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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 11:45

Il faut bien reconnaître, entre nous, que lorsque l’on prononce les mots « CINEMA » et « RING » devant un être normalement constitué, il ressort généralement trois métrages de références. Les plus âges penseront avec un bonheur certain à Raging Bull avec un hallucinant De Niro. Film classieux s’il en est sur l’ascension et la chute d’un boxeur de légende. Du moins cette dernière en est ressortie grandie après la projection sur grand écran, immortalisant en nous une époque révolue du noble art qui gardera à jamais une douce odeur surannée. Les plus jeunes se pencheront peut être vers Million Dollar Baby, mise en image par un Eastwood bénie par une Mnémosyne fidèle et laissant un arrière goût de sel au fond de la gorge. Le point commun et la force finalement de ces deux récits flamboyant réside dans une conception de la vie particulière qui utilise la boxe uniquement comme un support pour nous déballer deux destins (réels ou non, cela n’a guère d’importance aujourd’hui) et non pas comme un ressort dramatique à part entière. Le ring n’est alors qu’une allégorie de la vie où les succès se lient aux échecs dans une violence presque iconographique.

Néanmoins, sans se mentir et quelque soit la génération concernée (vu que la saga s’étende sur près de trente ans, il serait dur de faire autrement) , l’image qui nous frappera tous restera celle de Rocky Balboa luttant avec acharnement pour démontrer que sa vie à lui aussi mérite simplement d’être vécue et que personne au grand jamais ne peut dire de quelqu’un qu’il n’est rien. Tout un chacun a droit a sa chance, le tout c’est d’avoir la rage de la saisir et de prendre son destin en main. Les coups de Creed succèderont à ceux de Mister T ou de Dolph Lungren dans l’imaginaire collectif, la succès story de l’Etalon Italien devenant même un motif de propagande de paix à l’américaine un peu sommaire mais finalement sincère.

Tout cela pour toucher un mot de sujets connus de tous. Mais les films de boxe ou de ring ne peuvent se résumer à ces trois parangons du genre, la boxe ne pouvant se synthétiser par une salle de Las Vegas comportant deux lutteurs s’affrontant de manière chiche ou brutale devant un public composé en grande partie de gente masculine vivant à travers les coups donnés un exutoire à leurs propre frustrations testostéronées ou par un simple ring avec cordes et arbitre rayés de noir et blancs. Sur ce dossier, des centaines et des centaines d’exemples variants (ou déviants) au choix auraient pu être proposés , du space Super Nacho au plan séquence anthologique de Snake Eyes en passant par la série des Bloodsport et pourquoi pas dans une moindre mesure par les Street Fighter et autre Mortal Kombat ….

Car ce sport , bien qu’ayant permis l’émergence de ce qui sera qualifié (quand ce n’est déjà le cas) de chefs d’œuvres ou de pelloches cultes à également contribué à toute une production de séries B pas piquées des hannetons , sans compter les adaptations particulières dans le monde de l’animation (US, européenne et bien évidemment japonaise).

 

Mes scènes de ring reprendront donc la séquence finale d’Un seul deviendra Invincible mais s’attarderont aussi sur Naruto et Dragon Ball, mes estimés comparses ayant déjà pris soin de s’attarder sur d’autres extraits fameux.

 

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Un seul deviendra Invincible est un film au pitch assez basique : un champion du monde toutes catégories de boxe, Ving Rhames a dérapé avec une histoire secondaire de viol (tant sa place est minimaliste dans le scénario, il aurait tout aussi bien pu braquer une banque, cela aurait été du pareil au même) et est emprisonné dans un pénitentiaire qui comme par hasard organise deux fois par an une rencontre  de boxe entre pénitentiaires. Dans la dite prison se trouve Wesley Snipes , champion invaincu depuis dix ans.

 

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Tout le film n’est que prétexte à mener le spectateur à l’affrontement final qui reste lui aussi assez basique, bien que convenablement tourné par Walter Hill. Le premier prend l’avantage sur le second qui finit par trouver un second souffle jusqu’à un final assez prévisible. Néanmoins, l’intérêt de ce film et de sa scène de ring finale réside surtout dans les enjeux portés par les deux très bons acteurs. Au-delà de la victoire d’un moment, ce sont tous les deux leurs vies qu’ils mettent en jeu. Leur carrière sportive certes, mais surtout leurs motivations profondes. L’un est un champion incontesté sûr de lui, arrogant et n’ayant pas compris les conséquences de ses actes. L’autre est un champion oublié qui a eu le temps de méditer sur sa seule et unique erreur (il a tué l’amant de sa copine à coups de poings….) et arborant une philosophie particulière de la vie. Chaque coup échangé lors de ce combat demeure en fait l’affrontement de ces deux philosophies. Le résultat final, loin de laisser dubitatif permettra au spectateur de réfléchir un moment sur ce qu’est vraiment l’ « invincibilité », car en fait , qu’est ce qui compte vraiment ? 

 

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Le fait d’être universellement reconnu en tant que champion incontesté suite à de nombreux combats où seul le côté superficiel a de l’importance ou bien une victoire intimiste à un moment charnière de sa vie qui permet d’être en paix (enfin) avec soi-même, malgré une victoire qui aurait été reniée par tous un monde ? Faussement manichéen, ce duel au poing reste majeur dans sa manière de présenter la boxe qui n’est après tout qu’une remise en question permanente de soi, bien plus que dans tout autre sport, car ici, la moindre faiblesse se paye très chère, tant au niveau physique que psychologique. Un très bon moment donc, qui loin d’être un écho lointain de certains matchs à la Rocky en est en fait le parfait complément, celui de l’ombre.

  

Plus fun et moins métaphysique, j’aimerais aborder deux autres perles du genre. La première reste le manga Dragon Ball. Bien que ce soit surtout sa suite qui reste multi diffusée, la partie Zeta s’entend, il n’en demeure pas moins que San Goku a été un jeunot et pas seulement dans le dernier acte, the Grand Travel (GT).

 

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Avant de devenir un fourre tout intergalactique restant remarquablement cohérent, l’auteur rédigeant son œuvre au fur et à mesure, sans véritable plan, Dragon Ball a été avant tout un shonen parmi d’autre mettant en avant un garçon qui parviendra à maturité en traversant son lot d’épreuves et de rites initiatiques. Mais la plus grande innovation de Dragon Ball reste son aspect Budokaï, véritable articulation de la série permettant d’amener des personnages aussi fort que Piccolo Jr ou bien encore Ten Shin Han. Même DBZ reprendra ce canevas, que ce soit avec la mise en place des Malduchi et d’un Vegeta possédé  ou bien encore à travers le tournoi de l’autre monde et autre Cell Game. Mais ma préférence va néanmoins au tout premier de ces tournois, avec une affection particulière pour la finale opposant Goku à Tortue Géniale aka Jackie Choun. En une poignée d’épisodes, tout ce qu’il est humainement possible de faire faire à deux maîtres d’arts martiaux est abordé de manière comique (la technique de Drunken Master) ou dramatique (la métamorphose de Goku en Singe Géant pour la première fois, visuellement parlant, en public et qui paradoxalement ne posera pas de problème dans la suite des aventures de Goku and co , un enfant se transformant en singe étant perçu comme quelque chose de tout à fait normal par la populace locale !!). La force profonde ce match reste la puissance égale des deux adversaires qui vont rivaliser d’ingéniosité pour tenter de remporter l’avantage. Choun emploie une technique, Goku la copie aussitôt. Choun a recours a des subterfuges qu’un enfant de 10 ans ne peut connaître, Goku recours à la ruse tout en tournant son opposant en ridicule. Les coups pleuvent, les réparties fusent (la VO est irrésistible sur ce point) et lorsque tout semble perdu , un Kaméhaméha commun ne parvient pas à départager grand monde.

 

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Plus fort encore, le tout se prolonge jusqu’au soir et le retournement de situation précité entraîne la destruction partielle du ring et de la Lune accessoirement.  Dantesque, complètement fou (nous sommes dans les années 80 et tout ceci reste assez nouveau , au même titre que les affrontements multiples et variés de la périodes Gold Saint chez Saint Seiya, la meilleure à tout point de vue) et avec un final logique bien qu’imprévisible, Goku se battant même complètement nu, on ressort épuisé mais heureux d’une telle débauche d’idées qui seront encore magnifiées lors du tournoi suivant entre Goku et Ten Shin Han , l’innocence en moins , l’efficacité et l’expérience en plus. Un souvenir impérissable de scène de ring , assurément … qui trouvera sa relève avec le phénomène manga suivant, Naruto.

 

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Je ne ferais pas la gageure de présenter le bondissant blondinet à la vocation hockagienne aussi fortement implantée qu’un sapin dans un salon une veille de Noël, d’autant plus que ce n’est pas forcément lui qui m’intéresse, bien qu’à la réflexion, la première apparition maîtrisée de Kyuubi suite à la mort présumée de Sasuke aurait sa place ici. Après la démonstration de savoir faire de Dragon Ball, il aurait été difficile de reprendre le principe des tournois dans ce shonen. Qu’à cela ne tienne, le scénario est suffisamment solide dans les 150 premiers épisodes pour s’affranchir de cette limite afin de proposer des affrontements qui non seulement seront spectaculaires mais qui de plus se justifieront.  Evidemment, de tous ceux proposés, certains auraient bien vu l’affrontement entre l’Hockage et Orochimaru, ou bien celui entre Naruto et Neji et pourquoi pas celui permettant Kakashi de montrer pour la première toute la puissance de son Sharingan. Il est vrai que tous ces « matchs » d’adversaires à la puissance équivalente sont jubilatoires, mais restent néanmoins de simples combats.

 

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C’est pourquoi je clôturerais ma prose par la rencontre Gaara / Rock Lee. Sur le papier, on se retrouve avec d’un côté un personnage sans pitié, à la technique sableuse redoutable et aux techniques de combats uniques et maîtrisées à base de défense, d’attaque et de Chakra. Le must étant qu’il n’ait même pas besoin de se déplacer pour toucher son adversaire, le sable le faisant à sa place. De l’autre côté du tatami, on a l’inénarrable Rock Lee, drôle de gus au chara design un peu cheap mais bénéficiant d’un capital sympathie immense dès sa première apparition. Evidemment, ce dernier ne maîtrise pas les techniques ayant recours au chackra et ne peut se défendre qu’en combat rapproché. Autant dire que la balance pèse plus d’un côté que de l’autre.

 

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Reste qu’il faut tout de même garder à l’esprit qu’il s’agit d’un shonen et que Naruto bien que principal protagoniste n’est pas le seul a devoir faire ses preuves. Ce combat reste dans un premier temps un échauffement permettant de pouvoir enfin cerner convenablement les deux antagonistes pour ensuite attaquer une partie où le spectateur va être agréablement surpris par les résultats de l’entraînement de Lee qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler celui d’un certain Tortue Géniale. Commence alors le véritable match, où le plus fort cède du terrain sur celui qui était à priori le plus faible, le tout avant de reprendre l’avantage. Momentanément. Car par un retour de situation imprévisible et extraordinaire, le tout magnifié par un background musical euphorisant, c’est la forêt complète que va dévoiler ce qui n’était en apparence qu’un simple arbuste. Le ton change, le rythme devient effréné, les révélations sont lâchées avec une célérité insatiable par tous les héros du show et on retrouve un état d’excitation et de curiosité triomphante qui n’avait plus été éprouvée depuis la première vision de Star Wars IV, V et VI. Tout concorde ici à dépasser la condition première d’un simple constat de perdant et de vainqueur tant les enjeux deviennent brutalement vitaux pour Lee qui n’hésite pas à sacrifier son physique pour que son Nindo triomphe aux yeux de tous. Mieux encore, face à son nemesis intime de toujours, Neji, il dévoile ses secrets pour pouvoir imposer cette façon particulière de voir les choses, avec l’approbation de son mentor (alors que celui-ci doit affronter de son côté le jugement hâtif de Kakashi) . Le final est à la fois assez triste émotionnellement  pour les investissements de Lee qui paiera le tout au prix fort mais aussi extrêmement puissant pour tous ceux qui au-delà de ces quelques épisodes ont suivi l’aventure depuis le début. On en ressort aussi mélancolique qu’extatique et c’est là un aspect indéniable de ces quelques minutes qui donnent toutes leurs saveurs à cette chronique de ring.

 

 

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