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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 02:33

affiche9ème opus des aventures de l’espion britannique, cet Homme au pistolet d’or peut se prévaloir de nombreux atouts en la personne de Christopher Lee, avec la prestation inspirée de Roger Moore ou bien encore via un superbe QG de bad guy sortant un peu de l’ordinaire, nonobstant bien évidemment la carcasse du Queen Elisabeth.


Il souffre néanmoins de nombreux défauts comme des JBG toujours inutiles, le retour de l’infâme shérif Pepper (le pire vilain de la franchise) , d’un scénario prétexte et peu crédible (malgré un contexte économique international touché de plein fouet par les crises pétrolières) et j’en passe.


Vous savez donc la couleur. Fan de cette mission passez votre chemin (ou prenez en plein le pif, c’est au choix).


Le film s’ouvre donc, une fois n’est pas coutume, non pas sur la dernière action surhumaine de Bond mais dans l’ambiance feutrée du QG de Scaramanga. Parti pris scénaristique intéressant en soi, puisque nous permettant de nous familiariser d’emblée avec le vilain de l’épisode et sur ses infrastructures (du moins en partie, toute la partie Sol –X restant à venir) ainsi que sur sa motivation première, une confrontation avec Bond. Notons au passage que pour un agent réputé secret, Bond est plutôt bien connu de tous, qu’il s’agisse de la police de Louisiane, de la CIA, ou bien encore des super vilains de la franchise. Scaramanga possède ni plus ni moins qu’un double de cire de l’agent 007 ! Le générique s’ouvre alors sur une ultime démonstration de l’habileté meurtrière de ce tueur à gage si particulier. Car Scaramanga n’a absolument rien à voir avec les précédents méchants. Dr No, Blofeld et consort appartenaient au Spectre tandis que Goldfinger et Stromberg n’étaient rien d’autre que des mégalos ayant quelques rêves de portée mondiale pour satisfaire leurs envies ou leurs ego.


Scaramanga n’est rien de tout cela, puisque proposant ses services au plus offrant, en tant que simple exécutant, le tout avec un certain raffinement. A priori, rien de bien excitant dans ce bref portrait. Et pourtant.

 

golden 1


Physiquement tout d’abord, Scaramanga tient la dragée haute à 007 : élancé et de grande taille, il est aussi très précieux dans ses déplacements. La manière de s’exprimer reste également bien élaborée, nonobstant un côté british lui aussi en parallèle avec 007. De plus, il est redoutablement efficace. Du personnage fade du roman, Christopher Lee a su donner une interprétation haute en couleur dans laquelle réside un des points forts de cette mission. Avec tous ces attributs, Scaramanga aurait pu devenir un espion redoutable. Ayant choisi les chemins de traverse, il va se révéler un véritable pendant maléfique de Bond, son âme damnée. Dans toutes les grandes franchises télévisuelles ou cinématographiques, le héros possède toujours une Némésis aux pouvoirs similaires.


On a pour l’exemple des opposés célèbres : Superman / Bizarro , Flash / Dr Zoom, Rocky / Appollo, Victor Newman / Jack Abbott, le grand Schtroumph / Gargamel, Starfleet / le collectif Borg  …..


Il n’y avait donc aucune raison qu’un Némésis de Bond ne soit porté à l’écran, d’autant plus que le MI :6 avait eu longuement droit au sien avec le Spectre.


golden 2Moore pour sa part s’en sort avec flegme et assurance et une fois encore, démontre qu’il possédait bien toutes les aptitudes à assumer le rôle de Bond. La VO est d’ailleurs à ce point de vue surprenante, apportant une couche supplémentaire de psychologie au personnage, le raffinement côtoyant avec bonheur la force tranquille du personnage et un humour pince sans rire sans cesse développé depuis Dr No. Excellent dans sa position envers les femmes, nécessairement froid lorsqu’il s’agit de leur soutirer des informations, ce qui peut à priori choquer venant de Moore, en particulier quand il passe à tabac (méthodiquement) Maud Adams pour savoir où se trouve Scaramanga. Profitez bien de ces quelques plans, car il a  été décidé par la suite de le montrer beaucoup moins violent dans ces situations, dixit les bonus de l’espion qui m’aimait .


Le personnage de Nick Nack est également une bonne trouvaille car on ne sait jamais s’il est réellement attaché à Scaramanga durant le film, semblant n’attendre qu’une chose, sa mort pour pouvoir hériter du complexe de ce dernier. Même lors de l’affrontement final sur la jonque, on ne sait s’il essaie de  tuer Bond pour venger son défunt maître ou parce qu’i a tout perdu dans l’explosion du QG. Ce moment précis mis à part, force est de reconnaître que ses interventions sont toujours savoureuses, apportant un peu de sel à l’action, en particulier lors de l’exécution du pré-générique. Ce sidekick est d’autant plus méritant qu’il est toujours de bon conseil et qu’il permet des ressorts scénaristiques intéressants comme lors du match de kickboxing.


golden 3Les JBG, malheureusement ternissent l’ensemble de ce casting choisi. Bonne Nuit est confondante de banalité et aurait plutôt tendance  à crisper le spectateur qui se croirait pour un peu revenu au temps des Diamants sont éternels avec cette cousine cachée de Jill St John. On peut au passage se demander quels sont les critères d’évaluation d’entrée au MI :6…. Maladresse, manque d’à propos, étourderie, un autre Némésis parfait de Bond …. Dans la crétinerie. Et ce n’est pas Maud Adams, JBG du vilain, histoire que l’opposition Lee / Moore soit complète, qui relèvera le niveau. Qu’il s’agisse des scènes avec Scaramanga (à dominance fortement phallique avec le golden gun, ce qui est en soi assez osé quand à la considération de ce dernier sur les femmes, nous ramenant directement à Dr No sur le sujet et faisant fi des avancées considérables amorcées avec Pussy Galore et Tracy) ou avec Moore (le pistolet sous la douche, mais bien sûr) , elle échoue sur toute la ligne et le spectateur lambda ne l’appréciera à sa juste valeur que dans une scène unique, celle de sa mort.


Tout Bond qui se respecte doit se démarquer avec une cascade ou une scène mémorable. L’Espion qui m’aimait avait la scène du parachute, Dr No avait Ursula Andress (jouer une jolie potiche n’est pas aussi évident que ça quand on y réfléchit bien) , Bons Baisers de Russie avait la scène du train ou bien encore la mort de son faux Bond, Goldfinger était en soi mémorable, Opération Tonnerre avec le Disco Volente répondait aussi à l’appel et Ohmss avec la mort de Mme Bond avait placé la barre très haut (d’ailleurs, annonce pour tous pour les réactions un peu plus bas, quelle est votre scène préférée des 10 premiers Bond de la franchise ? Une seule réponse et une seule scène par participants, svp !).


L’homme au pistolet d’Or se démarque par sa scène de cascade en voiture. Réalisée en une seule prise par un cascadeur n’ayant jamais effectué une telle prouesse et avec l’assistance d’ordinateurs, on ne peut que rester pantois devant tant de maestria. Las, Hamilton n’a rien trouvé de mieux que d’y apporter un bruitage totalement grotesque, mettant à mal le risque qui a été pris. L’écoeurement est alors total. Il aurait été grandement judicieux de laisser une bande son vierge avant de redémarrer aussitôt avec la composition de Barry (aux commandes qui plus est lors de cet épisode).


golden 4Les décors sont assez marquants dans cet opus. Le QG de Scaramanga en tête bien sûr, véritable amalgame (réussi) de tout ce qu’on avait vu avant. Les clins d’œil aux autres opus sont évidents et je ne vous ferais pas la gageure de les énumérer ici sous peine d’être taxé de longueurs interminables et de référencement multiple . Le Queen Elisabeth est de son côté tout aussi remarquable comme QG temporaire du Mi :6. On appréciera les angles particuliers de la caméra pour donner un semblant de normalité à ce décor aux lignes de forces tout en diagonale. Assez déroutant de prime abord, il permet d’apprécier l’énorme machinerie  se trouvant à tout moment derrière 007.


Le seul gros point noir de ce film , car il en faut un, vient de son scénario. Sous prétexte d’une crise économico-énergétique (Bond ayant toujours collé au contexte géo-politique de son époque), le spectateur est embrigadé dans la recherche d’un élément mystérieux, le Sol-X, capable de maîtriser l’énergie solaire. On y croit pas une seconde, d’autant qu’au final, ce « grand héritage » local (les fans des cités d’or apprécieront) est relégué aux oubliettes, disparaissant même complètement des préoccupations finales de Bond (qui pense quand même à le mettre dans sa chemise avant de se carapater sur la jonque avec sa copine du jour).

 

Pour mettre en place un affrontement basique entre le bon et le truand (l’olmec Nick Nack pouvant officier dans le rôle de la brute….), il existait sans doute des moyens moins tarabiscotés. Ce qui laisse une impression générale de vacuité. Que retenir de ce Bond à la fin de la séance ? De jolies filles ? Certes, mais sans cervelle. Un enjeu planétaire ? Possible, mais avec le temps, on l’oublie vite. Des gadgets mémorables ? Je ne vois pas lesquels (ce qui tend à démontrer que l’utilisation outrancière des ces derniers, tant décriée, n’est pas encore de mise). Un bad guy d’exception ? Las, Lee a fait fort.


L’homme au pistolet d’Or aurait pu être un grand Bond. Ce n’est pas pour autant un Bond mineur, à la rigueur un Bond de Transition entre l’horrible Vivre et laisser Mourir et l’excellent Espion qui m’aimait. On appréciera d’autant plus qu’Hamilton passe le relais la fois suivante, car sincèrement, vous imaginez, vous, le sheriff Pepper sauvant le monde en détruisant les trois sous marins de Stromberg ?      

 

 

                      
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