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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 01:13

the batman season 5En cette période très riche en adaptations Dc et Marvel et à l’aube d’un deuxième épisode de Superman à la sauce Nolan et d’un JLA live, revenons un peu sur l’aventure DC en dessins animés et sur la fin de la série The Batman.

 

  Un petit retour en arrière

 

Les plus jeunes d’entre nous se rappelleront sûrement un programme phare qui a été diffusé dans le courant des années 90 et qui a du susciter plus d’une dispute à la maison entre les parents qui voulaient regarder le journal sur la une ou la deux après une dure journée de travail et les enfants, à savoir nous donc, qui bien que n’ayant rien fait de spécial de la journée exprimions tout de même certaines revendications d’ordre puéril pour pouvoir continuer à farnienter devant un petit dessin animé à priori anodin mais qui permettait de réinventer complètement l’univers d’un personnage phare, venant tout juste de nous en mettre plein les yeux sur grand écran…

 

Ces quelques notes de Danny Elfman qui retentissaient alors avaient le don d’ouvrir la boîte de Pandore de notre imaginaire et de laisser vagabonder librement nos pulsions de geeks naissants sur un chemin pavé de briques jaune mais d’un jaune sale, presque gris, celui des bas fonds de Gotham. Et pendant que les parents continuaient de s’époumoner dans la cuisine pour de vagues questions d’éducation, le Joker sortait sa boîte à malice, les doubleurs français de Danny de Vito et de Michelle Pfeiffer donnaient vie au Pinguin et à Catwoman tandis que l’homme mystère était à deux doigts de découvrir la véritable identité de Batman alors que celui-ci se battait une fois encore contre l’obscure humanité de Freeze prêt à tout pour sauver sa belle des griffes de la mort en n’ayant finalement que peu d’intérêt suite à une résurrection toujours plus inatteignable qui le ferait voir comme un monstre destructeur d’une race…  


Bien évidemment, calfeutrés dans nos fauteuils et dans nos chaussons douillets, une poupée Kenner Parker à la main de Double Face ou de Robin, nous ne réalisions pas encore que la Warner Bros (dont le logo disparaissait subrepticement pour laisser apparaître un dirigeable de la police menaçant dans un ciel aux couleurs chaudes déclinant progressivement) venait de réinventer le dessin animé pour enfant, considérant sa cible privilégiée suffisamment mature pour pouvoir enfin posséder plusieurs sens de lecture tout en permettant aux jeunes arrivants de pouvoir se faire plaisir simplement avec une bonne histoire. La Warner venait donc de frapper très fort dans cet univers dominé par Hanna Barberra et une souris et un canard aux dents si longues qu’ils laissaient systématiquement derrière eux des traces de griffes dans le parquet.

 

  Batman the animated serie

 

Batman-TAS1Le Batman de la Warner, brillamment apporté sur un plateau par une fine équipe ayant à sa tête un certain  Paul Dini accompagné d’un  autre visionnaire, Bruce Timm réussissent l’exploit d’offrir au jeune public une histoire à priori manichéenne opposant d’une part le bien (Batman , Robin, Alfred et les autres)  d’autre part le mal absolu (le Joker, Bane…). Jusque là rien que du trè banal, comme pouvait en offrir le défunt studio Filmation dans les années 60-70 avec des titres phares comme Superfriends, The new adventures of Superman / Batman…. Mais que faire alors de personnages comme Catwoman, Clayface ou le Dr Langstrom  qui sont sans cesse partagés entre les deux côtés, Selina Kyle avec son amour de la faune et de la flore (bien que Poison Ivy lui dame un peu le pion sur ce terrain), Matt Hagen qui ne demandait qu’à réussir sa vie d’acteur ou Langstrom qui joue un revival du Dr Jeckyl et Mr Hyde dans une forme antinomique à celle de notre héros….


Batman insère ainsi des nuances de gris dans l’univers rose des cartoons, univers dans lequel les mauvais peuvent s’allier pour une cause juste, dans lequel l’individualiste saura se confier, dans lequel le parangon de vertu peut se fissurer pour laisser apparaître un monstre encore plus sombre et vil que ceux qu’il combat ardamment…


Terminé l’univers joyeusement kitsh de la série produite par la Fox dans les années 60. Quand à l’initiative à l’époque de Batman Begins de proposer en dvd le méconnu mais assez drôle Dans la grotte de Batman, n’en parlons même pas sous peine de nous éloigner de notre sujet.


La Warner reprend les choses en main, confortée par le succès d’un dessin animée sur une chaîne concurrente à une heure de grande écoute, les Simpson pour ne pas les nommer, et s’inspirant de l’univers de Burton et de son premier opus si merveilleusement bien rendu à l’écran, pour nous offrir un show unique, mais pour lequel il faut bien garder à l’esprit qu’il reste dans la continuité du Batman de 1989 puis de sa suite, Batman Returns.


S’en suivent trois saisons composées d’épisodes extraordinaires parmi lesquels on citera à l’emporte pièce Bas les masques, le Plastiqueur fou, Rendez vous à la rue du crime (saison 1), Rêve ou réalité, Robin se rebiffe, le jour du Samouraï (saison 2), Bane, la cité congelée (saison 3).

 

Cette fine équipe réussi un travail d’orfèvre, riche de qualité , avec des dessins et des ambiances encore inconnues et d’une richesse rare pour un dessin animé, raflant au passage moultes récompenses et parvenant même à introduire un nouveau personnage, Harley Quinn, qui sera intégrée par la suite à l’univers DC de manière définitive et qui reviendra en live en tant que Big Boss d’une série entière dans Bird of Preys contre la Chasseresse et Oracle (au passage , cette série, même si elle possède quelques lacunes, reste une tentative heureuse de retranscrire un Gotham particulier, sans Bruce Wayne mais toujours dominé par l’ombre de Batman de son premier plan d’ouverture au dernier dialogue de la série par téléphone avec Alfred….).


Mais le potentiel DC est vaste, tellement immense qu’il aura fallu une saga entière (Crise of Infinite Earths) pour réussir à la juguler dans le monde de la bande dessinée alors qu’il fait défaut dans la version animée. Car au bout de trois saisons, et bien que le show n’ait jamais fait preuve de recyclage dans ses intrigues, il faut bien reconnaître que le monde ne s’arrête pas à Gotham. Certains argueront que les épisodes avec Ra's Al Ghul ou ceux concernant Kyodai Ken permettent un dépaysement certain mais tout ne se limite finalement qu’à Bruce Wayne et aux déviants de Gotham. Métropolis est bien sûr mentionnée dans quelque dialogues (elles ne sont éloignées dans la bd que d’une trentaine de kms) mais jamais il n’est question des autres héros (Superman) ou des autres villes (Central City / Flash , Edge City/ Green Arrow….) et à part une introduction sympathique de Zatanna membre à part entière de la Ligue de Justice, force est de reconnaître que tout cela fonctionne dans une autarcie phagocytant toute tentative d’extension.


La série s’achève alors sur un épisode mineur mettant en scène Batgirl et Catwoman s’alliant dans un but illusoire, chacune étant ce qu’elle est, sans faux semblants véritables.

 

Superman the animated serie

 

 

Superman TAS Flying by Daniel san555Après les sombres ruelles de Gotham et le ballet incessant de bad guys qui entrent et sortent d’Arkam comme vous et moi d’une boulangerie, la Warner met en chantier par animation ce qu’elle n’a pas réussi à faire au cinéma, à savoir une adaptation de Superman, autre fer de lance majeur de la firme au blason, afin de pouvoir alterner avec Batman.

 

 

Pari risqué mais potentiellement jouissif vu la maîtrise démontrée pour le chevalier noir. Bien que la Warner n’aie toujours pas rétroactivement parlant réussi à rentrer dans ses frais pour la franchise Superman avec le regretté Christopher Reeve (le second épisode devant éponger les dettes du premier puis le troisième celui de ses deux aînées, entreprise périlleuse ayant conduit Warner a céder ses droits à Cannon pour un ultime opus) et nonobstant le gouffre financier du futur Batman et Robin (film qui renoue brillamment avec un budget pharaonique et un cast de cinglés avec le show des années 60, comme brillamment démontré dans ces colonnes), la machine est relancée et le kryptonien renaît de ses cendres avec des bases également réinventées, qui seront réutilisées dans Lois et Clark par la suite, via un Krypton détruit par Brainiac (ce qui tranche avec la vision de Donner puis de Singer) , les parents Kent toujours en vie et fier de leur fils et quelques autres petits détails….


Peu importe. Luthor débarque lui aussi, sorte de Wayne négatif, accompagné de toute une clique de vilains propres à l’homme d’acier (Métallo, Mxyzptlk, Bizarro et consort, je ne saurais que trop vous conseiller pour en apprendre plus, de vous rendre sur l’excellent site www.latourdesheros.com qui offre un panorama bien plus complet que ma petite tentative d’analyse sur ce véritable pan de la culture DC). Et pour trancher définitivement avec les échos gothico-urbains de Gotham, une toute nouvelle charte graphique est crée afin de fluidifier le dessin et l’animation et d’obtenir des lignes épurées. Les couleurs aussi sont revues et corrigées, ce qui permet d’établir un rapide parallèle entre les deux héros.


Batman est un être complexe, devant sans cesse se battre pour ne pas mordre la ligne jaune, à l’intellect exceptionnel et dédalien (on me pardonnera aisément ce barbarisme). Ses racines ont une origine dramatique et son leitmotiv qui aurait pu être la vengeance s’est finalement orienté vers une volonté farouche que quelqu’un d’autre ne revive pas son histoire. Il joue sur la peur, entretien le mystère pour compenser ses limites humaines et parvient à conserver l’héritage moral de ses parents tout en doutant sérieusement de leur virtuelle approbation. Wayne est dévoré par les cas de conscience et n’existe finalement que comme un costume permettant  Batman de pouvoir s’afficher au grand jour. Pour s’en convaincre, il suffit d’essayer de relever le nombre de passages où Batman se trouve dans la batcave avec la cagoule défaite… laissant alors apparaître Wayne. Vous ne devriez pas en trouver beaucoup. Dans la bande dessinée et dans la novellisation, cette aspect déjà quasi schizophrénique est encore plus ambiguë. Denis O’Neil, dans son adaptation de la saga Azraël Crépuscule joue de ce double visage via Bane lorsque celui-ci vient détruire le guerrier et non plus seulement Wayne ou Batman au cœur de la batcave, mais bien l’essence de justice (et non de loi, car est considéré comme hors la loi le justicier) puisqu’il exige que Batman, qui vient de passer les cent dernières heures à coffrer tous les échappés d’Arkam que Bane a pris un malin plaisir à détruire pour éprouver la résistance et la volonté de son adversaire, qu’il combatte à visage découvert.    

   

Gotham n’est qu’une extension du Batman, entité protectrice, ange déchu assurant la sécurité de sa cité sans recourir aux mêmes moyens que ceux qu’ils pourchassent (jusqu’au fameux dérapage de Batman Beyond où il finit par recourir à une arme, car terrassé par un  malaise cardiaque) étendant ses ruelles comme des émanations sombres de la personnalité et des  doutes de son protecteur. L’architecture gothique exerce également un prolongement quasi subliminal de cet être à la fois déstructuré mais à la volonté inébranlable. Tant que l’injustice règnera, tant que des malades comme le Joker ou le ventriloque hanteront les rues,  réminiscence de sa naissance, le Batman ne pourra trouver de paix et la ville continuera de trembler dans l’ombre d’un méfait prochain. D’ailleurs, tous les ennemis de Batman, en grande majorité de simples mortels sans pouvoirs surhumains, reprennent la trame de cette ambivalence. Tout se base finalement sur des travers de l’esprit, les opposés de Batman passant le plus clair de leur temps à se combattre eux-mêmes avant de réellement exercer leurs envies de destruction. Double Face en est le meilleur exemple, le ventriloque n’est qu’une version bêta de cette dualité tandis que le Joker, complètement dément trouve son opposition salvatrice on pas en lui mais physiquement en Batman. Et au contraire d’un Spiderman à la galerie de vilains totémiques (Vautour, Rhino et autres Doc Ock) , le monde du Batman repose essentiellement sur des psychés et non sur des extériorisations, si ce n’est celles d’un siècle malade dans lequel un enfant ne peut quitter une salle de cinéma sans risquer de voir mourir ses parents sous ses yeux.


Métropolis, pour sa part, est une matérialisation directe de Superman. Vive, ensoleillée, toujours en activité, possédant des buildings qui déchirent le ciel et non la nuit, elle offre des lignes modernes, droites et épurées. Le nombre de lignes de forces et le jeu des courbes  / contre courbes est réellement impressionnant dans le traitement visuel de la série. Pas une brique, pas une fenêtre ne renvoie le regard sur une autre brique ou une arche, ancrant dans le marbre et pour l’éternité une ville à l’apparence si solide que rien ne semble pouvoir l’ébranler. Tout comme l’home d’acier. Les couleurs apportent une chaleur à l’ensemble faisant bien sûr écho au costume du héros mais aussi à un way of life totalement inconnu à Gotham ou tout est terne , jusqu’à l’éternel complet que porte Wayne en toute occasion. Et Kent prolonge cette impression de confort avec un ensemble bleu apaisant , permettant à son personnage de ne pas exister … quoique. Car comme le dit Carradine dans Kill Bill 2, Kent n’est que le costume de Superman, qui lui permet d’apparaître en toute quiétude dans le monde bassement normal de l’humanité.


Et pourtant.


Wayne n’existe pas. Il est mort à l’âge de 10 ans, avec ses parents. Seul Batman a survécu et oute la vie de Wayne s’organise autour, en affaires comme en amour. Si Wayne est discrédité aux yeux du monde, Batman ne le ressentira même pas. Faite disparaître Batman et Wayne ne survivra pas plus de quelques heures, le problème ayant même été le sujet d’un  épisode où le chapelier fou était parvenu à enfermer Batman dans un monde de rêve où Wayne était pleinement Wayne sans aucune double vie. Le final vous est connu.


Kent lui EST Superman. Maladroit certes pour protéger son secret mais la personnalité de Kent est la personnalité réelle de l’homme d’acier et non pas une façade comme celle entretenu par Bruce. Faites disparaître Superman, Kent pourra vivre une vie normale. Eliminez Kent, et Superman ne s’en remettra pas, puisque Kent représente une soupape de sécurité indispensable à l’équilibre du kryptonien (et qui pose tant de problème dans la série Smallville qui ne porte que sur Clark et ce qu’il est et non pas sur la naissance de Superman, au contraire de Lois et Clark ou de la série Superboy qui mettait déjà en scène un héros ayant accepté ses deux personnalités à part entière). Pour résumer tout cela, Batman n’est pas Bruce Wayne alors que Kent est Superman.

 

Ayant compris les faiblesses (si l’on peut dire)  de Batman the animated Serie, toute la fine équipe met en place une histoire sur une saison et demie permettant de réécrire légèrement la genèse du héros, nous offrant du même coup un pilote se déroulant quasiment tout du long sur une Krypton encore prospère, ce qui restait jusque là inédit puisqu’à l’accoutumée, nous n’avions droit qu’à une espèce sur le point de s’éteindre dans les flammes au milieu des glaces… 

 

Les badguys sont légions mais possèdent eu aussi, à l’instar de Batman, une psychologie extrêmement fouillée à l’image de Metallo qui n’a plus rien à voir avec la frêle tentative live de Lois et Clark. Et là, c’est la surprise , on introduit des personnages fort de Dc comme le Flash qui arrive sur l’air composé à l’époque pour la série live éponyme avec John Wesley Snipp , le Green lantern ou encore Aquaman.


Les intrigues sont assez forts, parfois véritables arcs scénaristiques pouvant être mis en corrélation avec les films des années 80, à considérer comme des interludes entre chaque aventure.

 

Quand Superman rencontre Batman

 

Le coup de génie explose alors avec le lancement de The New Batman adventures, à la ligne éditoriale complètement remaniée et qui pour des histoires de droits permet maintenant de mettre en place des crossovers multiples entre Gotham et Métropolis avec un Batman plus âgé de quelques années et dont les travers précédemment cités et encore sous jacents prennent véritablement le pas sur Bruce Wayne qui n’est maintenant plus qu’un pantin, un os à jeter aux journalistes pour se détourner des activités nocturnes du play boy.


S’en suit alors, suite à ce triple épisode (Nec plus ultra / World’s Finest)  de confrontations entre le Joker, Luthor et les deux héros une influence déterminante. Le monde de Superman va en ressortir changé. Les dimensions parallèles (clin d’oeils aux différentes terres de la version papier de l’âge d’argent ?) vont être explorées, offrant des visions d’un Superman faisant passer Batman pour Flash dans la conception de la vie.

 

Les confrontations et intrusions répétées de Batman dans le monde si lumineux de Superman vont enflammer les scénaristes qui vont pouvoir de nouveau renouer avec la noirceur de certains sujets et commencer à développer le côté obscur de l’homme d’acier. C’est dans cette période faste que Luthor ne suffit plus comme Nemesis et que l’arc qui va s’étaler sur plus de 20 épisodes jusqu'au doublé final très peu diffusé à la télévision et permettant d’effectuer une quasi fusion de Métropolis et de Gotham va se concrétiser avec l’arrivée de Darkseid, le vilain ultime de chez Dc , aussi fouillé et complexe que le Thanos de la Marvel (à quand un film mettant en scène l’un de ces dieux qui ne sont pourtant pas du côté du mal, puisqu’il se situent au-delà de cette perception basique ?).

 

legacy

 

Résultat de ce mélange d’influences ? Après avoir tué (une première dans l’univers animé du kryptonien alors que le phénomène avait été intégré dès le départ sur Batman) un des personnages humains centraux de Metropolis , Superman, inattaquable sur le plan physique va être manipulé psychiquement par Darkseid qui va adopter Kal-El et en faire son général pour aller mener ses troupes contre la Terre. A visage découvert.


Le temps que Superman reprenne ses esprits, il a perdu la confiance de la l’humanité et fait le jeu de l’armée qui avait toujours crier à qui voulait l’entendre que Superman n’était que l’éclaireur d’une invasion extraterrestre.


La série s’arrête alors dans un climat de pessimisme dépassant largement le cadre du la série animée originale de Batman dans lequel Sup’ va devoir faire face à la plus grande mission de sa vie : regagner la confiance de ses contemporains.

 

A suivre prochainement ! Bonne semaine à tous!

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