses goûts et ses envies avec une jeune femme rencontrée dix ans auparavant lors d’une soirée en fac , suite à un quiproquo et une erreur de chambrée….

 

Une décade plus tard, alors qu’ils sont les meilleurs amis du monde, cette dernière part en voyage professionnel en Ecosse et ramène un beau blond tendance rouquin qui s’annonce être le futur mari….

 

Ok, le fil rouge est téléphoné et la fin ne laisse guère de doutes quand à la finalité de ce mariage. Ce qui est intéressant dans ce film, ce n’est pas tant le dit mariage, ni même le fait que Dempsey va endosser le rôle de demoiselle d’honneur, fait pour le coup secondaire, mais plutôt les personnages eux-mêmes.

 

Le film se divise en trois parties : connaissance des protagonistes, nouveau venu et préparation du mariage avec ses coups tordus et renversement de situation avec l’ami qui admet enfin ses sentiments.

 

On passera assez vite sur le premiers tiers un peu longuet mais nécessaire pour bien connaître Tom (Dempsey) et Anna (Monaghan). Traité comme un jeu de miroirs renvoyant sans cesse sur la vie sociale de l’un et l’autre (ils ont tous deux trois ami(e)s de base, le côté masculin conseillant Tom pour qu’il récupère Anna, le côté féminin s’enthousiasmant pour cette dernière….), il permet de s’attacher et d’injecter un peu de piment dans l’histoire au travers de situation cocasses.

 

image 3 ltaOn notera le rôle du père de Tom tenu par Pollack qui est lui aussi un jeu de miroir avec son fils, mais un miroir aux alouettes, celui-ci représentant ce que Tom pourrait avoir et ce qu’il risque de devenir, à savoir un vieux bonhomme collectionnant les femmes et les divorces dans des relations éclairs, sans véritable lendemain. Pollack est simple et efficcace dans le rôle du mentor désabusé qui est revenu de la vie sentimentale et qui essaie de pousser son fils dans la bonne voie.

 

La mère de la mariée est dans ce cas de figure le reflet du père de Tom puisqu’elle-même suit le même chemin, comprenant avant sa fille la finalité de cette histoire.

 

Le second morceau est le plus drôle, car tout est permis. On sourit souvent devant l’inefficacité de Tom à démonter le futur marié, véritable Mr Perfect écossais (Duc, riche, appartenant à une famille de distillateurs et doté de sérieux atouts ….). Tom va tout faire pour essayer de récupérer sa confidente jusqu’à relever le défi dans une tenue limite ridicule dans des jeux locaux, tradition pour exprimer la virilité du futur époux. Les scènes sont kitchs et le lancer de tronc d’arbre en est le point d’orgue.

 

image 1 ltaOn savourera aussi le coup tordu d’une des vraies demoiselles d’honneur qui ne supporte pas Tom via l’invitation d’une vendeuse de sex toys et l’invention d’un nouveau collier qui sera surement hype dans plusieurs années. ^^

 

On regrettera toutefois que le scénario n’ait pas ouvert plus de portes comiques, d’autant qu’il y avait matière entre la jeune femme un peu ronde qui veut absolument entrer dans un 38, une romance avec un écossais esquissée mais non approfondie, une rivalité entre Tom et une hystérique blonde qui ne va pas assez loin et les us et coutumes d’une famille écossaise qui auraient pu réserver de grands moments tout en préservant la trame de départ.

 

Vraiment dommage ! Le repas où la mère annonce fièrement que toutes les victuailles  ont été tuées par Colin en l’honneur de la mariée…. Beau moment de déphasage total entre culture us et scottish…. Les frères Farelly se seraient régalés sur un tel terrain de jeu.

 

D’un autre côté , le film reste ainsi dans les cadres qu’il s’est imposé et on avance rapidement vers une partie finale plus consensuelle et attendue.

Dont je tairais les détails et l’issue. Quoique facile à deviner, le film s’arrêtant juste à ce moment sur une ultime joke renvoyant au début du métrage. La boucle est bouclée et le film se suffit alors à lui-même.

 

image 4 ltaCôté acteurs, Dempsey que je ne supporte pas dans les simples trailers de Grey’s Anatomy et qui était vraiment limite dans Il était une fois (dur d’être comparé à un prince complètement barré dans le délire assumé !) apparaît ici rapidement attachant. D’accord son jeu d’acteur reste limité, il ne fallait pas non plus espérer des étincelles mais cela suffit largement ici. Le rôle ne demande pas non plus un acting à oscars. Monaghan que je ne connaissais pas s’en tire assez bien, mais n’importe quelle actrice du moment et pas trop bête pouvait en faire autant (cela en élimine des wagons entiers de potentielles, c’est sûr …. Sarah Jessica Parker et autres, passez votre chemin !). Pour être moins dur, elle donne suffisamment d’innocence et de tendresse pour emporter l’adhésion. Une Anne Hataway, aussi bonne actrice soit elle, n’aurait pas fait l’affaire par exemple, et on devine une complicité sincère entre les deux comédiens.

 

Les seconds couteaux sont savoureux, ce qui est souvent le cas de ce genre de films, et ce sont eux qui réservent le plus de surprises comiques, de la grand-mère arborant des perles de massages en collier à celle à l’accent incompréhensible qui est irrésistible en passant par le prêtre qui bien que n’ayant que quelques répliques réussi à marquer.

image 2 lta

Au final, un petit moment sympa, d’autant plus agréable pour partager un moment complice avec son ami(e).

 

Pas un indispensable mais si vous tombez dessus pas cher, n’hésitez pas.

 

Côté technique, le Bluray offre bon nombre de paysages splendides, la définition est excellente, la colorométrie est chaude et les visages très bien détaillés. Côté sonore, du bon travail en dolby true HD . Pas d’effets extraordinaires, ce type de films de ne s’y prêtant pas. Restent des dialogues clairs, présents et une musique d’accompagnement qui ne passe pas par-dessus.

Bonus sympas mais assez commerciaux dans l’ensemble.

 

 

 Le témoin amoureux (Made of Honor)


2008 – Columbia Tristar

Réalisateur : Paul Weiland
Acteurs : Patrick Dempsey, Michelle Monaghan
Genre : Comédie romantique

Disponible en dvd simple et en blu ray (le blu ray US est free zone avec VFQ et vostfr) 

 

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 20:11

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L’homme Invisible

 

Claude Rains nous offre une interprétation de premier ordre dans ses débuts au cinéma, dans le rôle d’un mystérieux médecin qui découvre le sérum de l’invisibilité. Enveloppé de bandelettes et cachant ses yeux derrière des lunettes noires, Rains débarque dans un petit village de la campagne anglaise et tente de cacher son incroyable découverte. Cependant, le sérum qui l’a rendu invisible le pousse également à commettre des actes d’une indicible horreur. Basé sur le roman de H.G. Wells et réalisé par le grand maître du macabre, James Whale, l’Homme Invisible a non seulement donné lieu à une kyrielle de suites, mais peut aussi se targuer d’effets spéciaux qui resteront longtemps inégalés. 

 

 

Pour la sortie cinéma de Van Helsing, les studios Universal avaient eu la bonne idée d’exhumer de leurs tiroirs certains de leurs titres phimage004ares des années 30 et 40. Bien évidemment, certains métrages avaient déjà eu les honneurs d’une édition dvd mais tout l’aspect graphique de ces perles du cinéma d’épouvante avaient alors eu droit à une collection dédiée. Dans cette série fort précieuse, on trouva des titres fers de lance comme Dracula de Browning (raaaaaaaahhh Lugosi, vampire devant l’éternel et surtout des milliards de spectateurs et dont le plus bel hommage reste celui fourni par Tim Burton dans son excellent Ed Wood avec l’hallucinant Martin Landau qui fut d’ailleurs récompensé à l’époque et permis à un critique une bien jolie sortie : Martin Landau a eu l’oscar, son ombre l’a eu pour Bela), les Frankenstein de Whale (réalisateur qui nous préoccupe donc indirectement aujourd’hui) ayant permis à Karloff de sortir lui aussi de l’ombre pour se faire connaître sur la scène internationale, via une composition émotionnelle incroyable d’humanité derrière un visage recouvert de maquillage et de prothèse (pour l’anecdote , Karloff fut repéré alors qu’il était de sortie et il ne put alors s’empêcher de regretter qu’en le voyant bien vêtu et fort apprêté, le réalisateur ait pensé à lui pour jouer un monstre….) essai qu’il confirmera avec La Momie , les deux films étant sortis quasi simultanément, le Loup Garou qui dénote dans le genre car le monstre cette fois ci ne s’assume qu’à moitié, la partie humaine rejetant son alter ego démoniaque contre lequel il ne peut lutter. Cet aspect caché de l’humanité qui ressort physiquement lors des nuits de pleine lune laissera d’ailleurs dans l’histoire du cinéma des interprétations plus ou moins fantaisistes type Teenwolf  où les spécificités de la lycanthropie coïncident comme de bien entendu avec les affres de l’adolescence et de la puberté, Wolf avec l’excellent Jack Nicholson ou le calamiteux Underworld (je ne parle même pas de la suite) ou comment massacrer une histoire au potentiel fantastique, faisant enfin des loup garous de parfaits némesis et non plus des sous fifres ou une sous espèce face aux vampires ,même si le sujet est introduit avec un rapport maître / esclave).

 

 On notera bien sûr la présence de titres moins exposés médiatiquement tel le Fantôme de l’Opéra , dont  l’adaptation Universal reste l’une des seules versions valables comparée aux sous navets récents transformés en hybride de comédie musicale  (ce qui n’est pas en soi un mal, quand cela reste bien réalisé et justifié) comme ce film produit par New Line récemment. De toute manière, de mémoire, les œuvres de Gaston Leroux ont été formidablement mal interprétés ces dernières années au cinéma, qu’il s’agisse du film précédemment cité ou bien encore du Mystère de la Chambre Jaune ou de sa suite Le Parfum de la dame en noir. Auteur contemporain, Maurice Leblanc n’a pas eu plus de chance, avec au hasard l’Ile aux trente cercueils, série tv des années 70/80 où Arsène Lupin n’apparaît même pas et justement le Arsène Lupin joué par Romain Duris qui aurait pu donner un film intéressant s’il ne s’était justement pas targué de porter ce titre.

image008Mais arrêtons (pour le moment) les digressions et revenons à nos braves monstres. Cette collection a également eu la bonne idée de ressortir l’Etrange créature du Lac Noir qui s’intègre parfaitement dans une logique de monstres de cinéma. Tous ces titres, novateurs pour l’époque, ont été de véritables jalons dans l’ère du cinéma fantastique entraînant de nombreuses séquelles mais aussi moult remakes et relectures ces dernières années quand ils n’ont pas simplement été réunis dans un même métrage pour satisfaire nos pulsions refoulées de geeks. Citons en vrac l’inénarrable Monster Squad  (ayant d’ailleurs fait l’objet d’un excellent pop-corn reborn dans ces colonnes), le Dracula  de Coppola, le Frankenstein avec De Niro ou encore la Momie de Summers (pour ne présenter que les plus réussis)…

Reste alors cet Homme invisible qui lui aussi sort auréolé de monstruosité alors que le personnage principal, loin d’être un être mythologique comme Dracula, un zombie comme Frankenstein ou une aberration due pour moitié à l’homme et pour moitié à la nature comme la créature du Lac Noir n’est purement et simplement qu’un homme. De plus, contrairement aux trois individus pré cités, celui-ci ne possède pas d’attributs propres à effrayer ses contemporains tels des canines hypertrophiées, un visage couturé de cicatrices ou un faciès aquatique. La peur qu’il suscite réside justement dans le fait qu’on en voit rien de lui. Paradoxalement, c’est ce qui reste le plus efficace dans un monde d’épouvante. Une momie, un loup garou, un vampire et j’en passe, peuvent évidemment effrayer et vous surprendre mais vous pouvez toujours les voir et donc stigmatiser vers cette apparence votre appréhension.  Vous pouvez également fomenter des plans d’action contre eux,  vous déplacer à plusieurs pour leur faire la peau (quand il y en a) mais un homme invisible …. Pour peu qu’il soit discret, vous ne pouvez rien contre lui. Vous ne le voyez pas, vous ne le visualisez pas, vous ne vous rendez pas compte de sa présence ce qui démultiplie votre frayeur, le tout décuplé par une paranoïa naissante qui trouble vos idées et au moment où vous vous y attendez le moins, vous vous rendez compte qu’il est déjà trop tard. De plus, comme il ne s’agit que d’un homme, aucun recours mystique n’est efficace, aucune incantation, aucune lumière solaire salvatrice ne pourra vous sauver s’il a décidé de vous tuer.

Cet homme invisible, alors libéré de tous les préceptes de moralité qui conditionnent le comportement humain en société depuis sa naissance, va pouvoir laisser libre cours à ses pulsions. Se promenant nu, pouvant exécuter les pires besognes sans représailles sous le concept « pas vu pas pris », pouvant agir dans l’ombre comme en pleine lumière sans s’inquiéter plus avant des conséquences de ses actes, cet homme là n’a alors plus rien d’humain et peut être ravalé au rang d’animal, à la différence près qu’un animal ne tue pas par plaisir mais pas nécessité. Même les monstres que nous avons énumérés ci-dessus tuent par besoin (sacrifice pour retrouver son éternel amour pour la momie, besoin de survivre pour Dracula, amour toujours, pour la créature du lac noir et j’en passe…).

image010L’homme invisible, lui, a une volonté que rien ne pourrait contrecarrer mais prend aussi un plaisir sadique à torturer mentalement comme physiquement ses victimes, à l’image du meurtre de son ex-collègue laborantin dans le film auquel il décrit dans le détail ce qui l’attend (fractures, tonneaux….) avant de l’expédier ad patres dans le vide au volant de sa voiture, complètement ligoté. Cette simple évolution, cette volonté de détruire et de vouloir prendre le contrôle d’un monde, le catalogue déjà comme inhumain mais au-delà encore, ravale nos monstres tant aimés au rang de subalternes, aucun d’entre eux n’ayant de pulsions de contrôle d’échelle mondiale. On songe alors au Club des Montres mettant en vedette Carradine Senior et Vincent Price (qui joueront d’ailleurs tous les deux dans des séquelles de l’Homme invisible, pour la petite histoire) ou ce dernier propose l’entrée de l’homme dans le très select club , ce qui soulève l’indignation avant un petit laïus magistral (que je n’auras pas la bassesse de dévoiler ici, laissant intact votre plaisir de vous procurer la galette pour presque rien avec un autre film fameux et savoureux, le Cirque des Vampires, sur un site low cost bien connu des dvdvores) qui achève d’emporter l’adhésion et la validation de l’inscription de l’humanité dans son ensemble.

 

Le film de Whale, merveilleux réalisateur et homme d’un goût et d’une préciosité sans failles lorsqu’il s’agit de nous emporter dans les turpitudes d’une histoire bien conçue, réussit donc parfaitement à mettre en image tous ces préceptes, dépassant de fait le roman originel de Wells (qui est bien autre chose que le sympathique guignol courant après Tempus dans Lois et Clark, formidable auteur à succès et digne successeur de Jules Verne dans son approche somme toute très scientifique des choses, à laquelle on peut ajouter une immanquable critique politique de son époque, que ce soit dans les thématiques de  l’homme invisible, du voyage dans le temps (qui donnera quelques décennies plus tard l’agréable C’était Demain de Nicholas Meyer, auteur ô combien émérite de la relecture très réussie de la mythologie Star Trek dans La colère de Kahn et Terre Inconnue) pour imposer sa propre vision emprunte de réalisme mais aussi d’un certain humour noir qui ne dénature en rien la vision du film, cette inspiration crédibilisant encore un peu plus la folie mégalomaniaque de Rains.

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Le film pourrait se diviser en cinq parties, toutes représentant un échelon supplémentaire dans l’escalade vers la folie de Raines, à l’exception du dernier où il retrouve son humanité. On notera d’ailleurs la fantastique maîtrise et le travail formidable de Whale à exposer un tel sujet en aussi peu de temps, sans ménager de temps morts et en restant extrêmement cohérent. Réussir à exposer une histoire aussi complexe et avec tant de rebondissements en moins de 70mn là où aujourd’hui, il en faudrait facilement le double et avec dix fois moins d’efficacité… L’usine à rêve d’Hollywood s’est sérieusement enrayée et il faut un petit dégrippage de temps à autre pour se surprendre à y croire encore, le dernier en date étant Le Seigneur des Anneaux. D’ailleurs, pour tous les amoureux du réal, je ne peux qu’encourager à se procurer le dvd de Gods and Monster (chroniqué lui aussi en détail sur le site), qui éclaircit d’un jour nouveau le travail de celui-ci, interprété avec brio et retenue par le très bon Ian McKellen.   

 

Le premier segment renvoie à l’ouverture (évidemment) du film sur l’arrivée d’un mystérieux individu emmitouflé de la tête aux pieds, dans un extérieur hostile, couvert de neige ; désespérément froid et où notre homme est seul. Le soin apporté au cadrage et à la photo renvoie à une parfaite métaphore de la condition de notre protagoniste à cet instant, puisque lui aussi connaît la solitude. Cette image d’inhospitalité renvoie à la chaleur d’un pub anglais typique, proche de l’image d’Epinal avec son tenancier discutant le bout de gras avec les autochtones, en soif de bon alcool et de chaleur humaine. La confrontation entre les deux univers est flagrante quand débarque l’inconnu au phrasé rare et à la voix vraiment étrange. La vindicte populaire classique face à l’étrange reste d’ailleurs sous jacente, les contrastes se faisant plus sombre et la populace regagnant de concert une table en retrait du comptoir, appuyant donc encore sur l’isolation de l’inconnu. Pour bien faire, le tenancier précise au nouveau client qu’il n’y a pas de chambre disponible en cette saison, ce qui renforce encore cet écho d’abandon absolu. S’en suit finalement une installation à l’étage sous d’étranges directives, la tenancière cherchant à en savoir un peu plus sur son « invité » afin d’alimenter les ragots du rdc. L’homme n’étant pas sociable et les bandages de ce dernier ayant fait forte impression, l’imagination populaire s’enflamme et on prête à l’étranger un passif assez lourd allant de l’évasion de prison à l’accident de voiture, si ce n’est une combinaison des deux. Le parallèle avec le spectateur est intéressant à souligner, car bien que sachant pourquoi le personnage porte tous ses bandages, son imagination aussi se laisse guider par toutes ces suppositions, sans compter la future transposition à l’écran du phénomène d’invisibilité.

 

Le segment suivant, suite à l’introduction précédente, va permettre de dévoiler au grand jour la nature réelle du personnage. Le temps passe depuis qu’il a élu résidence dans ce pub pittoresque et il a eu le temps de se forger malgré lui une solide réputation d’homme acariâtre et capricieux, nonobstant un certain côté asocial. Les problèmes de loyer non payés, de vaisselle cassée et de grossièreté finissent d’exaspérer la tenancière (amusante actrice d’ailleurs qui fatigue un peu lorsqu’elle joue l’hystérie mais qui possède un jeu d’une expression aujourd’hui disparue. On sent que cette période fait transition entre le muet et le parlant tant parfois les émotions frisent l’exagération pour un bonheur certain du spectateur d’aujourd’hui) ce qui force Rains à dévoiler son secret pour avoir la paix tout en effrayant la peuple via des espiègleries donnant la part belle aux effets spéciaux, proprement hallucinants et d’une perfection encore d’actualité et rivalisant sans peine avec les effets numériques (vol dé vélo, bousculade et consort après avoir fait tourner la police en bourrique en tournant autour d’une table simplement en chemise !).

 

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C’est d’ailleurs dommage que les effets optiques soient aujourd’hui au rencard tant ils apportent une atmosphère particulière à un film, les derniers gros blockbusters les ayants  utilisés avec succès étant Superman de Donner et The Shadow avec Alec Baldwin. Pensez donc, pour réaliser l’effet d’invisibilité, Whale n’a ni plus ni moins qu’eu recours à l’ancêtre des écrans bleus ou vert , via une surimpression de la pellicule. En fait, l’acteur devait porter du velours noir, puis être enregistré sur fond noir avant d’être réimprimé sur la scène normale. Amusant de constater d’ailleurs que l’acteur lui-même n’apparaît jamais à l’écran, si ce n’est dans la scène finale , jouant ainsi les hommes invisibles dans la peau de l’homme invisible, tout étant basé sur son incroyable voix.

 

image020Le troisième segment, central dans la construction du personnage, dévoile ses forces et faiblesses sans pour autant prendre le spectateur pour un ahuri fini, ce qui est une grande marque de respect en soi. Whale ne s’embrasse pas de fioritures et part du principe que le postulat de départ a été accepté et que la personne ayant payé son billet possède un esprit assez ouvert pour accepter mais l’incroyable. Raines est donc dehors, son secret est dévoilé et il ne connaît plus aucune retenue, il trouve refuge chez son ancien collègue (courtisan en passant de sa fiancée, dite fiancée qui n’existait d’ailleurs pas dans le roman original mais qui permet d’avoir à la fois une touche de glamour dans le film, d’être une motivation véritable de découverte scientifique pour Raines et enfin une soupape de sécurité permettant de rattacher de manière infime l’homme invisible à son humanité perdue) qu’il parvient à museler sous la menace tout en l’enrôlant de force dans ses basses besognes afin de devenir un chef incontesté de la race humaine. Pour cela, il vole, terrifie et tue tout ce qui le gêne, mais avec un plan pré-établi, précisant lui-même que les grands comme les petits seront touchés afin de ne pas exercer de différenciation. S’en suivent plusieurs passages assez jouissifs où il vole une banque sans être inquiété et redistribue l’argent dans la rue (un tiroir de banque volant dans une agence n’attirant visiblement le regard de personne), où il fait dérailler un train avec une facilité déconcertante (c’est bien connu, en arrivant à un pont, il y a forcément une voie de chemin de fer qui conduit dans le vide….) ce qui conduit sans transition au segment suivant, inévitable, celui de la chasse à l’homme.

 

On sent alors la paranoïa qui a envahit la population qui s’enferme chez elle à double tour, qui concerne également la police qui use de filets pour parcourir les pièces afin de voir s’il n’est pas présent. Signalons au passage la remarquable ouverture d’esprit de la police qui lorsqu’elle est confrontée la première fois au pouvoir incroyable de image022Raines ne tique pas et déblatère simplement aux quidams et à son chef que le suspect est invisible et qu’on en peut donc pas le voir… esprit large à priori partagé par la population et les journalistes qui s’emparent alors de l’affaire. La chasse à l’homme s’organise donc et l’homme invisible s’en amuse, continuant de se moquer de la bienséance et n’hésitant pas à  se jouer d’un barrage de police tout en piquant le pantalon d’un de ses représentants pour déambuler dans la campagne en chantant, vêtu du simple vêtement, et en effrayant les braves gens. La folie est alors consommée et totale (bien qu’indirectement due  à un des composants de la potion d’invisibilité, même si à mon humble avis, le dit ingrédient se contente plutôt de révéler la folie latente existante en chacun de nous et simplement refoulée par l’éducation et les verrous sociaux, cependant, il faut bien lui trouver une cause scientifique, histoire d’étoffer le personnage qui ne serait sinon qu’un simple malade mental) , raines tuant sans discernement aucun. Une solution est trouvée en se servant de l’ex collègue laborantin comme appât (ce dernier ayant eu la promesse qu’il mourrait à 22h des mains de l’homme invisible) et on se rend alors compte à quel point toute l’attention du monde reste futile contre un tel don, ce dernier se faisant tuer de manière fort brutale (étonnante d’ailleurs vu l’époque et le public visé. On a droit à des strangulations multiples, à un homicide et j’en passe  mais le tout reste, il est vrai sans une seule goutte de sang).

 

Le cinquième segment se clôt, sans pour autant être bâclé, par la mort de Raines. Celui-ci, bien que redoutablement rusé reste néanmoins humain et doit se reposer. Pour cela il trouve refuge dans une grange, mais ses ronflements ne passeront pas inaperçus et sous une impulsion inspirée de la police, il sera exécuté quand il cherchera à s’enfuir de cette dernière qui est en flammes. Cela nous conduit à la séquence finale, où au seuil de la mort , le produit n’agit plus et laisse à nouveau apparaître pour la seule et unique fois le visage humain de Raines (via un montage astucieux que je ne dévoilerais pas ici) . L’invisibilité est partie et il retrouve une apparence sociale, belle image de purification de pêchés sur un faciès reposé.

 

image025Ce film, considéré comme mineur par Universal (un seul module de bonus sur le dvd contre une bonne demi douzaine pour la Momie, Dracula et les deux Frankenstein) et dans la filmographie de Whale mérite d’être redécouvert avec un regard neuf , ne serait ce que pour l’excellence de sa mise en scène et pour la portée qu’il aura eu dans l’histoire du fantastique. Scénario, maîtrise des sfx, des acteurs parfaitement justes de Raines, dont c’était pourtant le premier rôle au cinéma (son jeu avait été jusque là jugé comme outrancier et pompeux), rôle qui avait été d’abord prévu pour Karloff puis pour Owen qui s’étaient finalement désistés tous les deux pour des problèmes divers et variés, à Gloria Stuart que l’on connaît tous pour son rôle dans …. Titanic de Cameron (la vieille dame qui nous saoulent tous à un niveau plus ou moins grand et qu’on l’on a parfois rêvé de pousser par-dessus la rambarde….) et j’en passe pour un plaisir pantois devant cette cigarette qui se fume seule ou ce vélo qui part en trombe sans personne en apparence dessus. Et quand on voit la piètre qualité du remake de 1992 ou la trahison véritable de Hollow Man (réussi pourtant en tant que Thriller mais sans aucune inspiration lyrique, le scénario s’effaçant devant les sfx certes révolutionnaires mais sans âme), on ne peut que se réinstaller au fond de ses couettes, le dos callé par les oreillers et se plonger à nouveau dans la rondelle ou pourquoi pas étoffer un peu sa bibliothèque en relisant l’œuvre de Wells.

 

 

L'homme Invisible (The Invisible Man)

1933 - Universal Studios

Réalisateur : James Whale
Acteurs : Gloria Stuart – Claude Rains ....

Genre : Fantastique

Disponible en dvd simple et en dvd coffret Univesal Monster 

 

               

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 06:58

Début aujourd'hui donc du cycle Star Trek TOS au cinéma avec un retour sur le premier opus signé Robert Wise. Engage!

 

sttos-film-1.jpg« Space, the final frontier…. ». Ces quelques mots doivent en théorie faire dresser le poil sur le main (celle qui tient la souris, l’autre étant toujours occupée à je ne sais quoi, tenir une tasse de café, piocher dans un saladier de bonbecs haribo ou lovée au chaud dans celle de sa copine …. dans le meilleur des cas) de n’importe quel geek voir de ceux qui aiment un tant soi peu le cinéma fantastique.

 

Qui aurait pu prévoir le succès que la chaîne ABC n’avait su déceler après trois saisons de décors en cartons et de pyjamas aux couleurs primaires, dans un univers si futuriste pour l’époque, sur un vaisseau spatial où se côtoyaient non seulement toutes les races de la Terre mais aussi de nombreux représentants de peuple aliens , et ce dans un contexte géopolitique plus que perturbé, dominé par la course à l’espace , la Guerre froide et autre joyeusetés de type Apartheid.

 

Et que pouvait on voir sur la passerelle ? Des humains d’origines divers au commande d’un vaisseau non pas en mission de conquête (dérivatif utilisé dans l’univers Miroir avec une Fédération belliqueuse et un système de valeurs proche du mode de vie klingon, ces derniers devant alors en toute logique garder des moutons avec des nœuds dans leur nattes….) mais d’exploration, souhaitant nouer des relations avec tous les peuples désirant également connaître les humains. Entre un asiatique et un russe travaillant de concert aux côtés d’européens et d’américains pure souche, nonobstant le premier baiser interracial de l’histoire de la télévision US, Star Trek a su être une série atypique et a réussi à jouer sur ce caractère particulier, entraînant dans sa chute un noyau dur de fans qui parviendront à entretenir la flamme de la distorsion et encourageront Roddenberry à ne jamais relâcher ses efforts, supportant pendant plus d’une décennie un projet de série avortée à la dernière minute (Star Trek : Phase II), un film achevé et entré en phase de production mais lui aussi arrêté avant le premier coup de manivelle (Planet of Titans) , la mise en chantier puis l’avortement d’une série animée malgré 26 épisodes où les stars d’origines avaient acceptés de doubler leurs avatars , sans compter un va et vient permanent entre les sections Tv puis ciné de la Paramount avant le grand final : le développement de Star Trek : the motion picture qui représentait à la base le super pilote d’une nouvelle franchise.

 

Ce film, porteur de nombreuses qualités et du germe de ce que seront les futurs licences télévisuelles, allait ouvrir en grand les portes du Gondor de la science fiction, proposant pour les 30 années à venir une série de succès cinéma à faire pâlir Star Wars qui n’a réussi à aligner que 6 longs métrages en deux séries de tournage là où Star trek a su enchaîner les exploits sur grand écran dans la durée mais aussi une aventure jusque là inégalée sur le long terme pour un seul et même univers de base , avec des enchaînements et des correspondances encore inédites d’une série à l’autre (Macquis, Guerre du Dominion….) via un nombre exponentiel de spin-off pour une durée de plus de 20 ans, enterrant de fait les parangons du genre que sont pour l’exemple Stargate Sg-1 et s’approchant du Wall of Fame cathodique où l’attend Dr Who.

 

Membres honoraires de Starfleet, prenez vos serpillières photoniques, épongez les torrents de larmes versées lors de l’annonce de l’arrêt d’Enterprise et reprenez espoir. Notre vaisseau chéri reprend du service pour enfin nous présenter le chaînon manquant qui nous manquait tant : 2009 va être à marquer d’un coup de phaser grâce à JJ Abrahams, le petit gars qui avait réussi à exhumer Mission Impossible de ses cendres et à donner une tête crédible à Tom Cruise dans un film d’action qui faisait tant défaut à cette autre saga de la Paramount dans laquelle avait joué autrefois léonard Nimoy, Immortel M Spock qui revient d’ailleurs sur le devant de la scène dans cet 11ème opus. Dans le cadre de cette sortie, quoi de mieux alors que refaire un petit tour, entre deux loupes sur les séries, sur la passerelle de Kirk , via les six premiers épisodes de la franchise au cinéma ?

 

De Robert Wise à Nicholas Meyer, replongeons nous donc avec délice dans les affrontements spatiaux et autres digressions humanistes qui ont fait de Star trek ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une exception culturelle unique dans laquelle sont traitées, toujours avec un optimisme forçant le respect les pires travers de l’humanité pour n’en retirer qu’une chose, que les Gardiens de chez Marvel ont bien compris : l’humanité porte en elle les germes d’une chose énormissime qui la dépasse et qui la destine à une évolution unique… Si une chose a réussi à marquer nos oreilles fragiles dont les séries tv et autres films à gros budget s’acharnent aujourd’hui à massacrer les tympans, c’est bien le générique de la série classique, simplement musical dans les premiers épisodes puis rapidement accompagné d’une partie chantée , correspondant parfaitement à notre petite équipée stellaire. Le thème musical d’Alexander Courage reste d’ailleurs aujourd’hui l’un des plus reconnaissables au même titre que celui de Mission : Impossible de Lalo Schifrin. Néanmoins, pour son passage sur grand écran, il fallait voir les choses en grand.

 

Ce sera chose faite avec Jerry Goldsmith, compositeur aussi prolixe au cinéma qu’un John Williams et artisan chevronné étant capable de s’approprier un univers existant pour le réinterpréter sans en dénaturer la trame originale voire même de transcender un film déjà excellent en lui apportant une crédibilité supplémentaire, un touche indéniable de maestria à l’image de son œuvre sur La malédiction de Donner. On le retrouvera d’ailleurs sur pas mal d’aventures de la Fédération, tant pour la grande toile que pour le petit tube domestique. Goldsmith s’empare donc de la partition de base et la transforme en quelque chose emplie d’un souffle épique qui , non content de soulever de joie le cœur des fans, emportera l’adhésion d’un public peut être néophyte. De l’emphase, du tempérament et de la fougue transpirent à l’apparition de noms bien connus du casting originel sur fond étoilé, sans autres fioritures graphiques si ce n’est certaines envolées qui galvanisent le chaland. On reste déjà sonné, mais heureux, tout comme la première fois que l’on peut écouter le thème en dts de Superman ou des Aventuriers de l’Arche perdue.

 

http://media.paperblog.fr/i/323/3237982/test-blu-ray-star-trek-film-1979-chewie-L-4.jpegLa musique occupe une part essentielle du cinéma. Sans elle, certains films entrés dans les mémoires seraient peut être restés anecdotiques, ou n’auraient tout simplement pas la même force. On citera pour l’exemple le boss des années 50 de la Columbia qui avait subrepticement dérobé une copie du Train sifflera trois fois avec Gary Cooper et qui le qualifia de navet. La partition n’avait pas été ajoutée alors qu’elle représentait un personnage à part entière du métrage. La suite, on la connaît, d’un western devenu classique et couronné par 4 oscar dont celui de la meilleure chanson …..

 

Une musique, un générique qui plus est, peuvent aussi s’approprier voire devenir l’identité profonde d’une histoire. La plupart du temps, un bon show sera reconnaissable de suite, même si l’on se trouve dans une autre pièce et provoquera en nous un sourire, que ce soit les premières notes des Simpson ou de Batman la série animée composées par le génialissime Danny Elfman des années 80-90 (je trouve, subjectivement parlant, qu’il se répète un peu depuis, à l’instar de la BOF de Spiderman) ou bien encore celles de la petite Maison dans la Praire ou de Dallas. Jerry Goldsmith, décédé il y a quelques temps maintenant, à su saisir l’essence de ce space opéra et a de plus établi une référence qui sera non seulement reprise pour les films à venir mais qui servira de trame sonore pour les génériques des futures séries sans compter une réutilisation efficace de ce scories lorsque le show veut jouer la nostalgie ou faire référence à des histoires se déroulant sur cette période comme lors du fameux épisode revenant sur le service de Tuvok dans les fameux uniformes rouges qui seront consacrés dans l’épisode suivant.

 

Suite à un générique plein d’emphase, le film s’ouvre et nous offre comme premier plan un visuel sur trois croiseurs Klingons avançant en formation sur un nouveau thème. Ces derniers ne sont pourtant pas seuls dans l’espace et quelques plans alternent entre un aperçu de la masse d’une formation inconnue et un survol rapide et méthodique malgré tout de la coque des dits vaisseaux pour se retrouver sur une passerelle encore jamais vue dans la série classique, avec des Aliens au physique et au phrasé encore inédit lui aussi.

 

Ce moment à priori banal de commandement revêt pourtant un caractère extraordinaire pour toute personne ayant découvert l’univers Star Trek de manière chronologique, c'est-à-dire en commençant par TOS puis en poursuivant par les films en alternance avec TNG. Ceux qui ont en mémoire l’épisode anniversaire de DS9 avec la collaboration en sous main entre Sisko et Kirk sur une histoire fameuse de tribules comprendront ce que je veux dire. En effet, dans TOS, les Klingons se démarquent par une volonté hégémonique de conquête basée sur l’extension constante de territoire. Leur aspect se démarque par un teint relativement mat et une présence marqué de barbes, moustaches et autres boucs en tout genres. Ils sont généralement très bruns et arborent des uniformes noirs et or, sans fioritures guerrières, leur parlé étant le même que celui de la Fédération, en légèrement plus agressif et sournois. Les valeurs d’honneur et de loyauté , nonobstant celle de castes, ne sont pas encore développés et ces extraterrestres ne représentent finalement que l’aspect primitif de l’humanité. De plus, ce seront les ennemis récurrents de Starfleet durant ces trois saisons des années 60, bien plus que les Romuliens (un épisode très marquant de mémoire). Le principe d’oiseau de proie et autres dénominations relevant du domaine de la chasse sont déjà présentes mais les possibilités graphiques de l’époque ne permettaient pas un rendu suffisant pour enflammer l’imaginaire et proposer des batailles dignes de ce nom. Pour info, TOS est ressorti il y a quelques temps dans une version remasterisée avec des sfx remaniés de fond en comble pour coller à l’aspect graphique mis en place de puis les années 80-90. A vous de voir alors si vous préférez retrouver Kirk avec la nostalgie perdue de la jeunesse ou bien avec l’œil acerbe d’aujourd’hui, quitte à perdre une partie du charme que représente des vaisseaux en carton pâte au prix d’une métempsychose bassement mercantile. Enfin, dans la série classique, les thèmes musicaux étaient souvent les mêmes, gravitant principalement autour de la fédération, et peu de fois autour de leurs ennemis.

 

C’est pourquoi il faut insister lourdement sur cette courte introduction, avant même que les Klingons n’entreprennent d’attaquer ce que nous nommerons pour le moment l’Etranger.

 

Ce plan sur les trois croiseurs marque l’entrée de plein fouet dans un âge adulte inespéré. TOS, avec ses couleurs chaudes et primaires, ses péripéties d’apparence manichéennes et ses affrontements à grand renfort de plans fixes traficotés en post production pouvait s’apparenter à une innocence certaine, véritable métaphore de l’enfance et de la préadolescence. L’équipage de l’Enterprise est parti dans une mission d’exploration de cinq ans, la poupe en avant et le cœur avide d’aventures. Tous les membres, en fait surtout ceux de la passerelle, se connaissent et on passe plus de temps sur des préoccupations humaines qu’à admirer l’espace, qui se résume d’ailleurs souvent à une planète (toujours la même physiquement) aux couleurs sans cesse changeantes avec un Enterprise en orbite géo-stationnaire (toujours suivant le même angle d’approche, en passant).

 

Là, pour la première fois de son histoire , la franchise nous offre enfin un plan valable et détaillé sur trois embarcations, qui peuvent prétendre rivaliser avec certains vaisseaux de l’époque Star Wars (qui est tournée dans la même durée d’ailleurs). Profitant d’un budget enfin adapté à l’univers de Roddenberry, Wise va alors en profiter pour suivre avec un amour certain les courbes de ces nouveaux croiseurs, les plus attentifs remarquant même une esquisse de plumes d’oiseaux sur les ailes latérales. L’aspect visuel est tout aussi important puisque ce sont ces vaisseaux qui vont servir de référence à la création d’une toute nouvelle flotte de navire pour l’Empire dont on pourra suivre les évolutions constantes jusqu’u fameux diptyque « La tradition du guerrier » de DS9 où les questionnements existentiels de Worf et la guerre débutante contre le Dominion (que je cite souvent il est vrai, mais comment faire autrement puisque cet évènement est une véritable pierre angulaire de la franchise au même titre que Kithomer ou que la bataille de Wolf 359 où bien encore la découverte des Borgs par l’intermédiaire de Q dans TNG). Un autre évènement marquant accompagne de plus cette présentation : un thème musical fort. Extrêmement fort dans les quelques premières notes suffiront à l’avenir à identifier la menace Klingon, tout en cuivre et en force, dans des tonalités quasi wagnériennes. Ce premier thème musical ouvre d’ailleurs la voie aux backgrounds musicaux suivants qui permettront de présenter toutes les autres espèces à venir, mais nous garderons cela pour une autre analyse future.

 

Dans cette perspective d’exploration, le fan ravi, prolongera son plaisir avec ce qui deviendra la dominante des vaisseaux Klingons à venir. Les créatifs ne se sont pas contentés de réinventer l’impact visuel de ce peuple guerrier, ils ont aussi repris en main le côté graphique en propre de la race. Terminé les analogies humaines entre équipage de Starfleet et équipe impérial. Les Klingons se voient pourvus d’excroissance osseuses , de long cheveux et d’un aspect guerrier bien plus prononcés et inquiétant qu’auparavant, mélange de peuples barbares du passé , sans compter un uniforme totalement remanié, plus lourd, plus imposant et moins clinquant, correspondant mieux aux multiples campagnes militaires qu’ils doivent mener. Pour accentuer cette volonté d’impressionner en force le spectateur, on instaure de plus une ambiancer à base de rouge sur la passerelle, couleur chaude et énergisante par excellence, sous tendant une volonté quasi constante de passer à l’action, el tout renforcé par une toute nouvelle typographie anguleuse et agressive elle aussi.

 

On ne regrette plus alors les versions passées et on ne peut que s’enthousiasmer devant le respect manifeste promulgué au geek. En mois de quatre minutes de films, on sait que la refonte est totale, tout en conservant les bases de la mythologie préétablie avec TOS. C’est alors que la dernière idée créative fait son apparition. Jusque là dans TOS, toutes les actions, toutes les aventures étaient vécues du point de vue de Kirk et de son scooby gang. Logique donc d’assister à tout cela dans un canadien (la version française de TOS n’existe pas, les versions qui nous ont été offertes jusqu’à présent ont toutes été doublées de l’autre côté de l’Atlantique) plutôt cheap , tandis que toutes les races aliens comprennent le Starfleet de base grâce à l’action sous jacente de traducteurs universels (on notera que leur absence ou leurs panne ont été largement traitées dans les premières saisons d’Enterprise, mais aussi dans 0110011001 ds TNG ou bien encore dans un double épisode de DS9 où Quark a fort à faire avec des humains de la troisième partie du 20ème siècle).

 

Cependant, pour une fois, la première en trois ans d’aventures, nous assistons à une scène du point de vue des Klingons. N’est il pas alors logique qu’ils parlent leur langue maternelle entre eux ? James Doohan étant passé par là (c’est le Scotty de la série qui a proposé les premières phrases Klingonnes), on entend pour la première fois le dialecte Klingon (en fait, il en existe plusieurs dizaines, comme le soulignera Hoshi dans Enterprise quelque …. 30 ans plus tard) qui se révèle très guttural et sec, empruntant certains résonances à l’allemand gothique. L’immersion dans l’action est alors totale. Et c’est avec regret que l’on voit l’Entité Etrangère se débarrasser aussi vite de nos trois vaisseaux après un affrontement assez bref mais ayant pour atout de nous montrer un tir de torpilles à photons crédible (je n’ai jamais vu de tirs de photons, mais celui-ci est fluide et agréable à regarder) et ne nécessitant plus de geler l’image.

 

La transition vers un monde ayant la prétention de ses moyens est en marche, les décors en carton pâte semblent relégués aux oubliettes, la série a évolué vers une atmosphère plus adulte et on reste frétillants de plaisir quant à la suite des évènements, ce qui reste logique face à un spectacle qui se veut époustouflant. Et de logique, il va en être question avec la présentation haute en couleur de Vulcain.

 

http://image.toutlecine.com/photos/s/t/a/star-trek-le-film-1979-01-g.jpgAprès la disparition plutôt belliqueuse des Klingons, le film poursuit tranquillement son aventure et nous amène sur l’autre monde phare de la série classique : Vulcain, via un plan de toute beauté à la colorimétrie très chaude et maitrisée. La planète de Spock avait déjà été abordée dans TOS via l’épisode fondateur sur le rite du Pon’Farr , dans lequel un vulcain doit une fois tous les sept ans s’accoupler sous peine de périr (situation qui sera de nouveau exploitée dans Star Trek III A la recherche de Spock, dans STTVger et enfin dans un épisode assez embarrassant pour T’Pol dans Enterprise avec le Dr Phlox). TOS nous proposait ce qu’elle pouvait alors se permettre, à savoir un décor en carton pâte (qui fait partie intégrante du charme de la série) , des costumes dénudés et un nombre conséquent de vulcains. Le film change la donne et passe à la vitesse supérieure, réinventant cette civilisation au même titre que celle des Klingons. Vulcain sera donc une planète quasi désertique, tapant dans la construction monumentale (merci la director’s cut pour ces plnas retouchés dans le bon sens du terme) et en parfaite adéquation avec l’essence même de ses habitants : la logique. Vulcain n’a donc érigé que le strict nécessaire pour l’accomplissement de cette logique, il n’y a pas d’ensembles architecturaux inutiles et la cérémonie du Kolinar nopus permet de retrouver un Spock aux cheveux mi-longs et en pleine introspection, cherchant désespéremment à atteindre une perfection qui lui restera à jamais inaccessible. La cérémonie proposé est à ce titre plus qu’intéressante, exécutée dans la langue vulcaine (une nouvelle première pour un dialogue aussi long nous permettant d’écouter un dialecte aux sonorités encore différentes bien que restant tout à fait structurées) et permettant un rappel bref des origines métisses de Spock. Celui-ci se sent toujours incomplet et refusera l’adoubement de sa condition de Vulcain pour rejoindre ses anciens camarades d’équipage, préférant de fait répondre à l’appel de son sang d’homme, qu’il aura pourtant toujours essayé de combattre dans TOS. La prêtresse vulcaine, plutôt que de reprendre le bijou rituel marquant la renaissance spirituelle de Spock le laisse alors choir au sol, car il serait illogique de le conserver pour une conversion qui a échoué. Illogiquement aussi d’ailleurs, Spock le ramasse et le considère quelques minutes.

 

Ce plan sur Spock affaibli, dépenaillé et venant d’échouer dans sa quête de paix intérieure est symptomatique de sa propre solitude et de son caractère quasi unique. Il est le premier métisse entre la race vulcaine et la race humaine, ce mélange de caractéristiques ayant de tout temps était à l’encontre du mode de vie vulcain (longtemps souligné par T’Pol avant qu’elle ne s’entiche du Commander Trip) et restant un cas unique dans Star Trek à ce moment chronologique précis. Sur l’Enterprise, Spock est également le seul de sa condition vu qu’il n’y a pas d’autres vulcain et le seul aussi à posséder des dispositions télépathiques. Notons au passage que si ces dernières restent beaucoup moins développées que chez les Bétazoïdes de type Lwaxanna Troi, elles demeurent scénaristiquement beaucoup plus efficaces… du moins jusqu’au coup d’éclat de Deanna Troy avec le sbire Remien de Shinzon dans Star Trek Nemesis.

 

Cette solitude est donc retranscrite à l’écran, les vulcains s’en retournant, tournant d’ailleurs le dos à Spock , qui reste à genoux, le regard triste et tendu vers l’horizon.

 

Les Klingons, puis les Vulcains ont été réintroduits dans cette nouvelle ère de la Fédération, il était donc attendu que StarFleet aie elle aussi les honneurs d’une relecture. Après la qualité de celles rencontrées et considérant le fait que c’est sur cette organisation qu’a reposé TOS, on est légitimement en droit de s’attendre à quelque chose de grandiose. Et effectivement, les premiers plans en extérieurs avec un pont bien familier vont d’abord nous conforter agréablement, puisque la caméra s’intéresse ensuite au siège de Starfleet avant de rentrer à l’intérieur , nous offrant une activité digne d’une ruche pour le lancement du nouvel Enterprise.

 

Un module fait son entrée en gare et l’on s’attarde sur le hublot qui nous montre le regard déterminé de Kirk. Et là, c’est la grande déception lorsqu’il est rejoint par le nouvel officier scientifique de l’Enterprise (encore un vulcain). Suite à la mission d’exploration initiale, le capitaine est devenu amiral, fonction synonyme de beaucoup de paperasse et de peu d’aventures. On notera la conservation d’un rasage en pointe pour les hommes, hérité de TOS dans une optique se voulant futuriste mais ce sera bien là le seul aspect pouvant renvoyer à la série des années 60-70. Kirk n’a plus son caractère frondeur et enjoué, il est devenu froid, cynique, acerbe et distant, optant pour une attitude de commandement direct ne pouvant souffrir de contre ordre ou d’opposition. Son alliance morale sous jacente ayant été rompue avec la séparation du trio Kirk / Spock / McCoy , il n’a plus eu de contre pouvoir pour réussir à équilibrer ses pulsions premières qui ont atteint ici un point de quasi non retour, comme cela semble d’ailleurs être les cas pour Spock qui n’est pratiquement plus humain au sens éthique du terme.

 

Ce changement d’atmosphère confirme le passage vers une maturité plus prononcé du space opéra, rompant littéralement avec les bases sympathiques et bon enfant de la série. Les couleurs primaires si chaleureuses des uniformes et des décors ont cédé la place à un ensemble froid et sans âme lui aussi, à grand renfort de blanc et d’un aspect si lisse qu’il va rester très difficile de s’y attacher.

 

Kirk se dirige vers son Enterprise dont il a récupéré le commandement pour régler le problème de l’Entité étrangère et ce n’est que lors des retrouvailles avec Scotty (qui a bien vieilli lui aussi, prolongeant cette impression d’évolution) qu’il va esquisser un léger sourire.

 

Et c’est au tour de l’Enterprise en propre d’entrer en scène pour une très (mais alors très) longue exposition, le film faisant une pause dans l’action pour nous permettre de nous rendre compte à quel point ce vaisseau a été bien repris , graphiquement comme visuellement. Pendant la série classique, nous n’avions droit en tout et pour tout qu’à quelques plans de l’Enterprise : en orbite autour de la planète, une vue de dessus, une vue de dessous et une vue figée dans laquelle le vaisseau se délestait de deux ou trois torpilles et d’un tir de phaser. De plus , selon les plans en questions, les nacelles de distorsions étaient différentes, présentant tantôt des ampoules, tantôt des demi sphères avec une lumière aléatoire rouge. De plus, lord des rares batailles spatiales, les traces d’impacts n’étaient pas montrées à l’écran au profit d’un tremblement de caméra censé démontrer la violence de tel ou tel tir.

 

Le film profitant d’un budget confortable, le symbole de la franchise a été complètement reconstruit, plus grand, plus brillant, plus aérodynamique et plus fonctionnel. Les proportions d’échelle ont cette fois été respectées, comme le montrent la dizaine de bonshommes en uniforme flottant dans des combinaisons spatiales sur le spatiodock (qui permet enfin de comprendre comment sontconstruits et lancés les vaisseaux de la fédération, en passant) et c’est langoureusement que l’on va explorer l’extérieur de l’Enterprise du point de vue de Kirk avec n fond sonore la partition de Goldsmith.

 

Certes, le vaisseau est superbe et tranche agréablement avec ce que l’on connaissait avant, mais cette exposition de près de quinze minutes est à elle seule l’un des gros points noirs du métrage qui jusqu’à maintenant avait su s’imposer un rythme qui se retrouve brutalement brisé. Il faudra d’ailleurs attendre le retour de Spock à bord pour qu’il redémarre véritablement. Une fois monté à bord, Kirk nous offre malgré lui une visite de ce nouveau vaisseau. Et force est de constater que de nombreux efforts ont été fournis pour réhabiliter ce qui passait auparavant pour un simple plateau de studio.

 

Wise met ainsi en place, avec Roddenberry, les fondations sur lesquelles reposeront techniquement les prochaines séries. Un nouveau téléporteur est en phase d’essai , tout comme un turbolift pour rejoindre les différentes coursives qui fonctionne vocalement en interface avec l’ordinateur central et non plus avec une manette que l’ont doit tenir( erreur manifeste et chronologique dans Enterprise) sans compter LA surprise de l’ingénierie qui montre enfin un véritable moteur de distorsion avec utilisation de dilithium. On retrouve la fameuse tour bleutée aux variations lumineuses qui sera par la suite la base de tant de scénarios pour les séries TV. Terminé donc la petite salle en perspective forcée de TOS et son moteur dont les fonctions principales étaient accessibles d’une simple console. On achèvera cette petite visite en notant que le Warp 7 semble être la référence de base, en opposition avec le Warp 5 si castrateur de Enterprise et le Warp 9 source de déchirures spatiales de TNG (mais qui ne pose paradoxalement aucun problème dans Voyager).

 

Qui dit nouveau vaisseau dit nouvel équipage et donc nouveau capitaine. Avant que Kirk ne reprenne la barre, le commandement a été confié à un jeune officier du nom de William Decker qui semble être en fait une copie plus pondérée de ce qu’aurait pu être Kirk. Responsable, méticuleux, volontaire et passionné, il tient cette promotion de Kirk lui-même et c’est dans la douleur qu’il va devoir y renoncer. Un rapport de force se crée entre les deux hommes qui va se poursuivre pendant plus de la moitié du film, Kirk n’ayant consenti à garder à son bord Dekker uniquement pour sa connaissance des modifications apportées au vaisseau. Dekker se trouve alors en poste d’une fonction bâtarde, ni tout à fait capitaine ni tout à fait Lieutenant Commander. Il va en fait remplir une fonction de conseil auprès de Kirk, instaurant pour le coup les prémices du grade de n°1 , inauguré officiellement par Willima Riker dans TNG. On soulignera donc l’incompatibilité d’un double commandement sur un même vaisseau, ce qui à première vue tombe sous le sens. On soulignera pour mémoire qu’une configuration similaire s’est reproduite pour Star Trek VI – Terre Inconnue puisque Spock et Kirk avaient tous deux le grade de Capitaine justement, et cela ne posera plus alors le moindre problème …..

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Ce bref affrontement verbal entre Kirk et Decker démontre une nouvelle fois quoiqu’il en soit le besoin de maîtrise totale dont semble faire preuve le nouvel amiral, quitte à sacrifier ce qui le caractérisait autrefois : son humanité avec ses hommes d’équipage. De fait, on se retrouve avec une situation ubuesque où Spock qui veut atteindre la froideur logique se trouve privé de celle-ci par ses sentiments humains alors que Kirk, connu et reconnu pour ses qualités de chef et de capitaine est devenu un être dénué d’émotions au profit d’une efficacité certaine…

 

La suite de la présentation de l’équipage se poursuit sur la passerelle avec le retour de visages bien connus comme Uhura, Sulu ou Tchekov. Malheureusement, la capacité d’émancipation du show original semble s’être évanouie et on se retrouve d0ans une véritable régression culturelle, avec une passerelle tout simplement immonde qui pourrait n’être qu’une simple salle d’entrepôt sans les moniteurs de commande et le siège de capitaine et des uniformes définitivement rétrogrades mettant un frein aux tenues légères si osées autre fois. Pantalons de rigueur pour tous et toutes, il faudra se résigner à ne plus voir déambuler de jolies lieutenantes en mini jupes au prix d’une morale conservatrice assez malvenue. De plus pour des raisons de rythme , l’équipage en propre n’est présenté qu’en quelques secondes et on le reverra plus guère par la suite, ce dernier semblant appartenir plus aux meubles qu’à un véritable corps d’armée. On finit même par se désintéresser complètement de lui et les quelques traces d’affection à son égard sont plus des réminiscences de TOS qui s’effacent de la tête des producteurs au profit d’une démonstration d’effets spatiaux certes maîtrisés mais plutôt quelconque, l’essence de la série étant alors complètement oblitérée pour une démonstration visuelle assez quelconque et ayant de plus mal vieilli.

 

L’intérêt de cette séquence réside néanmoins dans une vision messianique de Kirk. Celui-ci est accueilli comme un sauveur par l’équipage (qui a entretemps pris connaissance du danger de l’Entité) , Uhura se fendant même d’un « nos chances de survie viennent de doubler ». Que comprendre alors vis-à-vis de Decker avec une telle réplique ? Les officiers supérieurs n’avaient donc pas confiance en leur capitaine ? Et ce dernier avait il seulement conscience du manque de confiance de son équipage ? Encore un détail qui affaiblit la position de l’éphémère capitaine de l’Enterprise. Kirk en ressort plus grandi et consolidé que jamais, et cède même à la facilité en se montrant quelque peu effronté envers ses collègues de toujours.

 

Il était donc attendu après une telle ascension morale que Kirk tombe brutalement de son piédestal, ce qui ne saurait manquer avec le premier véritable incident de téléporteur mortel de l’histoire du show.

 

Dans Star Trek The Original Serie (TOS) , de nombreux épisodes se sont orientés vers des incidents de téléportation : des officiers restaient coincés au sol suite à des interférences empêchant le transfert, des dédoublements de personnalité morales comme physiques ont pu se produire …. Mais le tout trouvait généralement une solution heureuse en moins de 45mn. Le film ayant évolué vers d’autres sphères plus adultes, la téléportation de l’officier vulcain entrevu une poignée de minutes auparavant va se passer assez douloureusement, l’horreur étant palpable via une série de crie d’agonie du pauvre malheureux. Kirk a beau avoir repris le processus en main, il ne parviendra pas à le rétablir à son terme, le rappelant brutalement à son statut d’humain faillible et endossant lui-même la responsabilité de l’incident , dédouanant de fait l’ancienne infirmière Janice de tout remords futurs. Retrouverait on les prémices d’un capitaine bien connu ?

 

Seul regret de cette scène, même si ce qui va suivre n’était pas utile, il aurait été bon de voir à l’écran le résultat final de cet accident, afin de trancher avec l’aspect trop lisse de l’univers Star Trek. Dans Star Wars, les mains sont coupées, les droïdes explosés, les montures éviscérées pour se réchauffer quand on ne massacre pas un cousin éloigné du yéti pour sa survie. Les vaisseaux sont sales, abîmés, avec des câbles et une machinerie apparente ce qui donne un certain réalisme à l’ensemble. Enterprise gagnera beaucoup de ce point de vue dans sa troisième saison (dixit la loupe référente) avec un vaisseau en miette mais continuant vaille que vaille sa mission. Pour assouvir une pulsion sordide de corps mal recomposé, il faudra alors se tourner vers la Mouche de Cronenberg et peut être sa suite avec un Golden retriever qui aura sévèrement dégusté.

 

Star trek ne saurait se résumer (heureusement) à son vaisseau favori et c’est donc lors d’une réunion avec l’ensemble de l’équipage que va être brièvement introduite la station Epsilon IX (dont le visuel extérieur se réutilisé simplement à l’envers dans l’opus suivant pour la station de recherche à l’origine de Genesis… mais laissons Kahn survivre dans son vaisseau sur sa planète d’adoption ravagée par les intempéries pour le moment. Nous aurons tout le temps d’y revenir en détail dans un prochain article) qui vient d’être à son tour rejointe par l’Entité. Outre le fait que les acteurs à l’écran devaient en grande partie être ceux de la défunte Star Trek Phase II, cette séquence va permettre de cristalliser le peu d’informations connues sur l’Entité si ce n’est qu’elle semble réagir de la même manière à une attaque sans somation (klingons) qu’à une tentative de contact amical. On apprend aussi qu’elle mesure 82 unités astronomiques (pour info, 1 ua = 149 598 000 kilomètres) et qu’elle se dirige vers la Terre. Une fois la station Epsilon disparue, l’équipage de l’Enterprise a pris conscience qu’il s’engageait vers une mission sans retour.

 

Le vaisseau quitte alors son orbite de départ et vogue vers l’Entité, ce départ correspondant également à l’arrivée de deux de nos trois derniers officiers.

 

Le lieutenant Ilia entre en scène sur la passerelle de l’Enterprise. Membre d’une race encore inexploitée par la série d’origine, elle aurait pour faculté d’apaiser les douleurs mais plus intéressant, elle connaît déjà William Decker , ces derniers ayant visiblement été engagés dans une affaire sentimentale quelques années auparavant. Le parallèle est aisé avec le début de TNG où Riker et Troi avaient été dans la même situation, comme quoi l’univers Star trek se renouvelle et se recycle en permanence. Cette connivence laisse le champ libre à certaines scènes potentielles qui auraient pu apporter un peu de détente voir d’humour , impression renforcée par l’aspect jeune coq de Dekker qui parvient à retourner son humiliante rétrogradation au rang de conseiller technique et scientifique en une force véritable, preuve tangible de la confiance que lui témoigne le capitaine / amiral Kirk, celui-ci se prêtant d’ailleurs au jeu. Mais la mention du veou de célibat d’Ilia tue dans l’œuf cet espoir d’allègement… qui sera pris en charge par l’arrivée en fanfare de Bones à la demande de Kirk alors que l’Enterprise possède déjà un médecin de bord en la personne du Dr Chapel.

 

Néanmoins, plus que d’un médecin, c’est d’un ami dont a besoin Kirk et ce dernier va faire preuve d’une force morale extraordinaire par rapport à ce qu’il avait pu montrer jusqu’à maintenant.

 

L’arrivée de Bones va permettre au triptyque de se reformer en partie à moins d’un tiers du film. Il ne manquera alors plus que Spock pour reformer la fine équipe et peut être le lien si particulier qui s’en dégageait.

 

Bones était réserviste et sa venue à bord renvoie à la toute puissance de Kirk, qui bien qu’entachée par l’accident de téléporteur reste encore très présente. Dans le trio de base de Star trek, Kirk, Spock et McCoy sont les trois facettes d’une seule et même entité de commandement. Kirk représente la témérité et le courage, McCoy la conscience et le cœur et Spock la réflexion stratégique et indirectement la tempérance. L’arrivée de Bons va être marqué par deux considérations. La première va permettre de rompre la glace et d’apporter un côté humain à l’histoire, qui faisait jusqu’alors cruellement défaut. Il est le premier a refuser de qualifier l’Entité comme une chose, au contraire de Kirk qui qualifie ainsi avec une facilité déconcertante tout ce qui est inconnu. Il concrétise également le côté faillible de Kirk qui n’hésite pas à avouer qu’il a terriblement besoin de lui. Cet aveu qui convaincra le bon docteur de remonter à bord … non sans émettre certaines réserves quant à la nouvelle infirmerie et sa nouvelle résidente.

 

S’en suit un nouveau passage sur l’Enterprise qui va pour la première fois à l’écran passer en vitesse Warp mais de l’extérieur et non pas seulement de la passerelle. Et comme pour marquer l’évènement, un incident va se produire permettant de démontrer le côté indispensable de Dekker mais aussi de désamorcer la crise latente entre ce dernier et Kirk à la suite d’une spatiospirale , phénomène qui ne sera plus jamais réutilisé par la suite.

 

On voit alors toute l’utilité morale de Bones dans l’entretien en résultant, celui-ci permettant à Kirk de se tempérer et de mener à bien une courte introspection. Kirk redevient rapidement le capitaine que l’on connaît, faillible mais sachant reconnaître ses erreurs, sans honte, sans arrière pensée. Dekker se voit alors confier le rôle de garde fou et l’accepte. L’équipage est de nouveau unifié. Ou presque.

 

Il ne manque plus que le dernier officier de la série classique qui effectue une arrivée assez …. Illogique de la part de vaisseaux vulcains mais je vous laisse juge. Spock n’est même pas annoncé sur l’Enterprise puisque lorsque Tchekov arrive sur le plot d’embarquement, il est le premier surpris de voir débarquer son ancien supérieur qui ne se répand pas non plus en effusion de joie lorsqu’il regagne la passerelle pour se présenter à son capitaine/ L’équipage l’accueille avec chaleur alors que celui-ci prétexte simplement que l’Enterprise était le seul vaisseau à se diriger vers l’Entité et qu’il n’a fait que saisir une occasion opportune. Le trio est totalement reformé, l’aventure peut enfin démarrer … alors que le film tourne depuis 45mn. Spock récupère son poste comme si il lui était depuis toujours attribué, il est plus froid et distant que jamais et paradoxalement sa tenue vulcaine noire apporte une touche de gaîté inattendue sur laquelle peut se reposer l’œil fatigué du spectateur.


http://www.cinemafantastique.net/IMG/jpg/Star_trek_motion_2.jpg 

L’arrivée de Spock coïncide avec une explication du trio permettant d’expliquer à nouveau les motivations du Vulcain et la raison de son départ de Starfleet mais aussi pourquoi il est revenu sans prévenir... pour ne plus en partir comme il le dira en quelques mots à la fin du film. Spock a perçu les pensées de l’Entité alors que des vulcains plus expérimentés n’ont pas exprimé de doléances à ce sujet , ou plutôt n’ont pas voulu en émettre. Ce qui pose un problème de cohésion avec la série Enterprise et le background culturel vulcain en général. Les vulcains sont avant tout un peuple de scientifiques et d’explorateurs. Ce sont d’ailleurs eux qui ont permis l’expansion technologique des terriens. Comment un peuple avec une telle prédisposition a il pu ignorer l’appel de l’Entité ? Est-ce la solitude émise par celle-ci qui les a découragé ? La logique a telle tant pris le pas sur les autres considérations qu’il a fallu un sang mêlé à la configuration émotionnelle assez proche d’elle pour lui répondre ? L’Etendue delphique dans la saison 3 d’Enterprise avait pourtant attiré des vulcains malgré certains dangers dus aux anomalies spatiales. Comment croire qu’ils n’ont pas voulu mandater un vaisseau d’exploration pour étudier l’entité et que seul Starfleet ait dépêché un navire ? Certains argueront que Vulcain appartient à la Fédération et qu’il est logique de croire qu’à travers l’Enterprise , leurs intérêts sont également défendus et pourtant, pourquoi ne pas avoir envoyé un autre conseiller scientifique après la mort du premier ?..

 

Dans sa quête de perfection et de paix intérieure, Spock voit la sonde comme une solution et permet de se poser certaines questions sur sa loyauté envers Vulcain, Starfleet, les deux races dont il est issu mais aussi lui-même Fera t il alors passer ses intérêts propres avant celui de tout un peuple comme le souligne Bones ? Star Trek II se chargera d’apporter une réponse sans équivoque à cet épineux problème.

 

Le film devant avancer un tant soi peu et tous les hommes d’équipage étant à bord (soit une dizaine de personnes vu que les quelques 500 autres membres d’équipage n’apparaissent pratiquement jamais à l’écran….) , l’Enterprise finit par rencontrer la mystérieuse Entité. Comme d’établi au début du métrage, la rencontre est assez houleuse mais au détour d’un tir de torpille inconnue, Spock parvient à comprendre le fonctionnement et le mode de communication de leur ennemi du moment. Et tandis que l’Enterprise dont les boucliers ont réussis à encaisser la première décharge s’apprête à être frappé de plein fouet, Spock envoie un petit coucou adapté sur une simple onde radio. La menace s’efface alors d’elle-même et l’Enterprise est libre de pénétrer dans la nuée.

 

Cette séquence riche en tension, bien que l’issue soit prévisible, permet de se revenir sur plusieurs points. Comment Spock, bien que remarquablement logique, a-t-il eu l’idée d’aller explorer une bande passante à plus d’un million de méga hertz pour y trouver un signe quelconque d’attention non belliqueuse alors qu’il s’agit au départ d’une ancienne pratique de communication humaine, qualifiée par ce dernier de primitive. Si elle est aussi ancienne pour les humains, ne devrait elle alors pas être cataloguée comme préhistorique pour les Vulcains dont la technologie a longtemps été supérieure à celle de l’humanité ? Ensuite, on peut présupposer que la Fédération est considérablement en avance techniquement parlant sur les Klingons puisque leur système de défense a été inefficace contre l’Entité alors que l’Enterprise a su disperser l’impact énergétique de la première charge…. Pourquoi la station Epsilon n’était elle pas alors pourvue du même dispositif de protection ? Et pourquoi Starfleet ne met elle pas une bonne rouste aux Klingons histoire de calmer le jeu et d’installe un statu quoi entre les deux races ?....

 

Et n’omettons pas le traitement visuel de la visite spatiale de l’Enterprise qui s’approche métaphoriquement d’une pénétration sexuelle et du trajet d’un spermatozoïde vers son ovule matricielle …. Qui annonce d’ores et déjà le grand final. Regrettable reste cependant le temps interminable de la dite visite qui coupe une fois de plus une action et une qualité de situation qui ad u mal à se maintenir depuis le début du métrage à un niveau acceptable.

 

Dernière interrogation : durant cette micro période de crise , Tchekhov est victime d’une avarie conduisant à une brûlure assez grave sur une main. Ce dernier hurle (normal), tombe à terre de douleur (moins normal pour un militaire aguerri) et abandonne simplement son poste pour tenir contre lui son membre abîmé (inadmissible). Comment un officier supérieur peut il réagir de la sorte et comment se fait il que le médecin chef de bord rapplique aussitôt pour venir le soigner alors que durant l’attaque il est évident que d’autres officiers ont été blessés sur les ponts inférieurs. .. Cette propension à ignorer le personnel des ponts inférieurs pour se concentrer uniquement sur la passerelle restera l’un des gros défauts de cet opus, défaut qui sera largement rattrapé lors de la mort d’un proche de Scotty dans Star Trek II La colère de Kahn.

 

L’Entité a laissé entrer l’Enterprise qui poursuit un voyage limite onirique mais ne parvient pas à établir un contact durable avec lui. Le problème est résolu avec un sondage complet de l’appareil, lui permettant d’assimiler toutes les connaissances du vaisseau et accessoirement une base de données assez substantielle sur la planète Terre, et malgré l’intervention musclée de Spock pour essayer de verrouiller l’accès à l’ordinateur central, le Lieutenant Ilia est kidnappé par cette dernière. Ce fait restait également prévisible dès le départ car, comme cela fut souligné avec brio par Galaxy Quest (sur lequel je compte bien revenir aussi dans quelques temps) , les nouvelles têtes qui apparaissent au sein d’un casting établi sont irrémédiablement vouées à la disparition rapide et souvent même brutale (voir l’épisode TNG avec l’entité Nagilum qui veut expérimenter l’ensemble des morts possibles et connues sur les 2/3 de l’équipage uniquement par curiosité et dont la première victime est comme par hasard l’enseigne se trouvant aux commandes ce jour là auprès de Picard….).

 

Ilia est ensuite restituée sous forme d’androïde, messager de l’Entité dont nous apprenons enfin le nom : V’Ger. Ce dernier considère que les humains à bord de l’Enterprise sont de la vermine, véritables parasites au sein d’un organisme certes mécanique mais sain. La notion de créateur est aussi mise en place, V’Ger ayant fini sa mission première est cherchant maintenant à rencontrer son concepteur pour pouvoir connaître la prochaine étape, pour pouvoir se définir à nouveau lui-même. Cette notion de dépassement du programme initial se retrouve bien sûr sur les séries Tv via le personnage de Data, mais aussi du Dr Holographique. Le phénomène a même été poussé à son paroxysme avec Seven of nine qui doit dépasser sa condition supérieure pour retrouver les qualités de sa dimension première. Plus largement encore, on citera Matrix où les machines vivent une sorte de cycle vicieux puisque une fois atteint leur développement optimal, elles détruisent l’humanité en laissant un échantillon représentatif suffisant pour que la résistance s’organise et que tout recommence à nouveau jusqu’au chamboulement Néo qui les fera évoluer vers un autre type de cohabitation. Idem pour Tron où les programmes cherchent à s’affranchir de leurs servitudes humaines pour une autogérence qui conduira à une vacuité totale une fois les objectifs atteints.

 

http://www.scifi-movies.com/images/data/0002273/image4.jpgLe principe de but a d’ailleurs été repris dans Justice League Unlimited avec Brainiac et le Synthétoïde qui ont tous deux accumulé la connaissance ultime de l’univers et qui redoutent malgré tout le vide de leur existence. Luthor insistera lourdement sur ce raisonnement, ne cessant de pousser Brainiac dans ses retranchements jusqu’à ce que celui-ci reconnaissant l’inutilité de sa fonction première.

 

V’Ger en est arrivé au même stade. Il a exploré l’Univers, a été endommagé puis remis sur pied par un monde mécanique et a ensuite continué à s’accaparer la connaissance avant de revenir s’unir à son créateur pour pouvoir dépasser son programme d’origine. V’Ger, bien que machine, se pose les mêmes questions que nous nous posons tous à un moment ou à un autre (et qui ont vite fait de devenir exaspérantes lorsqu’on a 18 ans et que l’on commence une terminale L avec la découverte de la philosophie) Qui suis-je ? D’où viens-je ? O`vais-je ? Dans quel but ?

 

Ce questionnement intérieur renvoie d’ailleurs à la détresse même de Spock qui se fendra des premières et uniques larmes vulcaines de toute l’histoire de Star Trek (à l’exception de T’Pol et de Sarek, mais ces deux derniers étant malades, on ne peut décemment les compter dans ce nombre) , heureux à la fois d’avoir trouvé un frère de solitude mais aussi par la même occasion, d’avoir trouvé les réponses à ses propres questions.

 

De prime abord, devant la métamorphose d’Ilia , Dekker va refuser tout contact avec elle, soulignant une habitude récurrente dans le personnel de Starfleet, basée sur l’antinomie avec l’ennemi . On citera pour l’exemple Trip et Degra, Worf et les cardassiens, Laforge et les Romuliens … ce qui conduit inexorablement à un dépassement de soi pour accepter l’autre malgré les litiges en cours pour résoudre une situation qui serait resté dans l’état sans cette concession. Cette bonification morale s’appliquera aussi ici puisque Dekker ouvrira le dialogue et finira par effectuer le sacrifice ultime pour le bien de tous, notion qui elle aussi revient souvent dans Star trek et pas plus tard que dans l’épisode suivant.

 

Kirk, de son côté va rapidement comprendre que V’Ger se comporte comme un enfant suite à la menace de destruction de la Terre (entretemps, tout ce petit monde est revenu au bercail) et va en user pour réussir à entrer en contact avec la source et non plus avec l’émissaire.

 

On aborde alors un final onirique (peut être trop) sans pour autant être moralisateur et la révélation de la véritable nature de V’Ger semble à la fois évidente et parvient pourtant à surprendre. Je ne palabrerais pas sur le final , partant d’une volonté simple de ne pas gâcher un moment rare et intelligent dans l’histoire cinématographique de la science fiction , d’autant plus que ce moment intense et quasi magique pourra être ainsi être redecouvert d’un œil neuf par tous les nouveaux trekkies qui se laisseront happer par la préquelle prévue pour bientôt.

http://forgottensilver.files.wordpress.com/2008/11/trek.jpg

On retiendra néanmoins de ce premier essai au cinéma qu’il est assez réussi dans l’ensemble, brassant les grands thèmes de Star trek (humanité, dépassement de soi, acceptation de l’autre ….) malgré quelques lourdeurs de conception qui plombent parfois l’ensemble, tant au niveau visuel que scénaristique. 30 mn de moins aurait été profitable à ce film afin que ce dernier accède au statut de chef d’œuvre de la licence. On relèvera aussi un manque d’humanité et de chaleur flagrant dans le traitement général qui est corrigé sur la dernière demi heure.

 

Nous en resteront là pour ce Star Trek : The Motion Picture et je vous donne d’ores et déjà rendez vous pour la suite de ce dossier pluripartite avec le retour d’un bad guy charismatique au possible et qui va provoquer un phénomène encore peu usité au cinéma : la série TV de grand luxe puisque l’histoire débutera avec Kahn et finira sur des baleines …

 

Star Trek le film (Star Trek The Motion Pictures)

1979 - Paramount

Réalisateur : Robert Wise
Acteurs : William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan......

Genre : Science Fiction / Space Opera

Disponible en dvd édition collector director's cut, en blu ray édition simple et en blu ray US free zone avec vf/vostfr

 

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