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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 05:34

http://bdp.calvados.fr/files/content/mounts/Internet/BDP/Culture%20mag/2012/Film%20populaire/populaire-affiche-240.jpg?uuid=alfresco%3AInternet%3Aworkspace%3A%2F%2FSpacesStore%2Fb5216d31-ed1a-4a18-9787-bb719131e751Lorsque l’on pense à la comédie populaire française de ces dernières années, de gros succès peuvent nous venir instantanément à l’esprit, le moindre d’entre eux étant par exemple Bienvenue chez les Ch’tis et pourquoi pas sur la foulée Rien à déclarer. Les films de Boon sont d’ailleurs représentatifs de leur genre : populaire. Des films qui se veulent drôles, familiaux et qui permettent de passer une heure et demie de franche détente sans se prendre la tête. De ce point de vue d’ailleurs, le second est plus réussi que le premier mais les deux tapent parfois dans le comique facile voire vulgaire (les boulettes de drogues et leur cachette dans Rien à déclarer étant … révélateur).

 

Le gros souci, c’est qu’il s’agit là de films basés sur des canevas préformatés, jouant avec les mêmes visages, les mêmes ficelles et s’apparentant plus à des tv films du lundi soir sur TF1 (Joséphine Ange Gardien, Camping Paradis, Doc Martin….. dois je continuer l’affligeante liste ?) qu’à de véritables métrages. Je ne critique pas plus que cela les productions de la première chaîne et je reconnais que le médecin interprété par Thierry Lhermitte m’a fait sourire à plusieurs reprises.  Ce que je reproche, c’est le manque de courage, d’inventivité ou simplement l’absence de grain de folie dans ces productions qui font de leurs interprètes des peoples aisés qui se payent le luxe d’une pub pour Décolor’ stop … sans pour autant respecter leur public de base. France Télévisions avait en son temps tenter l’aventure d’adaptations à leur manière du monde d’Agatha Christie par exemple avec la série des Petits Meurtres … qui par le souci du détail, des décors et du casting volait largement dans les hautes sphères faces aux exemples précités qui ne font que nous abrutir à la longue sans rien nous apporter de concret si ce n’est deux interminables couloirs de publicités.

 

Heureusement, de temps à autre, un petit miracle se produit et nous offre enfin un divertissement de qualité, car le cinéma populaire français se sort parfois les doigts du fondement et nous propose un portage d’une excellente pièce de théâtre comme Le Prénom ou bien une adaptation basée sur une idée complètement saugrenue et qui passe pourtant admirablement bien comme Populaire.

 

La base de ce dernier est très simple. Dans les années 50, une provinciale qui ne connaît pas grand-chose des réalités de la vie, innocente et d’une fraîcheur confondante par à la ville pour se faire embaucher comme secrétaire. Le patron d’une petite compagnie d’assurances repère chez elle sa seule qualité, celle de taper extrêmement vite à la machine à écrire et germe alors en lui l’idée de l’inscrire au concours frappe dactylographique avec pour but d’en faire la championne des championnes.

 

Pas de quoi s’enflammer sur cette histoire  qui aurait à priori toute sa place dans un shônenme direz-vous ? Et bien vous auriez tort ! Le film est un trésor de sentiments et de situations cocasses entrecoupées de scènes d’un stress infini lors des compétitions. Populaire est un petit miracle d’équilibre. Les personnages sont peu nombreux mais dévorent l’écran, en particulier grâce à la brillante interprétation de son couple vedette.

 

Extraordinaire Romain Duris qui réussit la gageure de se bonifier à chaque film, promenant sa silhouette de dandy désabusé et usant de son charisme naturel (appuyé par une voix légèrement rauque inattendue pour ce type de gabarit) sans pour autant en abuser. Dès son premier regard, ses premiers gestes, pourtant très simples, il réussit à captiver le spectateur, nonobstant une très grande palette d’émotions qu’il maitrise parfaitement. Son personnage est déchiré par la vie et il parvient avec maestria à nous faire partager ses souffrances, capable de passer du rire aux larmes en un instant.

 

http://fr.web.img1.acsta.net/r_120_160/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/36/05/40/20288290.jpgBelle découverte avec Déborah François qui apporte toute sa candeur à un rôle pour lequel elle s’est battu et pour un personnage qu’elle sait rendre tout à fait crédible, que ce soit dans la découverte de la vie et de sa dureté mais aussi dans son talent à taper à la machine, talent que l’actrice a aussi travailler en vrai, pour donner d’autant plus de crédibilité à son rôle. Le résultat est convaincant. A cela, il est de bon ton de noter la véritable alchimie qui se crée sous nos yeux, être sourires discrets et regards appuyés entre les deux acteurs qui ne peut qu’emporter l’adhésion du spectateur.

 

Le background du couple vedette est également très bien orchestré, fouillé sans trop nous perdre mais suffisamment pour expliquer les bleus à l’âme de l’un et l’autre, chacun ayant eu son traumatisme par le passé (la guerre pour lui, un amour paternel distant et castrateur pour elle). 

 

Les seconds couteaux sont eux aussi à l’honneur avec Bérénice Béjo et Shaun Benson à l’accent délicieux qui opèrent comme un parfait miroir de ce qu’ils auraient pu être et ce qui peut les attendre tout à la fois. Couple d’amis fidèle qui aura tout compris avant les principaux intéressés et qui vont les appuyer de manière totalement désintéressée pour le simple plaisir de les voir se (re)trouver. Cela peut paraître anecdotique de lire cela, mais aujourd’hui, rares sont les amis ou relations proches qui agissent ainsi sans rien attendre en retour. Le fils Bedos quant à lui est tout à fait crédible dans le rôle d’un parfait salaud qui ne s’en cache pas. Il est rusé, hâbleur et perfide et pour un de ses premiers rôles, s’en sort parfaitement bien …. Même si je le soupçonne de ne pas avoir eu besoin de travailler beaucoup pour obtenir un tel résultat !

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/68/67/20255505.jpg


Les troisièmes rôles sont plus rares mais très présents lors de leur passage à l’écran via Eddy Mitchell ou Miou Miou qu’il est agréable de retrouver dans le rôle des parents de Duris et qui ont assez d’intelligence de jeu et d’esprit pour ne pas phagocyter l’image au détriment du futur jeune couple.

 

Côté histoire, tout est donc bien rodé. Qu’en est-il côté compétition dans ce cas ? Car filmer des affrontements de dactylo frappant à toute vitesse des pages à la machine, ce n’est pas forcément folichon. Et pourtant, à l’instar de l’entraînement de Rose par Louis, le tout s’apparente à une véritable course de formule 1, rien que ça ! Tous les ressorts possibles sont utilisés, du chrono toujours insatisfait aux moteurs qui calent, aux pilotes qui craquent et aux incidents de parcours qui font monter brutalement la tension, sans compter ce cliquetis de fou furieux (assez impressionnant en HD !) qui vous hypnotisent rapidement. De ce point de vue, le métrage est un vrai régal !

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/68/67/20255507.jpg 

Et si avec tout cela, vous n’êtes pas encore convaincu, reste en point d’orgue les minutieuses reconstitutions des ambiances fifties / sixties que ce soit en France ou aux Etats-Unis où se déroule la dernière partie de l’intrigue. Les us et coutumes sociales, les costumes, les coiffures et même un certain esprit critique sur la publicité à cette époque ou les nombreuses allusions à la célébrité nouvelle via une multitude de publications féminines pour lesquelles on aurait tendance aujourd’hui à ne plus se souvenir qu’elles sont si anciennes. 

 

Donnez sa chance à Populaire, vous en ressortirez heureux et conquis ! Et n’attendez pas une diffusion par France télévisions qui a une fâcheuse tendance à passer ses productions en quatrième partie de soirée, prenez directement le bluray qui est de haute volée.

 


 

 

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