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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 09:00

dr-no-affiche.jpgLe début d’une licence est toujours emprunt d’une certaine émotion de par les éléments qui lui sont inhérents : mise en place de personnages, gimmicks de cette dernière, codes pour les films à suivre…. Cela est d’autant plus intéressant quand on s’attaque au pilier de ce qui sera une véritable aventure cinématographique.
L’histoire des licences est ainsi jalonnée d’énormes succès mérités (James Bond , dans une moindre mesure les Harry Potter eux-mêmes tirés d’une licence littéraire, tout comme James Bond) ou immérités (la trilogie Matrix qui se perd dans des conditions métaphoriques et métaphysiques hallucinantes, Underworld au scénar si brouillon que le second opus est parfois incompréhensible….).

James bond occupe une place à part dans le monde feutré des salles obscures car il représente le début des licences, historiquement parlant. C’en est aussi le parangon avec 24 opus jusqu’à ce jour (officiels (Golden Age), non officiels (Jamais plus Jamais), parodiques (Casino Royale) ou refonte (Dany Craig)).
Ce préambule étant établi, attaquons nous donc à ce petit film de 1962 dont personne n’aurait pu prédire une telle destinée.

Dr No, comparé à ses successeurs de la période Moore, possède un charme désuet et suranné, âge oblige, qui ne dénature pas pour autant le film. Le film, nommé à l’origine sobrement Dr No, est un hymne à son personnage central, James Bond. Tout est articulé autour de ce dernier et pourtant… Terence Young ne nous le présente pas immédiatement. Il aurait été trop simple de procéder autrement. L’essentiel était de placer un contexte, qu’il soit historico – politique ou simplement scénaristique, de manière à amener justement le spectateur à apprécier par avance l’arrivée du sauveur du MI-6.

On commence donc par un effet d’annonce classique aujourd’hui mais qui devait, pour une première fois, faire son petit effet avec le personnage central tirant une balle en direction de la salle pour débuter par un générique au thème extrêmement novateur. Le métrage est un polar d’espionnage (le mélange des genres a parfois du bon) est on est de suite dans l’ambiance.
S’en suit donc une scénette des plus banales avec des joueurs de cartes dont l’un d’eux doit s’absenter mystérieusement afin de faire son rapport quotidien à ses supérieurs. Ce dernier se fait bien sûr liquider et arrive alorsdr no 2 dans une mise en scène parallèle un autre club, l’action se situant de nouveau sur une table de jeu de carte avec une vue sur l’ensemble des protagonistes sauf un, qui reste obstinément de dos (en fait, on ne lui voit que les mains).

La caméra, après un « duel » typique de joueurs blasés s’arrête enfin sur cette silhouette et le mythe bondien prend forme dans toute sa splendeur et sa décontraction.
Suite ensuite de la mise en place avec le bureau de M, le passage de Money Penny qui dédramatise le fait qu’un agent se soit fait dessouder (accessoirement, sa mort ne servant qu’à amener le perso de Bond) et enfin l’arrivée en Jamaïque.
46 ans nous sépare de la sortie de ce métrage et pourtant, là où d’autres films de cette époque ont très mal vieillis, ce Bond parvient à nous faire passer un bon moment, sans trop de temps mort et sans ennui (j’avoue que c’est la première fois que je vois cet opus, cela aide peut être mais je tenais à le préciser), la faute sans doute à un acteur ,certes débutant, mais habité par son rôle et à de multiples rebondissements qui se suffisent à eux même. La force de ce film d’espionnage réside justement dans sa nature : l’espionnage proprement dit. Le réalisateur n’a recours à aucun moment à des gadgets inutiles et pompeux, le peu qui reste utilisé à une réelle importance dans l’action (le compteur geiger par exemple) et les multiples moyens usités pour mettre un terme à la vie du héros sont aussi simples que redoutables et permettent, via une caméra experte , de distiller de bons moments de suspenses (la veuve noire, le passage ô combien cliché des bambous, l’évasion de la cellule à travers un véritable labyrinthe, le café empoisonné….). Un autre point positif : Bond est un espion, de surcroît un double 00 depuis une dizaine d’années maintenant, et cette vie reste la sienne. Connery ne se contente pas de jouer l’espion, il l’est , simplement. De nombreux moments à priori anodins ou rapides dans le film le démontrent. Sans cesse sur ses gardes, loin de la candeur d’un Moore voir même d’un Brosnan, Connery , avec une nonchalance travaillée, déjoue de nombreux pièges. On pensera pour cela au cheveu collé sur l’armoire, à la poudre déposée sur la mallette (pour les plus évident) mais aussi à la valise levée à hauteur de visage au moment opportun à l’aéroport, à la bouteille cachée dans un tiroir… (pour les plus subtils).

dr no 1Autre point fort de ce film, qui sera souvent oublié par la suite dans de nombreux opus, le personnage essentiel, le bad guy. A lui seul, le Dr No pèse sur tout le film et nous ne le découvrons que petit à petit, sans effets d’esbroufe. Son nom, bien évidemment, est connu depuis le générique mais on ne le voit vraiment dans le film qu’au détour d’un dossier. Puis il est dit verbalement en l’associant à son origine chinoise et à son île. Vient ensuite la découverte visuelle de celle-ci via le professeur de géologie puis celle de sa voix.
Enfin, après 1h20 de bobine (!) on le découvre via le seul autre thème musical du film , ce qui lui confère une existence, par un plan rapproché sur ses pieds puis sur ses mains. Enfin, peu après on le découvre dans son entier, sobre et efficace. Un génie criminel qui ne fait pas dans le grandiloquent. Il est puissant, craint et influent et il le sait. Il n’en joue pas et c’est cela qui le rend aussi intriguant. Le fait qu’il balance entre deux mots d’esprit le concept du « Spectre » est quasi anodin tant il magnétise l’image. Et c’est là la marque d’une maestria de scénariste et de réalisateur. Le personnage qui possède son nom sur l’affiche est finalement celui qu’on verra le moins mais qui aura tué le plus de monde !

Reste évidemment, à part ces éléments maîtres, les signes classiques de la franchise : la James Bond Girl (qui ne dr no 3savait pas à l’époque qu’elle en était une) en Ursula Andress , délicieuse ingénue parfois casse couille (J’ai peur, je ne veux pas, je veux rester avec vous, non, non, non etc…. ) qui plonge notre héros dans quelques situations qui auraient pu être évitables. On notera aussi des paysages splendides car même si les intérieurs ont été tournés dans les studios Pinewood, les extérieurs sont de toute beauté, quitte à passer pour une succursale de l’office du tourisme jamaïcain ! Le passage du « boss » de mi niveau insurmontable reste mon seul regret dans cette entreprise avec cette stupide croyance de l’existence d’un dragon terrorisant tout ce qui bouge et qui se révèle être un simple tank maquillé avec un lance flamme (superstition d’autant plus obsolète que les natifs connaissent l’existence des compteurs geiger, de la radioactivité et autres moteurs … faut pas pousser quand même !).

L’affrontement avec No est aussi un peu sous-exploité physiquement (car intellectuellement, on passe un excellent moment) et sa mort est aussi absurde que son désir profond d’être reconnu pour ses talents (la rancœur d’avoir été rejeté par la différentes puissances reste paradoxale de la part d’un être qui a été accepté comme trésorier d’un puissant cartel malgré ses origines mêlées, ce qui relevait alors de l’exploit pour une telle organisation).

Reste un bon film vintage, efficace dans son propos, classieux dans sa mise en forme. Des débuts prometteurs pour l’agent 007…

 

 

 

Dr No

 

1962 – MGM / Inited Artists

Réalisateur : Terence Youg

Acteurs : Sean Connery, Ursula Andress 
Genre : Espionnage 

Disponible en dvd, dvd collector et Ultimate, en Bluray

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commentaires

Z
<br /> <br /> C'est une saga à laquelle je n'ai jamais accrochée (d'ailleurs, tu n'es pas très fan de Matrix ?)...<br /> <br /> <br /> En tout cas, c'était une belle critique à lire !<br /> <br /> <br /> <br />
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