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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 10:00

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Un costume rouge, des décors le plus souvent en ruines, une coupe en brosse caractéristique pour un personnage arborant un visage angélique mais poursuivis par des relents de fin du monde apocalyptique. Ajoutez à cela un surnom approprié de type « le typhon humanoïde » et vous aurez alors peut être une idée de Vash The Stampede....

 

Produite en 1998 par le studio Madhouse à qui l'on doit d'autres trésors de la japanimation tels que Gungrave, Death Note ou bien encore Monster, cette série de 26 épisodes est adaptée de l'œuvre de Yasuhiro Nightow (Gungrave / Samuraï Spirits). Avec un tel passif de créatifs, il était normal que Trigun sorte du lot des nombreuses adaptations de mangas papiers voire mieux, qu'elle intègre la Hall of Fame des grandes réussites du genre, à l'instar d'un Cowboy Bebop ou d'un Death Note.

 

Trigun est donc un bon animé. Mieux même, un animé complexe, avec une histoire en filigrane solide bien que non accessible dans sa première partie. Car contrairement à d'autres séries qui se contentent parfois d'aligner 26 épisodes autour d'un axe (deux dans le meilleur des cas) mineur, entraînant l'ennui là où réduire le tout à 13 épisodes aurait été plus judicieux, comme pour Paranoïa Agent par exemple, Trigun préfère développer son intrigue en prenant son temps, mais toujours en respectant le spectateur. Ainsi, la série peut se diviser en trois temps forts, sans pour autant négliger de petits détails qui trouveront leur justification dans les derniers épisodes.

 

Ce qui frappe d'abord avec Vash, c'est l'univers dans lequel il évolue. La planète sur laquelle se déroule l'action est quasi désertique, parsemée ça et là de micro villes organisées autour de vestiges technologiques censés apporter un peu de fertilité et de confort à l'ensemble. Les constructions restent assez primaires et à une exception près (la megalopolis dans laquelle se situe le siège des assurances Bernadelli) , le tout pourraient s'apparenter aux villages croisés dans de nombreux fils du couple Leone/ Eastwood mâtinés de ceux que parcoururent également Terence Hill dans sa grande époque.

 

Univers de western spaghetti donc avec ses inévitables habitants qui tiennent en majorité des bars ou des restaurants, nonobstant les têtes brûlées qui désirent imposer leur loi. A tout cela, il faut rajouter un moyen rapide de pouvoir se faire de l'argent, qui réside dans les primes, leitmotiv qui va être prédominant dans le premier tiers des épisodes, la tête de Vash ayant été mise à prix pour la coquette somme de 60 000 000 0000 $$. Pour un total aussi astronomique, précisons que le dit personnage est accusé d'avoir entièrement détruit la ville de July à lui seul dans des circonstances assez étranges.

 

Belle introduction pour un anti héros que l'on pourrait croire antipathique , collant tout à fait dans le paysage, d'autant plus qu'il n'est pas formellement identifié et que sa description varie selon les personnes interrogées.

 

Face à cet individu peu fréquentable, il fallait bien opposer des adjuvants aussi improbables que positifs moralement. Et face à un tel désastre ambulant, quoi de plus logique que deux agents d'assurances qui le suivront afin d'une part de mettre à jour toute la paperasse administrative relative aux dégâts occasionnés et d'autre part, tout simplement pour limiter au maximum la casse. La bonne idée reste d'en avoir fait des femmes aussi complémentaires que nécessaires dans ce vaste microcosme dominé par la gente masculine (à part Rem, décédée de surcroît, ce sont les seules figures féminines d'importance de toute la série). Meryl Stryfe et Milly Thompson restent atypiques mais rapidement attachantes tout au long de la série et sont loin d'être sans défense, les armes utilisées par l'une et l'autre étant assez impressionnantes malgré un pacifisme latent. Image bénéfique de ce que l'humanité peut avoir de plus positif, elles ne tueront jamais. Mais tireront beaucoup. C’est donc par l’introduction de ces personnages que la série débute réellement car Vash reste longtemps un fantôme.

 

Meryl passera le premiers tiers de la série à courir après lui, bien que l’ayant en permanence sous le nez. Il est vrai trigun (2)cependant que voir une menace nationale voire planétaire dans un  corps d’adolescent redoutablement maladroit et libidineux pouvait prêter à confusion. Ce qui est agréable dans cette première salve d’épisodes, c’est le côté léger qui occupe la première place. Humour, non sens et situations cocasses sont légions pour notre plus grand plaisir et permettent évidemment de se familiariser avec le typhon humanoïde. Son passé reste trouble, sa destinée également puisqu’il semble voguer sans but de villes en villes et pourtant, l’histoire prend corps autour de lui, tout en nous faisant découvrir ces contrées qui elles aussi pourraient s’apparenter à la planète Terre. C’est la période heureuse de la série où les décisions sont simples, les méchants bien identifiés et où les gentils gagnent toujours à la fin à grand renfort de pirouettes démontrant également la dextérité et la vivacité d’esprit de Vash. Ajoutées aux multiples rapports entretenus avec nos agentes, on ne peut qu’adhérer. Vash reste finalement un enfant dans un corps d’adulte réussissant à appréhender le monde extérieur tout en gardant une façon de voir les choses qui lui reste propre, peut être un peu déclalée, dans un monde de violence. C’est cette fraîcheur, sous des atours diaboliques (le costume rouge y est pour beaucoup) qui retient l’attention et qui pousse à continuer l’aventure. Les histoires s’enchaînent sur un bon rythme et leur résolution est rapide …. Jusqu’à l’arrivée de Légato, et de Nicholas D. Wolfwood.

 

Ces deux personnages vont occuper les pensées de notre héros pendant le tiers suivant de l’animé. Jusqu’à présent, Vash restait la pierre angulaire de Trigun , ne trouvant pas de réel équivalent sur une route qu’il suivait sans but précis. Legato et Wolfwood vont représenter à la fois l’âme noire et l’équivalent de ce que Vash aurait pu être dans d’autres circonstances. Wolfwood tout d’abord. Il possède lui aussi un passé trouble qui recèle une surprise de taille qui bien qu’imprévisible reste somme toute logique et que nous ne dévoilerons pas ici , pour ceux qui voudraient découvrir la série. Arborant les insignes de prêtre, il poursuit lui aussi son chemin qui va être appelé, non sans raison, à croiser celui de Vash. Il croit aussi en une certaine forme de justice et de bonté chez l’être humain mais contrairement à notre diable blond, il n’hésite pas à tuer si cela se révèle nécessaire. C’est un personnage torturé, complexe qui se retrouve en Vash, enviant son innocence et sa volonté infaillible de ne jamais prendre la vie d’un adversaire. Leur humour est similaire et ils vont former un très bonne équipe, capable de résoudre de nombreux problèmes locaux de manière aussi peu conventionnelle que jouissive pour le spectateur. Wolfwood va également pouvoir jouer le rôle de frère pour Vash et pour ses deux compagnes forcées, apportant toujours un point de vue permettant d’approfondir et de relativiser l’action du jour. Mais contrairement à Vash, sa destinée ne lui laissera pas beaucoup d’espoir.

Legato quant à lui écope d’un rôle ingrat, celui de Nemesis provisoire. Lorsqu’il apparaît pour la première fois, il parvient à terroriser Vash par un simple échange de pensée, ce qui laisse entrevoir la nature inhumaine du Typhon, qui s’oppose malgré tout à un sens profond du respect de la vie. Legato est l’antithèse de ce que défend Vash. Pour lui, aucune vie sur cette planète ne mérite d’être défendue ou préservée, l’homme ayant par nature une fâcheuse tendance à pervertir son lieu d’habitation, en en gaspillant les ressources par exemple ou en sacrifiant tout pour des motifs le plus souvent égoïstes. A la tête des Gung-Ho Guns, redoutable organisation de criminels dont l’un des buts apparents est de tuer Vash The Stampede, il n’aura de cesse de pousser notre héros dans ses retranchements moraux et de jouer avec lui en semant inutilement massacres et désillusion. Cette seconde partie de l’animé tranche avec le côté sympathique des premiers épisodes pour offrir un rythme plus soutenu, entrecoupé de nombreux affrontements entre ces hors la loi et Vash. Ces duels sont d’autant plus intéressants quant à la construction psychologique de ce dernier qu’il s’évertue systématiquement à protéger la vie des habitants au détriment de la sienne alors que les Gungh-Ho Guns n’hésitent pas à raser des quartiers entiers voire même une ville à l’image d’Augusta tout en manipulant Vash. Le fait que chaque perso bénéficie de moyens d’attaque propres renforce encore le côté spectaculaire (qui fait parfois penser à Basilisk) tout en permettant à Vash de faire montre d’une redoutable ingéniosité.  

Ce sont ces différentes rencontres qui vont conduire à l’excellent « Rem Saverem » qui nous offre enfin un éclairage nouveau sur les motivations et l’enfance de Vash, et même sur les origines de ce monde. Sans rien révéler de l’intrigue, on peut tout de même rapporter que la population de cette planète descend directement de la Terre. En effet, polluée à un niveau invivable, la Terre n’offrait plus de conditions de vie possible pour les espèces animales et végétales, ce qui a conduit les terriens à s’exiler via une flotte de vaisseau baptisée « Seed » vers une nouvelle destination. Ce sont d’ailleurs ces starships qui sont à l’origine de la technologie « ancienne » croisée ça et là et qui paraît inaccessible , bien que Vash sache parfaitement la maîtriser, et pour cause, puisqu’il vient lui aussi de ces équipages et arpente la planète depuis plus de 130 ans !

Plus extraordinaire encore, il a un frère jumeau , mais qui ne partage pas tout à fait ses vues quant à la nécessité de préserver la vie. Ils sont même carrément antinomiques.  Autant Vash est fondamentalement bon, autant Knives (le nom est en soi tout un programme) ne vit que pour la destruction, n’hésitant pas à sacrifier ses propres hommes de mains (les Gung-Ho Guns) pour atteindre son objectif. Vash et Knives sont donc les deux visages de ce que pourrait être l’humanité dans ce qu’elle a de plus noble et de plus refoulée. Legato devient alors secondaire jusqu’à un dénouement attendu qui va détruire Vash psychologiquement.

Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher le « season final » magnifique (Beneath The Sky So Blue).

 

trigun (1)L’animation de la série est assez réussie, le chara design étant travaillé et reconnaissable pour chacun que ce soit Vash , Legato ou Wolwood. Les scènes d’action sont légion et bénéficient d’une très bonne fluidité dans leur découpage. Malgré certaines actions spectaculaires, on ne se perd jamais réellement. On regrettera peut être des décors peu fouillés et assez simples, voire répétitifs et une OST un peu quelconque à deux ou trois titres près (rien à voir avec la richesse d’un Bebop).

Mis à part ce seul reproche, Trigun est donc une série nerveuse, riche de personnages fouillés auxquels on a facilement tendance à s’attacher, prenant le temps de développer ses idées sans pour autant perdre le spectateur. Les cinq figures principales de l’animé sont complémentaires tout en se réservant des parts d’intimité assez surprenante à l’instar de la relation Nicholas / Milly ou Vash / Meryl qui ne surprennent guère tant on espère qu’elle iront à leur terme. Les leitmotivs de la partie sombre de Trigun sont également bien réussis et parviennent à s’éloigner d’un manichéisme de base qui aurait desservi l’ensemble. Au-delà de son fil rouge principal, il est également bon de souligner que la série aborde en filigrane de nombreux sujets de société qui restent encore d’actualité comme l’écologie, l’alcoolisme, la responsabilité parentale (thème casse gueule mais dont l’approche est pourtant répétée, avec une certaine finesse puisque usant de ficelles non moralisatrice à outrance) ou bien encore la corruption politico –économique. 

Pour peu qu’on parvienne à passer le cap des deux premiers épisodes d’exposition, on ne pourra qu’apprécier le spectacle jusqu’à son dénouement étonnant quand à l’origine véritable de notre héros pour ensuite repenser à Vash avec autant d’affection qu’à un Spike Spiegel ….  

Ressortie récemment dans un coffret regroupant l’intégrale de la série en 6 dvd pour un prix abordable, il serait dommage de passer à côté.

 

 

 

Trigun(1998)

Shônen - Studio Madhouse

Tv Tokyo - Edité en France par Déclic Image

26 épisodes

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